MAGNEVILLE
  CC 40.07 COEUR DU COTENTIN  
   
  EGLISE NOTRE-DAME
 

 

Église Notre-Dame de Magneville. Publié par Michel du Cotentin in Bocage, Cotentin, Magneville

 
     
 

Eglise de Magneville, CPA collection LPM 1900

 

MAGNEVILLE, église Notre-Dame

Synthèse sommaire (Julien Deshayes - 2002)

Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin

 

L’église paroissiale Notre-Dame de Magneville est mentionnée pour la première fois dans un document datant des environs de 1050-1060, faisant état de sa donation par Robert Bertran, seigneur de Bricquebec, à l’abbaye de Saint-Ouen de Rouen. Plus rien ne subsiste aujourd’hui de cette église du XI siècle, dont le chœur fut intégralement reconstruit dans les années 1120-1140, et la nef environ un siècle plus tard.

 

Ce chœur à chevet plat, formé de deux travées voûtées sur croisées d’ogives, constitue l’un des plus remarquables représentants de l’architecture romane du Clos du Cotentin. L’articulation savante des voûtes sur nervures croisées, s’équilibrant sur de solides piliers à colonnes engagées, est complétée par un décor sculpté d’une grande variété : Figures animales, masques humains et créatures fantastiques alternent avec des motifs d’entrelacs géométriques et de palmettes végétales.

 

Comme l’a souligné Maylis Baylé, ce répertoire semble étroitement inspiré des arts précieux ; enluminures, textiles ou orfèvreries. Le traitement des rinceaux à tiges perlées et larges fleurons courbés visible sur l’un des chapiteaux, apparaît en particulier très proche de celui employé dans la composition des lettrines produites au XI siècle dans les scriptoria bénédictins de Normandie. Le thème du perroquet, identifiable sur une autre corbeille, reproduit probablement ceux de bestiaires enluminés contemporains.

 

Ce foisonnement ornemental s'étend aussi aux bases des colonnes, parfois décorées de curieux masques anthropomorphes, ainsi qu'à l'arc triomphal, dont le larmier d'extrados et formé d'une succession de dragons s'entre dévorant. Quelques chapiteaux très sobres, à simples corbeilles lisses, apportent toutefois un jeu de nuances subtiles au sein de cet ensemble, que venait jadis compléter des rehauts de peinture. 

 

A l'extérieur du choeur les modillons sculpté soutenant la corniche présentent essentiellement des variations sur le thème du masque, tantôt d'aspect humain ou animal, mais l’atelier intervenu au XII siècle sur les sculptures du chœur a également produit pour cette église de remarquables fonts baptismaux. Maintes fois reproduits et commentés, ces derniers sont ornés à chaque angle de masques grimaçants, évocation selon certains auteurs des quatre fleuves du paradis, ou bien, selon d'autres, des quatre "races" de la terre. Une inscription portée en lettres peintes fait référence à la vertu purificatrice et salvatrice des eaux baptismales : « Totus purgatur qui sacro fonte lavatur - fons lavat exterius spiritus interius ».

 

La chapelle de la Vierge, édifiée au XVIe siècle, dégage sur le flanc sud du chœur un espace lumineux, abondamment éclairé par de larges baies aux remplages flamboyants. La nef longue et étroite, simplement couverte d’une voûte en plâtre installée en 1861, donne par contraste une impression d’extrême dénuement.

 

Une inscription latine indique que le clocher fut édifié en l’an 1481. Cette tour porche très massive, placée à l’occident de la nef, abrite une chapelle d’étage, consacrée selon la tradition à l’archange saint Michel. Cette disposition exceptionnelle évoque un vieil usage de l’époque carolingienne, lorsqu’il était coutume d’associer aux sanctuaires consacrés à la Vierge une chapelle haute occidentale dédiée à l’Archange.A Magneville toutefois - l’inscription de 1481 faisant fois - ce culte n’est probablement pas antérieur à la fin de la guerre de Cent Ans, période de renouveau de la dévotion à l’Archange, dont le sanctuaire du Mont-Saint-Michel avait vaillamment résisté aux assauts des armées anglaises.

 

Le travail du même atelier se repère dans le chœur de la petite chapelle de Selsoif à St-sauveur-le-Vicomte. Probablement s’agit-il d’une équipe précédemment active sur le chantier de l’église abbatiale de Saint-Sauveur, dont Selsoif constituait un prieuré.

 

Fonts baptismaux

     

Outre le décor des fonts baptismaux, quelques traces de polychromie romane sont encore discernables sur certains tailloirs.