AGNEAUX
  CC 44.01 SAINT-LÔ AGGLO
   
  Julien Le Paulmier de Grantemesnil
         
 

Julien Le Paulmier,

docteur régent de la Faculté

de médecine de Paris,

médecin du roi Henri III et de François,

duc d’Anjou, Paris,

Mémoires de la Société de l’histoire

de Paris et de l’Île-de France, t. xxi, 1894

 

Julien Le Paulmier de Grantemesnil, né en 1520, à Agneaux, près de Saint-Lô et mort en décembre 1588 à Caen, est un médecin français.


Origine

 

Médecin protestant, originaire du Cotentin, né d’une ancienne famille, il fit des études de médecine à Paris où, écrit Huet, il « demeura onze ans avec Fernel et profita si bien sous son savant maître qu’il fut estimé un des plus savants médecins de son siècle » et, après avoir reçu son doctorat, il commença à pratiquer son art. Sa carrière fut troublée par les guerres de religion.


 
 
 

Protestantisme

 

Pendant les guerres civiles qui désolèrent la France, il se retira dans une campagne près de Rouen et, comme il le dit lui-même, « afin de ne pas perdre de temps », il s’occupa de rédiger les observations médicales qu’il avait recueillies. Sa réputation toujours croissante le fit appeler près, de Charles IX, que tourmentaient des insomnies continuelles et il eut le bonheur de le guérir. Il fut attaché ensuite au duc d'Anjou, qu’il accompagna dans les Pays-Bas. L’entreprise de ce prince sur Anvers ayant été suivie de l’expulsion des Français, Paulmier revint en Normandie. Moréri précise qu’il aurait également suivi le maréchal de Matignon à plusieurs sièges et qu’au retour Henri III le combla de présents et de titres.

 

Fleuron de la France protestante, on rapporte que devenu hypocondriaque à la suite du massacre de la Saint-Barthélemy , où il avait vu périr un grand nombre de ses amis, il se retira en Normandie près de Rouen et dut principalement au cidre sa tardive guérison.

 

Les frères Haag rapportent une anecdote qui prouve qu’il eut des relations amicales avec Montaigne. Il signait ses livres latins Palmerius et en 1588, il publia le premier traité complet sur le cidre, dans lequel il met cette boisson au-dessus du vin. Il a aussi laissé un traité sur les blessures de guerre et un important ouvrage sur les maladies contagieuses.

 

Le cidre

 

Persuadé, dit E. Haag, qu’« il était guéri par l’usage du cidre de palpitations du cœur qui lui étaient restées à la suite des journées de la Saint-Barthélemy où il avait vu périr plusieurs de ses amis et où il avait couru lui-même de grands dangers, il écrivit un traité sur le cidre pour préconiser cette boisson, que selon lui, on devait préférer au vin ». Après diverses considérations historiques et médicales, il s’attarde dans ce traité sur les différents vins de l’époque en donnant leurs vertus : les vins de l’Île-de-France, vins de Château-Thierry, vins d’Orléans, vins de Bordeaux, vins de Montmartre et vins d’Argenteuil, vins de Bourgogne et vins d’Anjou.

 

Paulmier avait épousé Marguerite de Chaumont, femme de mérite, à qui Montaigne adressa un exemplaire de ses Essais, par une lettre qu’on a conservée. Il en eut plusieurs enfants dont le plus jeune, Jacques Le Paulmier, s’est distingué par son érudition.

 

Médecine

 

Dans le dernier chapitre du troisième livre sur les luxations, Apologie touchant les playes faites par harquebuzes, Ambroise Paré apporte une réponse aux critiques formulées par Julien Le Paulmier sur l’emploi des suppuratifs dans le traitement des plaies défendu par Paré. Ce dernier finit par inviter son contradicteur à « corriger son livre le plustost qu’il pourra, pour ne retenir plus longuement les ieunes Chirurgiens en l’erreur, dont ils pourroyent avoir ete imbus par la lecture d’iceluy : car les plus courtes folies sont les meilleures. »

 

Ouvrages

 

Traité de la nature et curation des plaies de pistolle, arquebuse et autres basions à feu ; Paris, in-8° ; Caen, même année, in-4°[1]

 

De Morbis Contagiosis libri septem. Paris, Denys du Val, 1578, in-4°[2]

 

De vino et Pomaceo Libri Duo. 1588, in-8°. Édition en latin du traité du vin et du cidre. Ce traité, copié par la Framboisière, a été également traduit en français Traité du vin et du cidre. Paris, Guillelmum Auvray, 1588, Pierre Le Chandelier, Caen, 1589, in-8°[3]

 

Traité du vin et du sidre (De vino et pomaco). Traduit en français par Jacques de Cahaignes. Réimprimé avec une introduction par Émile Travers. Rouen et Caen, H. Lestringant et P. Massif, 1896[4]

 

Le premier traité du sidre 1589. Introduction de Michel Reulos, Préface d’Henri-Louis Védie. Fac-similé de l’édition originale de 1589. 2003[5]

 
         
 
 

    [1] Dans l’épître dédicatoire à J. de Matignon : Modèle:Citation2 Cet opuscule est très rare. Eloy dit que l’auteur y suit l’opinion de son siècle, et déclare que la brûlure est le principal symptôme qu’il faut combattre (Dictionn. de médecine, t. 3, p. 501), mais c’est précisément le contraire, car Paulmier emploie tout le premier chapitre à prouver qu’il n’y a point de brûlure dans les plaies des armes à feu ; il recommande de s’attacher surtout à les nettoyer, et indique plusieurs remèdes dont il avait éprouvé les bons effets

  

     [2] Les deux premiers livres traitent de la maladie vénérienne ; le troisième du mercure ; le quatrième de l’éléphantiasis ; le cinquieme de l’hydrophobie ; et les deux derniers de la peste. On y trouve, dit Astruc, beaucoup d’excellentes observations sur l’origine et la nature de la maladie vénérienne, et sur les différentes méthodes curatives employées de son temps. S’il ne donne, pas la préférence au mercure sur tous les autres remèdes, c’est par attachement pour Fernel, son maître, qui en proscrivait l’usage (voir : De morbis venereis, p. 779). Cet ouvrage a été traduit en français par Jacques de Cahaignes

  

     [3] C’est le plus ancien ouvrage qui ait été publié sur le cidre ; et sans admettre toutes les vertus merveilleuses que Paulmier lui attribue par reconnaissance pour les heureux effets qu’il en avait ressentis, on doit convenir que ce curieux opuscule renferme des faits utiles (voir la Bibliothèque agronomique, n° 420). Jacques de Cahagnes, traducteur du traité était un de ses élèves. Les éditions originales latine et française parurent respectivement en 1588 et 1589. Le traité sur le vin s’arrête au feuillet 27, celui du cidre reprend au feuillet 33. Entre les deux se trouve une Apologie du translateur, contre l’usage du vin et du sidre sans eau

 

    [4] Réimpression du « premier traité complet sur le vin » publié pour la Société des bibliophiles normands

 

    [5] La dernière partie du livre traite de la pomologie au XVIe siècle et du Musée du cidre de Valognes, assortie d’un glossaire. Éditions des champs à Bricquebosq