SAINT-AUBIN-DU-PERRON
  CC 37.08 du BOCAGE COUTANCAIS
   
  FAITS HISTORIQUES
     
 

Château du PERRON Saint-Aubin CPA collection LPM 1900

 
     
 

Annuaire du département de la Manche, année 1867,

Article de Mr Renault


Faits historiques.

 

— Un acte des sergents de la sergenterie d'Aubigny de Tan 4609, dressé du commandement du Bailli de Saint-Sauveur-Lendelin, nous donne quelques détails sur plusieurs fieftiobles. situés dans la paroisse de Saint-Aubin. Les flefs du Perron, de la Hézardière, de Eolot, de Champeaux et de Virville relevaient du roi, à cause de la comté de Saint-Sauveur. Le fief Lorgueil, à Marchésieux, relevait du fief de Virville.

 

Pierre Le Comte, écayer, rend aveu au roi, le 7 novembre 4614, pour une vavassorie ou aînesse, nommée le fief de Launey, sis en la paroisse de Saint-Aubin-de- la-Pierre. Ce fief, d'une contenance d'environ 30 acres de terre, avait maison, mesnage, vollière à pigeons et chapelle. Il payait au domaine de Saint-Sauveur-Lendelin 6 boisseaux de froment, mesure d'Aubigny, et 25 sous 4 deniers.

 

Jean Destouches, écuyer, rend aussi aveu au roi, le 48 octobre 4668, pour un fief, situé en la paroisse de Saint- Aubin-de-la-Pierre, nommé le fief de Lantillière, tenu sous la mouvance du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin « envers lequel il est reconnu devoir deux sols avec relief traizieme et autres droits seigneuriaux.

 

Le même Jean Destouches, aine du fief Jean Anquetil, et Nicolas Destouches, écuyer, Jullien Villequin, Robert Gueroult, ses puinés, rendent aveu au roi, le 3 janvier 1680, pour ce même fief Jean Anquetil, qui devait au domaine de Saint-Sauveur 2 boisseaux de froment, 78 raids d'avoine, mesure d'Aubigny, au terme de Pâques.

 

Le domaine de la Hézardière a appartenu à une ancienne famille qui en portail le nom. Ainsi, en 1330, c'est Siméon de la Hézardière qui fonde la chapelle Saint-Jean.

 

Louis d'Orléans, comte de Valois et de Beaumont, cède, dans le mois de juillet 1394, à Jehan de la Hézardière, écuyer, les moulins de Manne et de Rohard. Charles VI, à la demande du gouverneur et des habitants de Saint-Lo, nomma connétable de cette ville Jean de la Hézardière, pour la contemplation, di( le roi, des bons et agréables services qu'il nous a faits dans nos guerres, et par especial dans la dernière chevauchée que nous avons faite en Flandre, et que nous espérons qu'il nous faira pour l'advenir .

 

Noble dame Léonarde Le Limonnier, veuve de Michel de la Hézardière, baille aveu au roi. Fan 1552, de la terre et seigneurie de la Hézardière, ainsi que du flef Holot et des moulins de Manne et de Rohard.

 

Jacques et Adrien de la Hézardière, de la paroisse de Saint-Aubin -de-la- Pierre , sergenterie de la Conté, élection de Carentan, firent preuve, en 1666, d'une ancienne noblesse. Ils portaient d'hermine au chef de gueules, chargé d'un léopard d'or.

 

Le fief du Perron existait dans une autre partie de la paroisse. Il appartenait, dans le xvi e siècle, à la famille Davy ; de cette famille, il passa dans celle des Le Mennicier . Ainsi, on voit Charles Le Mennicier, écuyer, seigneur du Perron, de Martigny et autres lieux, conseiller du roi, lieutenant-général civil et criminel au bailliage de Saint-Lo, obtenir, an mois de juin 1676, l'érection en chatellenie des domaines réunis du Perron et de la Hézardière. Ce Charles Le Mennicier était fils de Jean-Jacques Le Mennicier, sieur de Martigny, et de Jeanne Le Noël du Perron. Il épousa Marie Hue, fille de Michel Hue, sieur do la Roque, conseiller du roi en son conseil d'état et en son parlement de Normandie, qui appartenait à la famille Hue , dont, un des membres devint premier président du parlement de Rouen et garde des sceaux, lorsque Louis XVI monta sur le trône. C'est à cette alliance qu'est due la présence des armes de la famille Hue dans la chapelle de la Hézardière, maintenant du Perron. — La famille Le Mennicier, de la sergenterie de Saint-Lo, élection de Carentan, avait été anoblie en 1579.

