SAINT-SAUVEUR-LE-VICOMTE
  CC 39.13 CA DU COTENTIN
   
  Faits HISTORIQUES
         
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Faits HISTORIQUES.

 D'apres un article de Mr Renault paru en 1880

 

 — Rollon, après la cession qui lui fiit faite du territoire qui devint la province de Normandie, abandonna à un de ses compagnons tout le pays qui comprit plus tard Saint-Sauveur et Néhou. Ces domaines furent ainsi abandonnés à titre d'honneur et avec obligation d'hommage et de services militaires. Mais Saint-Sauvenr ne parait pour la première fois dans l'histoire qu'à la fin du Xeme siècle.

 

Le plus ancien vicomte connu du Gotentin se nommait Roger. Il vivait sous Richard !•', duc de Normandie, qui mourut en 996. Il fenda l'église qui plus tard devînt Tahbaye de Saint-Sauveur.

 

Les premiers seigneurs de Saint-Sauvëur furent les Néel, dont le premier du nom dut mourir vers l'année 1040 ou 1042.

 

Son fils, Néel II, est appelé le jeune, ISigellus juvenis. Il figure au nombre des seigneurs du Bessin et du Gotentin qui, séduits par Gui de Bourgogne, se révoltèrent contre GuilLaume le Bâtard, et furent mis en déroute à la bataiUe du Val es Dunes, que le duc Guillaume leur livra le 10 août 1047.

 

Le duc Guillaume, vainqueur de ses ennemis, confisqua ous les biens de Néel, vicomte du Gotentin; mais cette confiscation ne fut pas de longue durée ; car Néel, qui était rentré en grâce et avait recouvré sa seigneurie de Saint-Sauveur, figure dans des chartes du duc Guillaume pour les années 1054 et 1055.

 

Les domaine et seigneurie Saînt-Sauvcnr, après avoir appartenu aux Néel, passèrent dans la famille Tesson par le mariage de Léticie, fille du dernier Néel avec Jourdain Tesson, le plus riche baron de la Normandie; car d'après une ancienne chronique, sa famille avait le tiers des biens.

 

Mathilde Tesson, après la mort de son père, Raoul Tesson, eut en partage le domaine et la baronnie de Saint-Sauveur qu'elle porta dans la famille de Harcourt, lors de son mariage avec Richard de Harcourt.

 

Richard Tesson resta fidèle au roi PhUippe-Auguste contre Jean Sans-Terre ; car, d'après le registre des fiefs, rédigé par ordre de ce prince, Richard de Harcourt tenait du roi la baronnie de Saint-Sauveur, par le service de quatre chevaliers, mais il en devait cinq quand la baronnie était entière ; ce qui prouve qu'elle avait été l'objet d'un partage, et qu'une certaine partie en avait été détachée : Ricardus de ffarecort tenet baraniam S'^ Salvatoris de domino rege per servicium quatuor militum, sed debebat quinque quando baronia erat intégra.

 

Rcfbul Tesson, Richard de Harcourt, figurent au nombre des seigneurs et chevaliers normands qui portaient bannière sous Philippe- Auguste (3). Robert de Harcourt, Richard de .Harcourt, Philippe de Harcourt, Jourdain Tesson, sont au nombre des seigneurs renommés en Nonnandîe, depuis Guillaume le Conquérant jusqu'au temps de Philippe-Auguste.

 

Dans le XIVeme siècle, on voit apparaître Godefroy de Harcourt, qui, en 1330, succéda à son frère Louis de Harcourt, dans la seigneurie de Saint-Sauveur, et devint un des plus puissants barons du Gotentin. Il s'occupa du soin de fortifier Saint-Sauveur, et il en fit une des meilleures places du Gotentin. Il tourna ensuite ses armes contre son pays, et il entra dans plusieurs complots. Il se révolta contre Philippe de Valois, et livra son château de Saint-Sauveur aux Anglais. Il trouva la mort en combattant, vers la fin de l'hiver de. l'an 1356.

 

Après la mort de Godefroy de Harcourt, le roi de Navarre et les Anglais occupèrent la presqu'île du cotentin jusqu'au traité de Brétigny, c'est-à-dire depuis 1356 jusqu'à 1360.

 

Après ce traité, Edouard III disposa du domaine de Saint-Sauveur en faveur de Jean de Ghandos, qui en prit possession en 1361. Son lieutenant, Jean de Stokes, s'intitulait capitaine de Saint-Sauveur ; les fortifications furent augmentées, et on fit du château une place d'armes importante ; une partie de l'abbaye fut même détruite parce qu'elle pouvait nuire à la défense de la place.

 

Après la mort de Jean de Ghandos, cœrivée sans qu'il laissât d'héritiers, ses domaines en Normandie furent saisis par Edouard III, qui confia la garde de Saint-Sauveur à Guillaume de Latinier, lequel choisit pour lieutenant Thomas de Gatteston.

