LE VALDECIE
  CC 40.01 COEUR DU COTENTIN  
   
  Fiefs seigneuriaux
         
 

Le Pays d'art et d'histoire

du Clos du Cotentin

Fiefs seigneuriaux

Julien Deshayes 2012

 

Une charte de confirmation des biens de l'abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte, datant des environs de 1090, indique la donation d'un quart de la forêt de Sie par un dénommé Guillaume fils d’Hastench. Vassal des barons de Saint-Sauveur, ce dernier serait donc le premier seigneur attesté sur cette paroisse.

C'est semble t-il le domaine seigneurial de ce dernier qui, demeuré dans la mouvance de la baronnie de Saint-Sauveur-le-Vicomte, fut en 1378 confisqué pour forfaiture sur Jean

 

Le Valdécie Pressoir de l'ancien presbytère

 
 

Tesson, et fit en 1394 l'objet d'une évaluation par Robert Blondel, vicomte de Valognes. Celui-ci est encore déclaré parmi les fiefs dépendant de Saint-Sauveur en 1528 et il était tenu en 1534 par les hoirs Jean Morisse, puis en 1683 par Charles Pigace, sieur de Gonneville et du Valdecie. En 1576 Guillaume Yvelin rendait aveu pour son fief du Valdesye tenu de la baronnie Saint-Sauveur-le-Vicomte, quart de fief de haubert avec extension à Saint-Pierre-d’Artheglise et Saint-Jean-de-la-Rivière (A.3491). En 1712, le fief de Tilly, tenu par François Yvelin, est cité parmi les dépendances de la seigneurie de Saint-Sauveur. En 1754 le fief de Tilly était en possession de M. de Querqueville (A. 4043), puis en 1756 de la Dame de Querqueville (A. 4066). En 1776 il appartenait à nouveau à un M. de Querqueville (A 4084) puis en 1779 à Michel Godreuil, acquéreur de M. de Querqueville. J'ignore où se trouvait le siège de cette seigneurie.

 

 La donation effectuée par Guillaume fils d'Hastench au XIe siècle est à l'origine du fief ecclésiastique que l'abbaye de Saint-Sauveur détenait également au Valdecie. L'abbaye obtint également, dans la seconde moitié du XIIe siècle, le don d'une vergée de pré, qi lui fut donné par un dénommé Richard, neveu de Jean, du consentement de Guillaume Avenel. Le fief e l'abbaye fut vendu en 1586 par les moines au profit d'un dénommé Lequeurray. Il passera ensuite à la famille de Briroy, puis aux d'Harcourt. Le 22 octobre 1667, il était en possession de Guillaume d'Harcourt, seigneur et patron de Fierville et du Valdecie, qui fondé au droit de l'abbaye de Saint-Sauveur par engagement, le possédait encore en 1683.

 

 
     

Le manoir de Gouix sur le cadastre de 1826

 
 

Un troisième fief seigneurial, connu d'ancienneté sous le nom de fief de Gouy, relevait pour sa part du domaine royal de Carentan. Valant ¼ de fief de haubert, ce dernier s'étendait aussi aux paroisses de Saint-Pierre-d'Arthéglise et de Saint-Jean-de-la-Rivière.

 

Il était au XVIe siècle et au XVIIe siècle tenu par la famille Yvelin, portant pour armoirie un écu à trois roses posées 2 et 1 au chef chargé d'un lion. D'après le registre paroissial, on sait notamment que Françoys Yvelin, sieur du Valdescye, assiste le 12 juin 1612 au mariage de Louis Davy, sieur de Sortosville et de Gourbesville, en l'église du Valdecie.

   
         
 

Jean Yvelin, son successeur, sera témoin, le 19 novembre 1629, du mariage de Antoine de Franquetot et de Catherine de Varroc, également mariés au Valdecie. En 1683, ce fief était entré en possession de Adrien du Saussey, qui était également seigneur et patron de Barneville. En 1746 il faisait partie du patrimoine de la famille Lepigeon. Son chef seigneurial correspond au manoir de Gouix, que nous n'avons pas visité. L'observation du cadastre ancien permet d'y relever la présence d'un colombier aujourd'hui disparu.

 

Une enquête de noblesse effectuée en 1576 mentionne également sur la paroisse du Valdecie un dénommé Jean Coquet que les parr(oissiens) ont dit user dudit privilège sans savoir de quel droit, ainsi que Robert de Breuilly, que les paroissiens dirent également user du privilège de noblesse, mais j'ignore encore quels étaient les fiefs que ces familles possédaient. En 1666, Chamillart mentionne à nouveau comme noble sur cette paroisse Jean et Germain de Breuilly. Cette famille de Breuilly (portant pour armoiries d'azur au lion d'or armé lampassé et couronné de gueule au chef cousu de gueule plein) est connue ailleurs en Cotentin, notamment par la branche de seigneurs de Baudreville et de Saint-Nicolas-de-Pierrepont. Elle est encore présente sur la commune au XIXe siècle, et un dénommé de Breuilly figure également au nombre des hommes du Valdecie tués durant la guerre de 1914-1918

 

Enfin, le Valdecie comptait aussi des extensions des fiefs du Breuil, dont le chef se trouvait aux Moitiers-d'Allonne, du fief de Sortosville-en-Beaumont et du fief de la Vieille-Roquelle de Néhou.

Un dénommé Guillaume du Valdecie (Wuillelmo de Valcejo) est cité dans la seconde moitié du XIIe siècle, aux côtés de Guillaume de Morville et Guillaume de Reviers, comme témoin d'une donation concédée à l'abbaye de Saint-Sauveur par Guillaume fils de Rogon.

 

Ecarts et hameaux

 

La commune du Valdecie est principalement constituée de fermes et de hameaux isolés, désignés pour la plupart d'entre eux par le nom d'anciens propriétaires. L'église elle-même était encore, au début du XIXe siècle, un édifice esseulé parmi les landes. Au Hameau Launoy existait anciennement une étude notariale, qui avait remplacé un siège de tabellionage attesté depuis au moins le début du XVIIe siècle. Les épitaphes de plusieurs membres de cette famille de Launoy sont visibles dans l'église paroissiale. Une pièce de terre nommée l'Etude, ainsi que le lieu-dit Le Hameau au Clerc garderaient aussi le souvenir de l'ancien notariat du Valdecie. Comme nous l'avons indiqué, les lieux-dits le Buisson qui figure sur le cadastre ancien, ou la Chênaie, visible sur la carte IGN, sont des toponymes évocateurs de l'ancienne situation forestière de la commune. La Londerie (de Londe, terme issu de l'ancien scandinave et désignant un bois) qui a donné son nom au ruisseau des annes de la Londerie, et le chemin des Epinettes (cadastre 1826) pourraient contenir le même genre d'indication paysagère. Le lieu-dit les Aunettes, située en creux de vallée, est probablement un diminutif des aulnaies. Un moulin aurait existé au hameau Benoît, ce qui paraît un peu surprenant puisqu'aucun cours d'eau n'arrose ce point de la commune, situé à 94 mètres d'altitude : faut-il supposer qu'il s'agissait d'un moulin à vent ?