VALOGNES  
  CC 42.09 CA DU COTENTIN  
     
  EGLISE NOTRE-DAME d' ALLEAUME
 
         
 

Eglise Notre-Dame d'Alleaume Collection LPM CPA

 
         
 

L'ancienne paroisse d'Alleaume doit son nom à la cité antique d'Alauna, dont elle occupe le site.

 

L’église Notre-Dame d’Alleaume a été construite sur un site dont ont été dégagés les vestiges de la ville gallo-romaine d'Alauna.

 

Quelques notes sur Valognes

par Abbé J.L. Adam 1905

 

Eglise Notre-Dame d'Alleaume. — L'église Notre-Dame d'Alleaume (XIe, XVe et XVIIIe siècle) est cruciforme elle se compose du choeur, d'une nef et de deux chapelles formant transept. Une petite nef latérale a été ajoutée le long du choeur, vers le côté nord : c'est l'ancienne chapelle des cloches, devenue chapelle de Notre-Dame de la Victoire depuis 1828. Cette église a subi des retouches successives. Sa fondation remonte au XIe ou XIIe siècle, si l'on en juge par quelques restes d'architecture romane qu'elle offre encore aujourd'hui. Ainsi le mur méridional du choeur est percé d'une porte romane dont le cintre est couvert d'un double zigzag, et dont la retombée se fait sur des colonnes. Dans le mur sud de la nef s'ouvre aussi une porte romane dont un zigzag, qui ornait le cintre, est en partie détruit ; mais les colonnes qui le recevaient existent encore. On remarque aux murs des modillons romans à figure.

 

M. Dumoncel fait remonter au XIe siècle le curieux bas-relief qui a été placé accidentelle-ment à l'extérieur de l'église, au-dessus d'une porte murée contre la croisée du Sud-Est. Cette pierre offre en relief deux hommes drapés, assis dans des fauteuils. L'un d'eux est saint Pierre tenant deux clefs ; l'autre saint Jean l'évangéliste, avec une colombe perchée sur son siège ; un agneau portant une croix est aussi grossièrement figuré en relief et représente Jésus, l'agneau de Dieu, qui est né, comme naissent les petits agneaux, dans une étable, sur de la paille, et qui a effacé les péchés des hommes en mourant pour eux sur la croix. La clef de la voûte de cette partie de la croisée est décorée d'un agneau à peu près semblable.

 

La tour, placée au Nord, à l'extérieur, est adossée au choeur et se termine par un toit en bâtière. Comme la sacristie, le portail et presque toute la nef, elle est, d'après M. de Ger-ville, du XVIIIe siècle. La voûte en pierre du premier étage est soutenue par des arceaux croisés.

 
         
 

Les voûtes du choeur, de la nef et des deux chapelles sont en pierre et ont dû être refaites dans le XVe siècle.

 

Dans la chapelle du transept nord, les arceaux à nervuprismatiques de la voûte sont suppor-tés par des culs-de-lampe sculptés, qui doivent remonter à la période romane ; ils représentent l'ange, le boeuf, le lion et l'aigle, qui symbolisent les quatre évangélistes.

 

Les fenêtres bi-parties, à meneau fourché, du choeur et d'une partie de la croisée ou tran-sept, sont du XIIIe siècle.

 

 

Eglise Notre-Dame d'Alleaume

Relief en remploi, croisillon sud

 
         
 

Le maître-autel, que nous avons essayé de reproduire, mérite de fixer l'attention du visiteur. Il est de forme ovale ; on voit sur la cuve de cet autel un gracieux bas-relief en bois, imité du tableau de l'Albane, conservé à Florence, aux Uffizi, et représentant l'Enfant Jésus couché sur la croix.

 

Les statues monumentales qui ornent le rétable sont assez remarquables : celle de saint Joseph et surtout celle de sainte Marie-Madeleine, qui a été transportée depuis peu dans la chapelle de Notre-Dame des Sept Douleurs, dans le transept sud, méritent une mention spéciale ; elles sont en kaolin des Pieux, lavé et moulé aux Cordeliers de Valognes, par Moreau, en 1806.

 

L'ancienne chapelle des Cloches, située à gauche du sanctuaire, possède depuis le com-mencement du XIXe siècle la statue miraculeuse de Notre-Dame de la Victoire, vénérée de temps immémorial, avant la Révolution, dans la chapelle du Castelley, au hameau de la Victoire, à un kilomètre de l'église paroissiale. Le regretté Siméon Luce, de l'Institut, nous écrivait, le 4 novembre 1891, au sujet de cette statue : « Elle m'apparaît comme un des plus précieux monuments de la sculpture normande au Moyen-Age. La vierge d'Alleaume n'est pas autre chose que la femme normande, la femme du Cotentin et du Val-de-Saire idéalisée... Le jour où une oeuvre de cette valeur sera connue des critiques d'art, la vierge de Notre-Dame de la Victoire, que j'aime mieux appeler la vierge normande, deviendra aussi célèbre que les vierges d'Ombrie immortalisées par le Pérugin, que les vierges du Transtévère divinisées par le pinceau de Raphaël ».

     

L'église Notre-Dame d'Alleaume dépendait de l'archidia-coné du Cotentin et du doyenné de Valognes. Avant 1722, elle avait le Roi pour patron ; mais le comte de Toulouse, devenu, vers cette époque, engagiste du domaine du Cotentin, eut le patronage de l'église d'Alleaume et nomma à la cure qui valait alors 2.000 livres. De Hesseln (p. 448) dit que « le clergé des deux paroisses montoit, en 1741, à plus de cent ecclésiasti-ques ».

 

Aujourd'hui la population de la paroisse Notre-Dame d'Alleaume est de 1.125 habitants.

 

Roissy, en 1598, trouva noble à Alleaume une famille de la Haie. En 1666, Chamillart inscrivit parmi les an-ciens nobles, dans cette paroisse, Tanneguy de Fortes-cu, sieur du Taillis (famille très répandue en Angleterre, dans le Devonshire, — voir Burke's Peerage, p. 486 et passim) ; Robert Le Fort accompagnait Guillaume le Conquérant, qu'il préserva de la mort à Hastings en le protégeant avec un grand bouclier ou écu : de là son nom de Fortescu et sa devise Forte scutum salus ducum ;au nombre des annoblis, Thomas Virey, sieur du Gravier, dont l'aïeul avait été annobli en 1582, et Georges Julien, sieur d'Arpentigny, dont le père avait obtenu la noblesse en 1597.

 

Statue de Notre Dame de la Victoire