 

Les Anglais continuèrent d'occuper le château de Saint-Sauveur et le gardèrent jusqu'à l'année 1375 ; mais la garnison anglaise pillant et dévastant le pays, Gharles Y chargea Jean de Vienne, amiral de France, d'en faire. le siège. Jean de Vienne vint au printemps de l'an 4375, mettre le siège devant Saint-Sauveur-le- Vicomte, avec tous les barons et chevaliers de Bretagne et de Normandie, La garnison, après un siège long et meurtrier, demanda à capituler ; il fut convenu que si, dans un délai de six semaines, elle n'obtenait aucun secours du roi d'Angleterre, elle rendrait la place, et se retirerait sauf leurs corps et leurs biens. Le jour convenu arrivé, et le roi d'Angleterre n'ayant envoyé aucun secours, les capitaines anglais abandonnèrent la place et gagnèrent la mer à Garentan.

 

Le roi nomma un chevalier breton capitaine de Saint-Sanvenr.

 

Après l'exécution de ce traité, Charles V ordonna qu'on mit en. état de défense le château de Saint-Sauveur. Il donna à son chambellan, le sîre Bureau de la Rivière, la chàtellenie de Saint-Sauveur, Néhou, Auvers et autres dépendances.

 

Charles VI, en 1413, réunit la vicomte de Saint-Sauveur à celle de Yalognes, et nomma le baron d'Ivry capitaine du château.

 

En 1418, les Anglais commandés par Jean de Robersart, reprirent le château de Saint-Sauveur sur Robert de Fréville, qui alors y commandait pour le comte de Harcourt, à qui Charles VI l'avait donné.

 

Depuis cette époque de 1418 jusqu'en 1450, Jean de Robersart posséda la seigneurie de Saint-Sauveur ; mais après la bataille de Formigny (i), le connétable de Kichemont envoya son lieutenant, Jacques de Luxembourg, assiéger Saint-Sauveur (3). Les Anglais se rendirent presque aussitôt ; on leur donna huit jours pour sortir de la place et se rendre à Cherbourg.

 

La baronnie de Saint-Sauveur passa successivement dans les nudns de Jean de Harcourt, comte d'Aumale, de Jean, comte de Dunois et de Longueville, et d'André de Yillequier.

 

Louis XI, mécontent de la veuve d'André de Yillequier, qui se disait dame de Saint-Sauveur, confisqua sur elle la seigneurie de Saint-Sauveur-le-Yicomte. Cette place, depuis lors, perdit toute son importance; aussi le comte de Matignon, en 1562, ne demanda-t-ii pour le château de Saint-Sauveur qu'une garnison de 30 hommes, afin de maintenir l'autorité du roi dans le Cotentin.

 

En 1574, Montgommery, pour les protestants, s'empara de ce château ; mais il fut repris après la reddition de Saint-Lo.

 

Les ligueurs, en 1589, attaquèrent Saint-Sauveur, dont était capitaine Guillaume Lambert, qui leur résista; mais Dèvicques s'empara du château par surprise à la fin d'octobre de la même année ; son occupation fut de courte durée, car les troupes du roi y rentrèrent l'année suivante.

 

En 1598, sur la demande des états de Normandie, plusieurs châteaux furent démolis ; entre autres ceux de l'Ile-Marie et de Saint-Sauveur-le-Vicomte.

 

Le domaine de Saint-Sauveur passa successiyement dans les mains de divers engagistes. Henri III, en 1575, vendit à Christophe de Bassompierre la terre de Saint-Sauveur qui, sortie des mains de la famille de Villequier, avait fait retour à la couronne.

 

Frédéric, duc de Wurtemberg, devint, en 1005, engagiste des domaines de Valognes, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Néhou et Saint-Sauveur-Lendelin; mais, en 1617, le comte de Thorigny et le duc de Wurtemberg, rétrocédèrent à Marie de Médicis, mère du roi, les vicomtes de Garentan et de Saint-Lo, d'Âlençon, de Valognes, et les domaines de Saint-Sauveur-Lendelin, de Saint-Sauveur-le- Vicomte et de Néhou.

 

La reine, en 1621, céda et tnmsporta les domaines, terres, seigneurie et châtellenie de Saint-Sauveur-le-Vicomte et Néhou, à Jehan Phelippeaux, sieur de ViUesavin, conseiller du roi en son conseil d'Etat privé.

 

Louis XIV, en 1697, engagea à Monseigneur Louis-Alexandre de Bourbon, prince du sang et comte de Toulouse, le domaine de Saint-Sauveur-le- Vicomte.

 

Après la mort du comte de Toulouse, le domaine de Saint-Sauveur-le-Vicomte passa à son fils Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, dont la famille l'a possédé jusqu'au moment de la Révolution.

 

Beaucoup de fiefs relevaient de la baronnie de Saint-Sauveur-le- Vicomte.

 

Saint-Sauveur-le- Vicomte était le siège d'un bailliage dont les appels étaient portés au parlement de Rouen.

 

n y avait aussi une vicomte dont les appels ressortissaient au bailliage. Elle s'étendait sur plusieurs bourgs voisins, où le vicomte savait tenir son siège quand il lui plaisait.

 

Le vicomte avait droit de séance à l'échiquier de Normandie.

