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Le château des Galleries, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
Le bloc du Cotentin Par Julien Deshayes 2010 | ||||||||||||
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Façade orientale, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
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Adrienne d’Estouteville, fille unique et seule héritière de Jean III et de Jacqueline épouse en 1534 François de Bourbon, duc de Saint-Paul. Dame de compagnie de Catherine de Médicis, elle est aux premières places lors des cérémonies du Sacre et figure immédiatement après la reine lors de son entrée parisienne du 18 juin 1549. Durant les années suivantes, entre 1552 et 1560, les séjours effectués par Adrienne Estouteville à Bricquebec sont partiellement documentés par le « Journal des Mises et receptes » de Gilles Picot, sire de Gouberville. Au grès des visites de courtoisie qu’il effectue chez « Madame », en sa « galerye », Gilles de Gouberville mentionne ponctuellement la chambre de Madame, la salle, la « table du Conseil » et la « sale de Beauvays ». | ||||||||||||
A la mort d’Adrienne, en décembre 1560, l’héritage familial revient à Marie d’Estouteville, qui fera passer Bricquebec à son troisième époux, Léonor d’Orléans, duc de Longueville, puis, par sa fille Léonore, à la famille de Matignon.
Situé au centre du parc seigneurial avoisinant l’ancienne forteresse des sires de Bricque-bec, le château des Galleries fut d’emblée conçu dans la plus étroite relation avec son environnement paysager. Le corps de logis en rez-de-chaus-sée surélevé, étendu tout en longueur sur dix-huit travées, révèle à l’analyse une évolu-tion complexe, résul-tant d’au moins quatre phases de construction successives.
La partie sud de la façade orientale, nettement différenciée du reste de l’élévation, se compose d’une galerie d’arcades de huit travées, reposant sur de grêles colonnes engagées à chapiteaux composites. |
Plan du bourg de Bricquebec en 1786, détail du château des Galleries | |||||||||||
L’alternance des socles formant saillie sur la partie basse du mur indique peut-être une subdivision des arcades en deux baies jumelles, aujourd’hui effacée par l’insertion de fenêtres à meneaux. Selon une interprétation désormais admise, cette petite structure, parfaitement raffinée, constituait initialement un édicule de jardin, galerie ouverte servant de pavillon de plaisance lors de promenades ou de fêtes en plein air. Le style des chapiteaux à fûts circulaires, sur lesquels l’acanthe se mêle de grappes de fruits, de cornes d’abondance et de figures d’atlantes, s’inscrit assez nettement dans la filiation des œuvres produites par la première Renaissance caennaise, dans les années 1530, et notamment de l’hôtel d’Escoville. Par sa fonction, l’édifice participe également d’un engouement pour les petites constructions de plaisance italianisantes, destinées à l’agrément et à l’ornement des jardins, qui apparaît fortement marqué autour de la capitale régionale. Ces relations semblent confirmées par le matériau employé sur cette portion de bâtiment, un calcaire tendre et ocré provenant de la région de Caen.
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La façade ouest, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
L’analyse de cette phase III reste tout à fait sommaire. Les solutions décoratives qui sont employées sur l’élévation occidentale des Galleries initient le style sobre de « l’école cotentinaise », identifiable notamment par l’emploi de petits jours doubles et le recours constant au motif du fronton triangulaire couronnant les baies de la façade. Aux Galleries toutefois, la modénature arrondie des meneaux des grandes fenêtres diffère de la section strictement rectangulaire, employée systématiquement dans les édifices de la seconde Renaissance cotentinaise, et au nombre desquelles il convient principalement de citer les châteaux de Sotteville, Crosville-sur-Douves, Chiffrevast et la Cour de Saint-Martin-le-Hebert. Ce détail, aussi infime soit-il, traduit selon toute vraisemblance l’antériorité des Galleries et son caractère innovant et précurseur par rapport à ces diverses constructions. L’escalier en fer à cheval menant à un porche surélevé couvert d’un toit à l’impériale constitue le morceau de bravoure de cette élévation dont la nouveauté tient aussi au report des fonctions serviles dans l’étage de soubassement et, par opposition, à la définition d’un étage noble formé d’un déploiement d’espaces en enfilade. En raison de ces critères d’approche, et du silence de Gilles de Gouberville concernant d’éventuels travaux menés avant 1560, il convient sans doute d’attribuer ce programme à Marie de Bourbon, fille de Jacqueline d’Estouteville et de situer cette phase de la construction dans le dernier quart du XVIe siècle. | ||||||||||||
Escalier de la façade ouest, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||