LA RONDE-HAYE
  CC 37.06 BOCAGE COUTANCAIS
   
  HISTOIRE
         
 

La Ronde-Haie CPA collection LPM 1900

 
         
 

Annuaire du département de la Manche, année 1867,

Article de Mr Renault

 

La Ronde-Haie, Rotunda Haya, ou encore Haia.

 

L'église a reçu la disposition cruciforme par l'adjonction de deux chapelles nouvellement construites: elle n'offre aucun intérêt monumental. Le mur septentrional de la nef attire seul les regards de l’observateur pendant quelques instants: il date du XIeme ou XIIeme siècle. On voit qu'il a subi des retouches importantes; mais, malgré la couche de mortier dont il est en partie couvert, on y reconnait encore facilement Yopus spicatum. On y remarque aussi trois petites fenêtres, dont une seule pierre forme le cintre, et qui ressemblent un peu à des meurtrières : dans les XIeme et XIIeme siècles, on faisait beaucoup de ces fenêtres dans les églises de campagne. Ce mur est aussi percé d'une fenêtre du XVIeme siècle.

 

Le mur absidal est droit, et se termine en forme de pignon triangulaire. On y a adossé une sacristie.

 

La tour est une masse lourde, carrée, et qui se termine par un petit toit à double égout. Elle est placée au bas de la nef, et ne doit pas être antérieure au XVIeme siècle.

 

Le sommet de cette tour n'offre pas pour couronnement l'accessoire indispensable de tout clocher : le coq traditionnel, malgré sa longue possession, et son origine bien antérieure au x e siècle, ne se montre pas au-dessus de l'église. D'où vient cette exclusion ? Est-ce une innovation ? Elle serait aussi fâcheuse que beaucoup d'autres qu'on fait subir aux églises, et de plus elle serait la violation d'anciennes traditions irrécusables.

 

— Serait-ce un oubli ? Mais peut-on oublier que le coq des clochers a pour lui une popularité universelle, des coutumes non écrites, et même des prescriptions formelles ? On lit en effet dans le pastoral de Chàlons-sur-Saône : « Il doit y avoir au dessus de chaque clocher » une croix de fer avec un coq du même métal. Qui ne sait aussi que les ouvrages liturgiques nous apprennent que le coq, placé au sommet de nos édifices sacrés, n'est pas un simple appareil, destiné à indiquer la direction du vent; mais que, dans la pensée de nos pères, -il a une signification mystique, un sens symbolique ? Guillaume Durand, évêque de Mende, mort à la fin du XIIIeme siècle, nous dit en effet que le coq est l'emblème de la vigilance chrétienne, que par chant, répété au milieu de la nuit, et pour lequel en se battant les flancs de ses ailes, il figure les qui prêchent avec force ; les pasteurs zélés, et ce de la parole sainte qui chantent le jour qui va paraître, lorsqu'ils annoncent le jugement de Dieu et la gloire éternelle.

 

Le font baptismal n'offre p8s une forme décente et convenable. Puisse-t-il être remplacé par un autre plus en harmonie avec son saint usage !

 

Je remarquai avec peine que le cimetière était en partie dépourvu de clôtures, et que, par son état d'entretien, il ne pouvait pas inspirer ces sentiments de respect auxquels ont droit ceux qui y reposent.

 

L'église est. sous le vocable de Notre-Dame. Elle payait Une décime de 38 livres , et dépendait de l’archidiaconé et du doyenné de la chrétienté. Le patronage appartenait au roi. Lors de la rédaction du Livre noir, l'église était divisée en deux portions qui Tune et l'autre valaient 46 livres 10 sous; les curés partageaient tout par parts égales : Et percipiunl equaliter omnia.

 

Dans le XIVeme siècle, la paroisse continuait d'être divisée en deux portions, dont Jeanne, reine de Navarre, avait alors le patronage. Les deux curés, qui percevaient une part égale dans les dîmes, avaient aussi l'un et l'autre un presbytère et des terres aumônées; ils se partageaient les charges, et ne devaient recevoir la visite de l'archidiacre qu'une fois par an; ils payaient ensemble 20 deniers pour la chape de l'évoque, 19 manceaux pour droit de visite, 20 deniers pour le saint chrême, et 6 sous pour la débite. Les deux portions étaient réunies. avant 1789 ; car, il ne se présenta qu'un seul curé pour la paroisse de la Ronde-Haye à l'assemblée des trois ordres du grand bailliage du Cotentin. Le Livre blanc remarque que, dans le,XIVeme siècle, il n'y avait dans la paroisse aucune chapelle : Item nulla capella est in dicta parrochia.

 
         
 

La Ronde-Haye Église Notre-Dame Xfigpower — Travail personnel

 
     
 

Faits historiques.