 

IL existait encore à Saint-Sauveur une autre petite juridiction qu'on nommait la vicomte de Beaumoni ; elle se tenait le vendredi, et plusieurs paroisses en relevaient.

 

Le comte de Toulouse qui, à la fin du XVIIeme siècle, était seigneur engagiste du domaine de Saint-Sauveur-le-Vicomte, nominait aux charges de judicature.

 

Il y avait, à la même époque, dans la forêt de Saint-Sauveurr, un haras qui appartenait au dauphin de France. Ce haras fut plus tard transféré au Pin. On trouve comme verdier de Saint-Sauveur, dans les premières années du xv* siècle, Richard de Morigny.

 

 

Château. —

 

Les restes du château permettent encore de suivre les traces de son ancienne enceinte murée. En 1613, ce château tombait en ruines et le donjon menaçait de s'écrouler. Louis XIV, par lettres patentes de Tau 1695, donna les restes de ce château à Thôpital de Saint-Sauveur, fondé en 1685, pour servir aux pauvres de sa juridiction. Ses administrateurs actuels tiennent à honneur de conserver les vieilles tours qui furent témoins de la valeur de leurs ancêtres. Un savant antiquaire anglais, M. GallyKnight, dit dans la relation de son excursion en Normandie, en parlant du château de Saint-Sauveur : « on retrouve des murailles, des portes et des tours. Ce qui nous frappa, c'est une grande tour carrée, bâtie par Chandos, à qui est due aussi la construction d'une des portes de la forteresse. En 1613, on voyait encore la tour de Batterie, la tour Jacob, la tour de l'Horloge et la grosse Tour.

 

En 1389, le sire de la Ferté devait entretenir dix hommes d'armes à Saint-Sauveur, Néhou et Beuzeville.

 

Entre autres paroisses dont les habitants devaient le service du guet au château de Saint-Sauveur, on trouve plusieurs communes de l'arrondissement de Valognes.

 

Odet d'Aidie, après la capitulation de 1450, fut établi capitaine de Saint-Sauveur. Il figure dans des actes de 1458 et 1461.

 

Léobin du Saussey, seigneur de Barneville, en était capitaine en 1573.

 

A la fin du XVIeme siècle, l'office de capitaine de Saint-Sauveur appartenait à la famille des Maires. Vincent des Maires, sieur du lieu et de Hautmesnil, était bailli et capitaine de Saint-Sauveur. Son fils, Jean des Maires, également bailli et capitaine de Saint-Sauveur, donna 2,600 livres en 1628, pour la fondation d'un collège à Saint-Sauveur-le- Vicomte. Vincent des Maires, sieur d’Anvers, était, en 1631, capitaine de Saint-Sauveur. David Devin, sieur du Vallon, conseiller du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, avait, en 1686, le titre de capitaine et de vicomte de Saint-Sauveur.

 

Charles d'Ivry est cité comme seigneur de Saint-Sauveur, dans des actes de 1385, 1394, 1398 et 1401. André de Villequier en était seigneur dans le courant du XVeme siècle.

 

La baronnie de Saint-Sauveur avait des foires et des marchés dans lesquels, en 1366, le seigneur de Néhou et ses gens jouissaient de franchises. On lit qu'en Tannée 1700, les commissaires députés par Sa Majesté, vendirent à Etienne du Faouq,chevalier, seigneur de Garnetot, la coutume du marché et des étaux de boucherie de Saint-Sauveur-le-Vicomte, et le moulin banal audit lieu avec l'étang derrière ledit moulin.

 

Le roi, en 1702 et 1728, donna des lettres patentes qui nommaient des commissaires pour la confection des papiers terriers de plusieurs domaines, au nombre desquels figure celui de Saint-Sauveur-le- Vicomte.

 

Montfaut, en 1463, renvoie, à Saint-Sauveur-le- Vicomte, Thomas Cauchon.

 

Roissy, en 1599, trouve nobles à Saint-Sauveur-le-Vicomte, Jean Desmares et les Poërier, sieurs du Theil et de Sortosville, dont l'un était président au bailliage du Cotentin.

 

Chamillard, en 1666, y trouva nobles deux familles Le Mouton, Tune parmi les anciens nobles ; elle portait d'argent à (rois gibecières de sable garnies d'or, deux en chef et une en pointe. L'autre, au nombre de ceux qui prouvèrent quatre degrés; elle portait aussi d'argent à trois fauconnières de sable boutonnées d'or. On trouve Raoul et Philippe Le Mouton. Ces familles figuraient aussi à Doville, à Salnt-Nicolas-dePierrepont et à Néhou. Il y avait encore Jean Le Gordier, Jacques et Julien Poërier ; Jacques était seigneur de Taillepied et bailli de Saint-Sauveur : Pierre et Jean Loir, dont l'on était seigneur du Lude, et l'autre de Noire-Mare.

 

La paroisse de Saint-Sauveur-le-Vicomte dépendait de l'intendance de Gaen, de l'élection de.Valognes et de la sergenterie deBeaumont. Masseville lui comptait 426 feux imposables, et Expiily 1,900 habitants ; elle en a 2,754 en 1871