SAINT-LÔ
  CC 44.10 SAINT-LÔ AGGLO
   
  PREHISTOIRE - AVANT LA CONQUETE ROMAINE
         
 

Saint-Lô La Poterne, CPA Collection LPM 1900

 
         
 

Extraits de Neustria Pia concernant la ville de Saint-Lô

 

Saint-Lô, préhistoire

La découverte en 1878 d'une structure en pierres juxtaposées à sec fait penser à un cairn funéraire, caractéristique de la période du néolithique moyen II en Basse-Normandie (vers 4000 avant notre ère).

Saint-Lô avant la conquête romaine

Saint-Lô n'a guère livré de vestiges de son passé antique. Pourtant, de par sa position géographique, le site a du être occupé assez tôt. Plusieurs éléments militent en faveur de cette hypothèse.

La ville de Saint-Lô s'est développée autour de deux pôles attestés historiquement, le pont franchissant la Vire et la voie gallo-romaine reliant Bayeux à Coutances. On sait que la plupart des voies dites gallo-romaines sont en réalité des axes de communication déjà établis par les Gaulois. Le nom antique de Saint-Lô Briovera, étant formé du gaulois briva, pont, et du prélatin vera, élément faisant référence à l'eau, on peut légitimement en déduire que cette voie existait préalablement à la conquête de la Gaule par Jules César. Ce point de passage permettant d'aller de Bayeux à Coutances (villes toutes deux mentionnées dans les sources antiques, à la différence de Saint-Lô) a longtemps été le seul moyen de rejoindre le nord du département. En effet, la mer remontait si loin dans les terres que le Cotentin se transformait régulièrement en île, ce qui contraignait les voyageurs désireux de se rendre dans le nord du département soit à passer par Saint-Lô soit à emprunter les difficiles passages des Grand et Petit Veys, situés dans la baie du même nom. Si l'on admet cette première hypothèse faisant de Briovère le dernier point de passage permetttant de franchir la Vire à pieds secs avant Isigny, on peut y admettre une occupation humaine. De plus, le site en lui-même s'y prête admirablement.

L'éperon rocheux dominant la Vire et le pont qui l'enjambait, a pu accueillir une fortification permettant le contrôle de ce double point de passage. Car si le pont facilite les échanges est-ouest, la Vire, à la fois axe de communication et voie fluviale permet pour sa part les échanges nord-sud. On peut raisonnablement penser que les Gaulois occupant ce site, qu'ils soient Unelles ou Baiocasses, aient songé sinon à le fortifier du moins à l'occuper significativement.

Un lieu de passage contrôlant l'accès au nord du département, c'est déjà en soi-même une raison suffisante pour occuper ce site. Une autre serait que ce site se situe aux frontières de deux tribus gauloises, les Baiocasses et les Unelles. On connaît le caractère querelleur des Gaulois, on peut également penser que les détenteurs de cette portion de territoire l'aient au moins fortifier, même légèrement. Une question se pose toutefois, à quelle tribu faut-il attribuer le territoire actuel de Saint-Lô ?

Au second siècle de notre ère, les tribus gauloises sont maintenant des civitates romaines, le territoire de la tribu dépendait d'un chef-lieu. Pour notre département nous aurions ainsi Avranches pour les Abrincates et Coutances/Valognes pour les Unelles. Dans l'état actuel des recherches il semble admis que ces deux dernières aient pu jouer ce rôle alternativement. En tout état de cause au V siècle, la Notitia Galliarum évoque deux cités pour la Manche, Avranches et Coutances. La plupart du temps les hommes de l'époque se servaient d'éléments naturels pour délimiter tel ou tel endroit, frontière ... Il semble que la Vire ait joué ce rôle (la toponymie paraît l'attester par la présence du toponyme Yvrandes, com. de Saint-Ebremond de Bonfossé, issu du gaulois equoranda, limite d'eau), dans ce cas et au vue des éléments dont nous disposons, il paraît probable que le territoire de Saint-Lô, situé sur la rive droite de la Vire ait appartenu aux Baiocasses puisque jusqu'à l'épiscopat de Laud, il dépendait de la cité de Bayeux. C'est justement cet évêque qui procéda à l'intégration de ce "domaine" au diocèse de Coutances par le biais d'un échange avec l'évêque de Bayeux (Exemption de Sainte-Mère-Église).

Pour synthétiser, le territoire situé sur la rive droite de la Vire aurait appartenu aux Baiocasses, et ceux-ci auraient pu fortifier le site afin de protéger ce point de passage favorisant les communications. Ainsi cet oppidum aurait pu servir de point de contrôle et de frontière. Du reste, certains historiens pensent qu'il n'est pas exclu que les deux rives d'une même rive aient pu être aux mains d'une même tribu