 

— La paroisse de la Ronde-Haye porte un nom qui nous vient des Normands. Les auteurs ne sont pas d'accord sur la signification du mot haia % que l'on trouve très-fréquemment dans nos noms topographiques : ainsi, Haya Podii, la Haye-du-Puits, Haya Paganelli, la Haye-Pesnel, Baya Comitissœ, la Haye-Comtesse,. Baya de Esquetol, la Haye-d'Ectot, Orba ifaya, 'l'Orbe-Haye. Des écrivains voient dans le mot haia la signification de bois, et plusieurs bbis en effet s'appellent encore hayes. D'autres, comme Robert Cenalis et Daniel Huet pensent que ce mot signifie enceinte de pieux et d'arbres. Ces enceintes, faites pour les plaisirs de la chasse, étaient très-communes chez les Normands. Le nom de la Ronde-Haye, Haya rotunda, nous représenterait donc une enceinte circulaire.

 

Cette paroisse dépendait du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin ; et le vicomte de Saint-Sauveur était le sénéchal des terres qui relevaient de ce domaine. C'était au roi que les possesseurs de fiefs rendaient aveu pour leurs terres et seigneuries, situées dans la paroisse de la Ronde-Haye. Ainsi, on lit dans des registres du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin : Aveu rendu au Roy par Jean le Breton de la Bretonnière,  ecuyer, sieur de Petit Pleune, le 28 juillet 1485, d'une pièce de terre scise en la Ronde Haye, nommée les Bonnes Fiefs contenant environ 2 acres tenue sous la mouvance du domaine de Saint Sauveur Landelin envers lequel il est du 4 boisseaux froment 4 pain 4 chapon avec reliefs traiziemes.

 

Autre aveu rendu au roi par Pierre Ynor, conseiller avocat du Roy à Coutances aine du fief Robert-Paillard et autres ses puinés le 14 mars 1680. Led. fief situé en la paroisse de la Ronde Haye contenant environ 24 acres tenus sous la mouvance du domaine de Saint Sauveur Landelin. Mais il est du 4 pains, 4 gélines au terme de Pâques et 9 s. au terme St Michel avec reliefs et traizièmes. Dans le cours du XVIIeme siècle, on ne comptait à la Ronde haye qu'un seul fief noble, nommé le fiel d'Yseran, qui appartenait à Jacques de Pertout, écuyer, sieur d’Yvrande. Le moulin à eau qui en dépendait était d'un revenu de 100 livres. Ce fief relevait du Roi, comme nous l'apprend l'acte qui suit : Dilligence faite requête du sieur procureur du roy du bailliage et vicomte de Saint Sauveur Lendelin le dimanche 10 septembre 1643 à l'issue de la messe paroissiale de la Ronde-haie, par la quelle les paroissiens dudit la Ronde haie sont sommés de déclarer s'il n'y a aucuns franefiefs ni communs en ladite parroisse, les quels parroissiens ont déclaré que le Roy est le seigneur et patron de ladite parroisse à cause de la comté de Saint Sauveur Landelin, et qu'il y a un fief noble nommé le fief d'Yseran, lequel relevé du Roy a cause du dit domaine.

 
     
 

Ce fief d'Yseran fut plus tard réuni au domaine ; car on lit dans un acte des archives du domaine de Saint-Sauveur-Lendëlin : « Diligence faite le dimanche 15 janvier 1668, à l'issue de la messe parroissiale de la Roodehaie requête de Bonaventure de Mauconvenant, écuyer, sieur de Ste. Suzanne, Conseiller du Roy, vicomte de St. Sauveur Landelin, commis à faire la recette des charges locales du domaine dudit lieu et chargé du recouvrement des revenus rentes et droits dues au fief du Mesnil Yserant situé en la paroisse de la Ronde-baie réunie au corps du domaine par arrêt de la chambre des comptes de Normandie, le 19 avril 1667, par la quelle le droit de treizième consistait aussien une redevance que le vassal payait an seigneur, lorsqu'il vendait son fief diligence il est déclaré et fait défenses aux redevables du-dit fief du Mesnil Yseran tant en bled argent qu'autres droits seigneuriaux de payer leurs redevances à d'autres personnes qu'audit sieur vicomte 

 

En l'année 1656, Pierre de Rihouey, écuyer, conseiller du roi, vicomte de Coutances, se disait .sieur d’Yseran. Sa nièce Marie-Françoise de Rihouey épousa Louis Ferrand, écuyer, sieur de la Conté

 
 
         
 

On trouve mentionné à la date de 1476, qu'anciennement Jean de Saint-Denis et Jean de Minières avaient possédé des terres à la Ronde-Haye.

 

Il existe à la Ronde Haye un lieu nommé le Temple, et que Cassini a marqué sur sa carte. Je n'ai pu découvrir pourquoi ce lieu est ainsi nommé. On sait que beaucoup de temples protestants ou prêches furent détruits en l'année 1 685.