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Laiterie Coopérative de Périers, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
Laiterie Coopérative de Périers E. BOURDON, Administrateur de la « Laiterie coopérative de Périers. » C’est paru l’année 1926
En descendant dans la vallée de la Taute, le voyageur qui parcourt la route de Saint-Lô à Périers, guidé depuis plus de quinze kilomètres par la flèche du clocher de cette petite ville, aperçoit, avant de franchir le pont jeté sur la rivière sinueuse, une haute cheminée dominant un groupe important de bâtiments dont le rouge des tuiles et des briques se détache nettement sur un magnifique fond de verdure. On dirait une usine implantée à l'orée d'un bois tant sont nombreux et de haute taille les arbres qui, derrière, s'élèvent sur les haies de séparation des herbages, mêlant leurs cimes et leurs feuillages à ceux des innombrables pommiers.
C'est là que fut fondée, en 1909, l'une des premières sinon la première des coopératives laitières du département de la Manche. Les débuts de la société furent difficiles. Le Normand est individualiste. Dans un pays où la richesse du sol, la végétation luxuriante au printemps et en automne, assurent à chacun une vie relativement facile, où l'élevage est de règle, où la main d'oeuvre était alors abondante et peu chère, on n'éprouvait point le besoin de s'unir aux voisins comme dans les contrées moins favorisées où l'association est une nécessité. Il a fallu des réunions, des démarches répétées, pour grouper, à cette époque, 135 cultivateurs voulant bien faire leur beurre en commun et assumer les charges du début. Et quand on jette, à dix-sept ans de distance, un coup d'oeil en arrière, on reste étonné de la ténacité qu'il a fallu pour faire pénétrer dans la région l'idée de coopération.
Quel contraste avec la situation actuelle ! Le nombre des coopérateurs est passé de 135 à 186 en 1909 ; il était de 341 à la déclaration de guerre ; il est aujourd'hui de 437. La rareté grandissante de la main-d'oeuvre a fait apprécier l'action coopérative qui ne laisse à la charge du cultivateur que le travail de la traite ; le petit-lait régulièrement rendu permet à tous de continuer l'élevage intense et productif ; les résultats sont tangibles, l'association a fait ses preuves, les objections sont tombées : tous ou presque tous voudraient actuellement entrer à la Coopérative. Il faudrait un gros effort pour mettre la société en état de recevoir le lait des 200 producteurs qui ont sollicité leur admission depuis moins de deux ans : ce sera la tâche de demain.
Arrivage du lait par camion et voitures Pesage et prise d’échantillon du lait
Le fonctionnement d'une coopérative comme celle de Périers est des plus simples. Le lait est pris à la porte du coopérateur ; arrivé à l'usine, on en extrait la crème ; le petit-lait est reporté aux intéressés. La crème est pasteurisée et soumise à une fermentation méthodique, puis barattée et malaxée à point. Le beurre soigneusement emballé est expédié à Paris, en banlieue, dans le Nord, dans l'Est, en Angleterre quand il y a possibilité d'exporter et intérêt à le faire.
Le produit de la vente, déduction faite des frais généraux de toute nature, est totalement réparti entre les coopérateurs au prorata de la matière grasse fournie par eux. Il a été ainsi réparti, en 1925, une somme de 3.524.753 fr. 53 pour la crème de 5.296.592 kilogrammes de lait.
Les associés sont satisfaits ; les consommateurs ne le sont pas moins. Certaine de recevoir un beurre d'une pureté parfaite, d'une rare finesse, de qualité constante, se « tenant » généralement mieux, l'été, que Laiterie de chef du Pont la plupart des beurres normands, la clientèle est tellement nombreuse qu'il devient impossible de satisfaire à toutes les demandes d'un produit de plus en plus soigné et apprécié.
E. BOURDON, Administrateur de la « Laiterie coopérative de Périers. » | ||||||||||||
Laiterie Coopérative de Périers, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||