LES PERQUES
  CC 40.06 COEUR DU COTENTIN  
   
  SEIGNEURIE DES PERQUES
         
 

La seigneurie des Perques

Julien DESHAYES, 1998

 

L’histoire de la seigneurie des Perques n’a, à ma connaissance, jamais été écrite. Les données disponibles, très éparpillées, font ressortir des informations souvent complexes, sinon contradictoires.

 

La seigneurie appartenait au début du XIIIe siècle à Guillaume des Perques (Willermo de Perchis), seigneur du lieu. D’après le registre des fiefs de Philippe Auguste, rédigé vers 1220, suite à la conquête de la Normandie, nous savons que « la dame des Perques » (domina Des Perches) possédait alors ce manoir, valant un tiers de fief chevalier, en dépendance de la baronnie de Bricquebec.

 

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Selon toute vraisemblance, cette « dame des Perques », aura, par mariage, apporté en dot ce domaine à la famille de Méautis. A la fin du XIIIe siècle, c’est en tout cas cette dernière qui était en possession du fief. En aout 1292, Guillaume de Méautis, chevalier, abandonnait à Robert Bertran le manoir des Perques, « avec toute la droiture, la seigneurie et la justice et appartenances dudit manoir », en échange du domaine du Homme (auj. L’Île-Marie, Picauville). L’ampleur du domaine du Homme, siège d’un ancien château ducal associé à un bourg et des foires, indique manifestement que ce manoir des Perques, situé à proximité immédiate du château de Bricquebec, revêtait pour la famille Bertran un intérêt considérable. Une close du contrat d’échange précisait que Guillaume de Méautis s’engageait à rétrocéder chaque année une somme de 40 sous tournois « por le surcroiz des rentes de l’échange dessus-dit ». Le manoir des Perques reste ensuite en possession de la famille Bertran jusque au milieu du XIVe siècle.

 

Vers 1353, en pleine guerre de Cent ans, Jeanne Bertran, devenue l’unique héritière des domaines familiaux suite au décès de son père et de ses deux frères, faisait passer la baronnie de Bricquebec et le manoir des Perques en possession de la famille de Guillaume (VI) Paynel, son époux. Trois fils étant nés de ce mariage, c’est l’aîné, Guillaume (VII) Paynel[3], qui, à la mort de son père (1361), hérita du domaine ainsi que de la baronnie de Hambye. Le 4 octobre 1400, ce dernier devait ainsi conjointement hommage au roi pour la baronnie de Bricquebec et la seigneurie des Perques. Après la mort de Guillaume, survenue en 1402, il apparaît que le manoir revint à son frère cadet, Bertrand Paynel, chevalier, qui détenait lui-même le domaine d’Olonde. Selon toute vraisemblance il passe ensuite à son fils, Jacques Paynel, puis, après 1450 à sa petite fille, Philippe Paisnel, qualifiée du titre de « dame d’Olonde, Sortosville et des Perques ». Ayant épousé Guy de Mareuil en 1471, celle-ci résidait aux Perques dans la seconde moitié du XVe siècle. En 1492 encore, Philippe Paisnel et Guy de Mareuil son époux sont signalés en possession de ce domaine. Philippe Paisnel aurait ensuite transmis la terre de Perques à sa fille, Jeanne de Mareuil, vivant dans les années 1530-1540. De son mariage avec Guy de Montpezat, cette dernière eut pour héritière Jeanne de Montpezat qui, dans les années 1550 soutint un procès contre les dames d’Estouteville, pour des affaires de coupes de bois. Ces différentes personnes, ayant contracté des alliances dans des provinces éloignées, ne résidaient probablement guère sur place. Au mieux, peut-être, y firent-elles quelques visites.

 

Par la suite, à une date qui se situerait vers 1555, la terre des Perques est revendue à la famille Lepigeon, originaire de Quettetot, qui connaîtra au siècle suivant une ascension sociale tout à fait remarquable. En 1686, Jean Lepigeon la mettait en vente au profit du dénommé Lemarchand, mais, par droit de « retrait féodal », l’un de ses cousins parvint à s’en ressaisir et ses descendants resteront en sa possession jusqu’à la veille de la Révolution, période durant laquelle le manoir est finalement revendu à une famille de laboureurs. En l’an XII (1804), le manoir des Perques est revendu par François Perignon, notaire à Paris, au dénommé Auguste Mesnil.

 
     
 

 
 

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