SAINT-SAUVEUR-LENDELIN
  CC 37.10 BOCAGE COUTANCAIS
   
  EGLISE SAINT-SAUVEUR
         
 
 
 

Eglise Saint-Laurent, CPA collection LPM 1900

 
 

 

Saint-Sauveur-Lendelin L'église Saint-Laurent Ikmo-ned — Travail personnel

 
     
 

Annuaire du département de la Manche, année 1867,

Article de Mr Renault

 

Saint-Sauveur-Lendelin, Sanctus Salvator.

 

L'église est une des plus vastes de l'arrondissement. Elle se compose du chœur, d'une nef principale et de deux nefs latérales qui se terminent au point où commence le chœur.

 

Le chœur et la nef, les fenêtres exceptées, sont de la fin du XIIIeme siècle ou de la première moitié du XIVeme. Le chœur présente trois travées: dans cette partie de l'église, ainsi que malheureusement cela se voit trop souvent, on a eu le mauvais goût de mutiler les colonnes pour placer des boiseries.

 

Cinq grandes arcades à ogive règnent de chaque côté de la nef et la mettent en communication avec les nefs latérales. Les deux grandes arcades ogivales qui s'élèvent sous la tour font suite à celles de la nef.

 

Les piliers qui reçoivent la retombée des arcades de la nef sont à pans coupés, garnis de colonnettes, cantonnées en croix, dont les abaques sont ronds et les chapiteaux ornés de volutes, de feuilles d'eau et d'autres moulures.

 

Les nefs latérales sont d'une époque plus récente ; les arceaux de leurs voûtes s'appuient sur des demi-colonnes qui l'encorbelles sur des crochets, ou des têtes informes à cheveux longs.

 

Les fenêtres du chœur sont rondes, sans ornements. Celles de la nef, ouvertes au-dessus des bas-côtés, sont à ogive, peu élevées et étroites. Les murs latéraux sont percés de fenêtres à ogive simple; une seule vers le sud, est du XVeme ou du XVIeme siècle. Ils sont butés par des contreforts massifs.

 

L'église entière est voûtée en pierre, et les voûtes , soutenues par des arceaux croisés, annoncent le XVeme siècle.

 

Une fenêtre du XIVeme siècle , à deux baies divisées par un meneau, est percée dans le mur occidental: une rosace surmonte l'arcade su trilobée de chaque baie.

 

— Le mur absidal est droit, et se termine par un pignon triangulaire.

 

La porte principale de l'église est ouverte à l'occident: ses archivoltes présentent une brisure aux extrémités, et Tune d'elles, la plus élevée, est garnie de crochets.

 

La tour parait être du XIVeme siècle, peut-être aussi de la première moitié du xv e : elle est de forme quadrilatère, et se termine par un toit à double égout. Ses façades sont percées d'une fenêtre ogivale, garnie de colonnes et d'un cordon ou tore. Chaque baie a son arcade su trilobée, et est elle-même divisée par une croix en pierre. Cette tour, dans la seconde moitié du XVIIIeme siècle, fut endommagée par la foudre. Elle est précédée d'un petit porche ou narthex du xv e siècle, dont la voûte en pierre est soutenue par des arceaux croisés.

 

Marie-François Vitel, curé des trois portions curiales, donna, en l’année 1777, le grand autel orné de colonnes et d'un contre-retable, la chaire, les stalles et les lambris qui tapissent les murs du chœur.

 
         
 

L'église est sous le vocable du Sauveur. Elle dépendait de l'archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Périers.

 

Dans le XIIIeme siècle, la paroisse était divisée en quatre portions. Trois appartenaient au roi qui exerçait pour elles le droit de présentation. Les curés avaient une part égale dans les diraes, les aumônes et le casuel. L'abbaye de Lessay, pour la quatrième portion, présentait à la cure. « Le curé qui perçoit tout sur sa portion, dit le Livre noir, rend à l'abbé de Lessay 9 livres tournois et 40 sous, quoique l'abbé ne perçût pas autrefois au-delà de 30 sous

 

A l'époque de la rédaction du Livre blanc, la paroisse de Saint-Sauveur était encore divisée en quatre portions dont les curés avaient charge d'àmes, curam animarum habenles. Les curés partageaient alors par égales portions les grosses et menues dîmes, et chacun d'eux avait aussi un manoir. — Ils payaient ensemble, quatuor vero solvunt insimul, trois sous et deux deniers pour droit de visite, vingt deniers pour le saint chrême, et dix sous pour la chape de l'évèque. Ils subvenaient pareillement par égales portions à la dépense qu'occasionnait la visite de l'archidiacre.

 

Eglise Saint-Sauveur, CPA collection LPM 1900

 
         
 

Il existait dans l'église une chapelle, sous le vocable de saint Thomas, d'une valeur de quinze livres tournois en blé et argent. Dans le cours du xiv e siècle, la reine en avait le patronage : Predicta regina est patrona ejusdem capelle.

 

L'abbé de Lessay, d'après le Livre noir, avait le patronage de la quatrième porlion ; cependant, lorsqu’en 1222, Hugues de Morville, évêque de Coutances, avait créé l'abbé de Lessay chanoine de la cathédrale, celui-ci avait abandonné plusieurs églises au nombre desquelles figurait celle de Saint-Sauveur : ainsi, malgré cette cession, l'abbé de Lessay en avait conservé

le patronage.

 

Dans le XVIeme siècle, les trois portions appartenant au roi furent réunies en une seule, et formèrent la grande portion qui payait une décime de 129 livres : la petite portion était taxée a 37 livres. Cette division de la paroisse en deux portions existait encore en l'année 1789; car, l'abbé Brissière fit partie de l'assemblée des trois ordres du bailliage du Cotenlio , comme curé de la grande portion, et l'abbé Lenoir y assista comme curé de la petite portion.

 

Le duc de Penthièvre, en l'année 1767, nomma à la cure de Saint-Sauveur pour la grande portion. Le roi, en 1782, donna cette portion à Adrien Brissière, et le duc de Chartres la donna à messire Charles Lubersacq, prêtre à Saint- Eustache, à Paris. Une contestation s'éleva entre le roi et le duc de Chartres pour savoir qui avait droit de présenter. L'affaire fut portée devant le Grand-Conseil, et Adrien Brissière fut maintenu dans la cure. Le duc de Chartres, par l'arrêt qui intervint, perdit les cures des quatre domaines de Saint-Sauveur-Lendelin, Saint-Sauveur-le-Vicorate, Valognes et Coutances, qui restèrent à la nomination du roi.

 

Le chapitre de Coulances avait une prébende dans la paroisse de SaintSauveur-Lendelin. Le duc Guillaume lui avait donné trois charruées de terre, la dime des deux moulins, de Saint-Sauveur, et dix-huit perches de terre autour de l'église. Dans les derniers temps, le flef nommé V Aumône appartenait à cette prébende.

 
     
 
 
 

 Eglise Saint-Sauveur, CPA collection LPM 1900