VALOGNES
  CC 49.09 COEUR DU COTENTIN
   
  L'hôtel DE CHANTORE  9, rue des Capucins
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

closducotentin.over-blog.fr


L'histoire de l'hôtel de Chantore illustre, par sa complexité et l'enchevêtrement des transactions diverses qui ont présidé à sa construction, un phénomène représentatif de la constitution de certaines demeures valognaises du XVIIIe siècle.

 

L'assise foncière de la propriété est formée entre mai et septembre1701 par Bertin-Claude Jobard, prêtre, sieur des Valettes, qui réunit alors une "vieille masure" ainsi que plusieurs maisons achetées à deux propriétaires distincts.

 

 

Hôtel de Chantore, Façade sur rue

 
     
 

En 1705, ce dernier revend l'ensemble à Marie Suzanne de Gouberville, qui en fait bénéficier son héritière, Françoise de Gouberville, épouse de Nicolas Le Danois. S'étant séparée d'avec son mari, Françoise de Gouberville vend à nouveau la propriété, le 16 février 1719, à Madeleine Plessard, qui effectue l'achat au profit de son neveu et héritier, Jean-François Osber, seigneur d'Agneaux. Les archives notariales précisent alors que la construction, entreprise par Nicolas Le Danois, ayant longtemps été laissée inachevée était entièrement à reprendre. Le nouvel acquéreur, Jean-François Osber, tenta de poursuivre les travaux, qu'il mena jusqu'à la charpente, avant de céder l'édifice, le 26 avril 1728, à Anne Durevie, veuve du seigneur de Beaudrap, "pour être icelle maison achevée de bâtir et construire".

 

L'hôtel était en possession de François-Eliodore de Beaudrap, fils d'Anne Durevie, lors de son décés survenu le 19 septembre 1763. La propriété passe ensuite en héritage à Angélique-Françoise de Beaudrap, dite Mademoiselle d'Ouessey.

 

Le 18 brumaire an 9, l'édifice est affecté par une tempête, qui endommage également le jardin, où 17 pommiers sont abattus. Un acte de vente du 25 janvier 1823, au profit de Hervé-Marie-Pierre-Thomas-Casimir Ernault de Chantore, mentionne "une grande maison sise à Valognes rue du Bourg-Achard ou des Capucins, composée de deux grands corps de logis dont un sur le devant de la dite rue accédé par une porte cochère, l'autre donnant sur la cour et faisant l'angle droit avec le précédent, de deux cours, jardins haut et bas et d'un petit jardin à la suite".

 

En 1868, l'hôtel de Chantore est acquis par la communauté des soeurs du Refuge de l'abbaye Notre-Dame de Charité de Caen, qui y restera jusqu'en 1871. Jules Barbey d'Aurevilly situe dans cet hôtel une scène de son roman "Le Chevalier des Touches".

 

L'hôtel de Chantore présente un plan en L avec corps de logis sur rue et aile de service en retour sur la cour. Un grand jardin en terrasse se développe à l'arrière du bâtiment. La façade sur rue se compose de six travées intégrant un avant-corps central de deux travées faiblement saillant, surmonté d'un fronton triangulaire. La porte d'entrée ne se situe pas dans l'axe de l'élévation, mais est décalée sur la droite, tandis qu'une porte cochère, ouvrant sur le jardin occupe la première travée de gauche. Un bandeau horizontal court à hauteur d'appui des fenêtres du rez-de-chaussée, puis un second bandeau souligne le premier étage. Des lucarnes à pignon éclairent les combles établis sous une toiture à pans brisés. Le parement est traité en petit appareil piqueté, initialement destiné à être recouvert d'un enduit de revêtement. Un escalier intérieur tournant, avec une rampe en ferronnerie aux élégants motifs de courbes et contre-courbes, dessert l'étage. Dans l'angle de celui-ci, dans l'épaisseur du mur, un petit escalier secondaire aujourd'hui muré permettait l'accès aux combles. A l'intérieur subsiste des boiseries ainsi que des lambris, des plâtres moulurés et des ferrures d'époque.