 

Noble demoiselle Madelaine Le Mennicier, fille de Charles Le Mennicier, épousa, en 1720, Jean-Baptisle-Philippe d'Auxais, chevalier, seigneur et patron du Mesnil-Véneron, qui devint ainsi, du chef de sa femme, châtelain de Saint-Aubin-du-Perron. Messire Jacques-Paul-François d'Auxais, leur fils, chevalier , seigneur et patron de Saint-Aubin-du-Perron , épousa noble demoiselle Bonne-Marie-Madelaine Langevin de Faulx. Marie-Françoise d'Auxais, leur fille, dame du Perron , épousa Thomas- Louis- Antoine Desmaretz , seigneur de Montchaton, qui fut conseiller du roi, lieutenant-général au bailliage et siège présidial du Cotentin.

 

Le manoir de la Hézardière, aujourd'hui du Perron, n'offre rien d'intéressant. On remarque dans la salle à manger deux portraits : l'un est celui du père de Madame de Montchaton; l'autre qui représente Henri IV à cheval, fut donné par ce prince au cardinal du Perron. On trouve celui du cardinal dans le salon. On y voit aussi plusieurs autres tableaux estimés des connaisseurs : c'est V enlèvement de Déjanire; Diogène, sa lanterne à la main, et surtout Vulcain forgeant des armes que lui demande Vénus. Ce que l'on admire principalement dans ce tableau, c'est un bel effet de lumière que produit le fèu de la forge. Le Perron appartient aujourd'hui à M. Jules d'Auxais .

 

On trouve dans les archives du manoir du Perron le testament de Jacques Davy, eardinal du Perron ; il est du 20 août 1618:1e cardinal, après avoir recommandé son àme à Dieu, lègue tous ses biens à son frère Jehan Davy, seigneur du Perron.

 
     
 

 Château du PERRON Saint-Aubin CPA collection LPM 1900

 
     
 

Les biographes qui font naître le cardinal Davy du Perron en Suisse, commettent une erreur; il est né à Saint-Lo le 25 novembre 1556, place Belle-Croix, suivant la tradition, de Julien Davy et d'Ursine Le Cointe.

 

Sa famille habitait depuis long temps la paroisse de Saint-Aubin-du- Perron. Son père y était né au commencement du XVIeme siècle : philosophe et théologien , mathématicien et médecin , il embrassa avec ardeur les doctrines de la religion réformée , et il s'efforça de les faire admettre dans la contrée qu'il habitait. Ce fut pendant son séjour à Saint-Lo, un des boule va rts de la nouvelle secte, en Basse-Normandie, qu'eut lieu la naissance de son fils, Jacques Davy.

 

La famille Davy, voulant se soustraire aux rigueurs des arrêts rendus contre les Protestant?, se retira en Suisse et emmena le jeune Davy, qui grandit dans le cantou de Berne, ce qui a donné à penser qu'il y était né. Le père mourut en 4583 : le fils alors quitta la Suisse , abjura la religion réformée dans laquelle il avait été élevé, et la combattit avec tant d'ardeur qu'it en fut surnommé le Marteau, Maliens œreseos.

 

Davy du Perron, qui avait de l'esprit et parlait avec facilité, devint lecteur de Henri III. Il lisait de préférence Montaigne et Rabelais. — Il dut surtout sa réputation à son oraison funèbre de Marie Stuart, reine d'Ecosse. — Gabrielle d'Estrées le protégea auprès de Henri IV.

 

— Ilengagea ce prince, qu'il instruisait secrètement, à rentrer dans la communion romaine. Devenu évèque d'Evreux, il alla à Rome solliciter et il obtint du pape la leyéede l'interdit lancé sur la France . Il fut ensuite archevêque de Sens, cardinal et grand aumônier de France. Il mourut à Paris en 1618. Ses œuvres diverses, imprimées en l'année 1633, forment trois volumes in-folio que renferme la bibliothèque du manoir du Perron.

 

Le cardinal avait une sœur, Marie Davy du Perron, qui épousa Robert Le Noël, seigneur de Groucy. Leur fils, Jacques Le Noël, ajouta à son nom celui du Perron que portait sa mère, et devint successivement évêque d'Angoulème et d'Evreux .

Jeanne Le Noël, leur fille, épousa son parent, Jacques Le Mennicier, fils de Michel Ce Mennicier, écuyer, seigneur de Martigny, et de Marie Davy, tante du cardinal. On trouve que Jacques Le Noël de Périers, sergenterie de la Conté, élection de Coutances, prouva, en 4666, que la noblesse de sa famille

datait de 1593.

 

La famille Davy est représentée aujourd'hui par M. Joseph Davy de Virville, maire de Saint-Àubin*du~Perron, chevalier de la Légion-d'Honneur, ancien lieutenant de vaisseau, et par son frère, M. Amédée Davy de Virville, avoué à la Cour impériale de Caen. Leur père, seigneur de Virville et de la Rochelle, avait épousé Mademoiselle Ferrand de la Conté.

 
     
 

 Château du PERRON Saint-Aubin CPA collection LPM 1900