VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
 

Hôtel de CAMPGRAIN dit aussi hôtel de la Moissonière

Hôtel Fouquet de Réville ou de Bellefonds

Place du Calvaire (édifice disparu)

     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

closducotentin.over-blog.fr

 

L'hôtel de Campgrain occupait un terrain "sis au triage des vieilles halles", auprès de l'ancienne route menant de Valognes à la Hougue. Le 24 mai 1665, Pierre Bauquet, sieur de Barrehaye, vendait à son emplacement un terrain de trois vergées, comprenant jardin et maisons, à Pierre Marie, écuyer, sieur des Essarts. Ce dernier en rendait aveu au roi en 1667, puis le 7 juillet 1691, il cédait pour 2 189 livres la propriété à sa sœur Françoise, épouse de Antoine Jardel, procureur au baillage de Valognes.

 

Le 20 mai 1741, Jean-François Jardel, fils et seul héritier de feu Estienne Jardel sieur des Tours, aussi seul héritier de feu Pierre Jardel, son oncle, revendait l'ensemble à Vincent-René Turbert sieur de Pommereuil, pour la somme de 5 200 livres.

 

 

L'hôtel de Campgrain

sur le plan Lerouge de 1767


 
         
 

Ce dernier s'en séparait le 14 octobre 1743 au profit de Hervé Fouquet seigneur de Réville, Saint-Nazaire, Crosville, Tourlaville, Biniville et autres lieux, pour le prix de 12 500 livres. Le 14 juillet suivant, le seigneur de Réville augmentait sa nouvelle propriété par l'achat d'un terrain attenant, consistant en un enclos fermé de murailles contenant deux vergées et demi. Peu après son décès, survenu le 25 novembre 1777, la propriété était occupée par sa veuve, Anne Pigache, qui y était servie par onze domestiques. N'étant pas héritière de son époux, celle-ci doit cependant quitter la propriété au profit de Gilles-René Avice de Sortoville. Afin de payer ses dettes, ce dernier revend l'hôtel le 28 avril 1781 à Ambroise-Gabriel de La Houssaye d'Ourville. L'année suivante, à la mort du marquis d'Ourville, l'hôtel est cédé à Charles-Adolphe de Mauconvenant, seigneur de Sainte-Suzanne. Le 13 février 1786, le seigneur de Sainte-Suzanne échange son hôtel de la place des Capucins avec celui de Louis-Bernardin Gigault de Bellefonds, situé à la croix Cassot (hôtel de Gramont), les deux propriétés étant alors estimée à une valeur identique de 20 000 livres. En 1792, Bellefonds agrandit l'ensemble en achetant au sieur Thiphaine une parcelle de jardin joignant le sieur d'Ellon et la dame de Thieuville. En 1837, l'hôtel devient la propriété d'Eugénie Bauquet de Grandval, épouse de Charles-Auguste le Roy de Campgrain, qui laissera son nom à l'édifice.

 

L'acte de vente de 1691 précise que l'édifice antérieur à l'hôtel du XVIIIe siècle se composait d'une maison manable comprenant "salle, cuisine, cellier, escurye, grange, les chambres et greniers dessus étant partie couvert d’ardoise et partie de paille". Il possédait en dépendance une petite maison couverte de paille, ainsi qu’un enclos fermé de murailles et percée d'une porte cochère. La propriété revendue en mai 1741 par Jean-François Jardel, comptant "cuisine, salon, office, un cellier, une écurie, une grange, les chambres et greniers de dessus", ainsi qu'une grange, une remise et une loge à cochon, ne semble guère différente, si ce n'est que la maison est alors signalée comme étant "presque en ruine". La construction de l'hôtel ne fut engagée qu'au cours des années suivante, par Vincent-René Turbert de Pommereuil, qui, en 1743 revendait au seigneur de Réville "une maison couverte de pierre se consistant en plusieurs aistres encore non achevée", avec les pierres et autres matériaux entreposées sur le chantier. C'est donc à Hervé Fouquet qu'il convient d'attribuer l'achèvement de l'édifice, tel du moins que l'on peut l'identifier sur le plan de la ville de Valognes levé en 1767. L'acte de vente du 28 avril 1781 décrit une construction relativement importante, comprenant deux étages d'habitations portant sur un rez-de-chaussée affecté aux pièces de services. Les premier et second étages se composaient chacun d’une antichambre, chambre à coucher, garde-robe et cabinet, salle à manger, salon de compagnie et autre cabinet. La propriété possédait aussi cour et basse cour, des remises et écuries, une "jardinerie", un jardin avec terrasse et promenoir, ainsi qu'un pressoir "avec la chambre dessus et une pièce pour tuer la volaille".


L'hôtel visible sur les cartes postales anciennes, se composait d'un corps de logis double en profondeur édifié sur un rez-de-chaussée semi enterré. La façade principale se composait de sept travées, ordonnancées autour d'un étroit avant-corps central encadré de chaînes en bossages et coiffé d'un fronton triangulaire. L'édifice s'accédait par un perron formé de deux volées doubles en équerre. Il était flanqué d'un unique pavillon latéral en légère saillie, son pendant n'ayant probablement jamais été construit. Initialement bâti entre cour et jardin et équipé de dépendances agricoles (pressoir, écurie et remises), cet hôtel vit au XIXe siècle ses abords plantés d'un parc boisé. Il fut totalement rasé en 1944 et remplacé ensuite par une maison moderne.

 
   
 

L'hôtel de Campgrain sur une carte postale ancienne