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Saint-Lô en 1830 | ||||||||||||
Mais bientôt Saint-Lô et sa forteresse attira les convoitises des partisans de la Réforme, qui, au XVIe siècle, provoquèrent dans toute la Chrétienté une révolution religieuse, qui sépara de l'église romaine une grande partie de l'Europe. La lutte entre les partis fut tellement ardente à Saint-Lo, que, dans l'intervalle d'une quinzaine d'années, on vit le château, qui en était l'enjeu, passer tour à tour cinq ou six fois aux mains de chacun des adversaires. Loin de la surveillance des évêques de Coutances, auxquels depuis les origines de la féodalité appartenait la seigneurie temporelle de la cité, beaucoup de ses habitants s'étaient laissé séduire par les doctrines de Luther et de Calvin.
Encouragés par les succès d'un ancien religieux apostat, nommé Soler, ils établirent des prêches publics à Saint-Lô.
Dès 1560, les protestants se trouvèrent même assez forts pour se saisir ouvertement du château et s'y établir. Au mois de mai de cette année, ils mirent à feu et à sac les églises de cette ville, ainsi que les maisons de leurs principaux adversaires. Partout ils brûlèrent les images, brisèrent les croix, dérobèrent l'argenterie du culte, profanèrent les vases sacrés et les incendièrent. Ils allèrent jusqu'à incendier une bibliothèque précieuse formée par l'évêque Boucart. Aucune résistance des catholiques ne leur fut opposée.
Également ils travaillèrent avec ardeur à restaurer les fortifications de la citadelle-le, dans le but ostensible d'en faire l'un des boulevards du protestantisme dans le Cotentin et même dans toute la Normandie. Au surplus, ils se sentaient puissamment encouragés par l'amiral De Coligny, sur lequel la reine Catherine de Médicis se reposait, d'un autre côté, du soin d'apaiser les troubles de la Province.
Dès que Montgomery eut connaissance de ces désordres, il se hâta d'accourir à Saint-Lô et de s'y fortifier dans le château, avec le projet de se rendre bientôt maître du Cotentin tout entier. Mais Matignon, l'un des chefs catholiques normands, se mit, peu de semaines après, en devoir de recouvrer la forteresse, avec l'aide du duc d'Etampes, accouru à la tète d'une armée venue de Bretagne.
Montgommery voyant que les forces dont il disposait étaient insuffisantes pour résister préféra se retirer, se réservant pour une occasion meilleure, plutôt que d'affronter un siège dont il prévoyait l'issue fatale. Ceci se passait vers la fin de l'année 1561. A peine une année plus tard, les protestants rentraient dans la place, toujours sous l'égide de Montgommery (1563). Puis deux édits de pacification replacèrent successivement Saint-Lô et son château sous l'obéissance du Roi (1563-1574). | ||||||||||||