MUNEVILLE-LE-BINGARD
  CC 37.05 BOCAGE COUTANCAIS
   
  HISTOIRE
         
 

Muneville-le-Bingard CPA collection LPM 1900

 
     
 

Annuaire du département de la Manche, année 1867,

Article de Mr Renault


Muneville-le-Bingard, Muevilla, Mulevilta, Munevtlla.

 

L'église n'offre pas un grand intérêt. Le chœur et la nef sont voûtés en bois , et toutes les fenêtres qui les éclairent sont à ogive su trilobée.

 

I1 y a dans cette église deux chapelles. L'une d'elles est établie dans l'étage inférieur de la tour, et sa voûte est en pierre : une arcade à ogive la met en communication avec l'église. On remarque dans celte chapelle un autel qu'on fait remonter jusqu'au XVeme siècle. La chapelle septentrionale est voûtée en bois: elle communique avec l'église par une arcade à ogive pointue.

 

Le mur absidal est droit. A l'occident, l'église est précédée d'un petit porche avec arceaux croisés du XVeme ou XVIeme siècle.

 

Le font baptismal est de forme carrée : chaque façade offre cinq petites arcades cintrées, et sur chacun des pans coupés, on distingue aussi une petite arcade.

 

La tour est massive, carrée, et couronnée d'un toit en bâtière. Son mur oriental est percé d'une fenêtre à ogive, à deux baies, avec meneau, et des compartiments qui annoncent le xv e siècle : celte fenêtre aura sans doute été ouverte lors de l'établissement de la chapelle.

 

L'église est sous le vocable de saint Pierre. Elle payait une décime de 170 livres, et dépendait de l'archidiaconé et du doyenné de la chrétienté. Le patronage appartenait au roi, et le curé était seul dècimateur.

 

Dans le XIIIeme siècle (1250), le comte de Boulogne avait le patronage de Muneville-le-Bingard. Le curé, qui, alors, était Ranulphe Le Loup, percevait les dîmes, moins la sixième gerbe qui, avec la moitié du casuèl et la dîme de deux pièces de terre d'aumône, appartenait à maître Robert Lécrivain :

 

Banulphus Lupus rector percipit omnia, excepta medietate altalagxi et sexta garba tocius décime et duabus peciis terre elemosine que percipit magister Robertus scriptor. Le curé faisait desservir sa cure par un vicaire , ce qui ne devait pas se faire : Et desservit ibi per vicarium quod fieri non débet. La cure valait au curé 110 livres ; la part du vicaire était de 40 livres : Et valet ex Ib. item pro vicario xl Ib.

 

D'après une ancienne tradition que je n'ai trouvée appuyée sur aucun fait, ni sur aucune charte , il doit y avoir eu dans un temps à Muneville-le-Bingard un prieuré dépendant du Mont-Saint-Michel.

 
     
 

Muneville-le-Bingard Église Saint-Pierre Xfigpower — Travail personnel

 
     
 

Faits historiques.

 

— L'afflxe Bingard ou plutôt Bigard, à la suite du mot Muneville, signifie en langue romane monticule. Il y a en effet, vers les landes, un lieu fort élevé, faisant partie de Muneville, et que les uns nomment le Bingard, et les autres le Bigard. On prétend qu'il y a eu dans cet endroit une vigie romaine. Arrivé sur la pointe du Bigard, on a devant soi, vers le nord, un horison immense.

 

Des auteurs anglais citent une famille normande du nom de Muneville, comme ayant existé en Angleterre dans le comté de Kent, Cette famille appartenait-elle à Muneville-le-Bingard ou à Mune ville-su r-Mer? Je n'ai trouvé sur ce point aucun renseignement; mais, s'il y a eu une motte ou butte féodale, ce serait plutôt à Muneville-le-Bingard qu'à Muneville-sur-Mer

qu'il faudrait la chercher.

 

Après la mort de Philippe , comte de Boulogne, en Tannée 1233, le comté de Mortain fut partagé. On voit par l'acte de partage que Muneville, Créances, La Feuillie, Geffosses, Saint-Sauveur, Gouville et Linverville, qui faisaient parlie de ce comté, furent compris dans le premier loi que le roi choisit:

 

Bec est prima lof ta. Munevilla , saitctus Salvalor, Grimobvilla, Crieucie, Folleia, Guivou/osse, Livervilla, Goouvilla, Dominus rcx cepil islam loliam.

 

La princesse Blanche, fille du roi de France, duchesse douairière d'Orléans, donna dans le mois de novembre de l’an 4391, à l'abbaye de Saint-Denis en France, des renies, droits et revenus, ainsi que la moyenne de basse justice qui lui appartenaient dans la paroisse de Muneville-le- Bingard, dépendant du domaine et de la vicomte de Saint-Sauveur-Lcndelin. Cependant la princesse se réserva la haute justice, ainsi que le patronage de l'église et le droit de présenter à la cure.

 

On trouve dans les archives du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin une « reconnaissance faite par Louis David, écuyer, sieur de Guéhébert, tant pour lui que demoiselle Jehanne » Lepetiot sa femme le premier juillet 1560 de dix livres de rentes dues en deux termes au domaine de Saint Sauveur Landelin à cause.des héritages, domaines, manoir, colombier et moulin le tout scitué à Muneville le Biugard appartenant au. s. Davy sous la mouvance des religieux de Saint Denis en France , à cause de la seigneurie de Muneville laquelle ledit sieur Davy a dit avoir été vendue et engagée à M e Philippe Lecrivain par les commissaires du roy.

 

Un des successeurs de Louis Davy, Adrien Davy, écuyer, sieur de Muneville, rendit aveu au roi, le 15 mars 1080, d'un fief ou vavassorie appelé le Petit Pleune ou Plaine, situé sur les deux paroisses de la Bonde-Haye et de Muneville. Ce fief, d'une contenance d'environ 45 acres, se trouvait se us la mouvance du domaine de Saint-Sauveur- Lendelin , et lui devait quatre boisseaux de froment , à la mesure de Coutances, un pain, un chapon, au terme de Pâques et un denier d'hommage.

 

Adrien Davy, à l'époque de 1683, prenait les titres de seigneur et patron de Muneville-le-Bingard : quelques années ensuite on trouve Jacques de Cussy, ècuyer, comme seigneur et patron. Les Davy qu'on rencontre à Muneville-le-Bingard appartenaient à la famille du cardinal Davy du Perron, et portaient aussi d'azur au chevron d'or, accompagné de trois

harpes de même.

 

Dans le cours du XVIIeme siècle, on comptait à Muneville deux fiefs nobles : le fief de Muneville- le-Bingard avec extension sur la Ronde-Haye et Saint-Sauveur- Lendelin, et le fief du Bingard. Ils appartenaient, le premier aux religieux de Saint-Denis, et l'autre aux religieux du Mont-Saint- Michel. On y trouvait aussi quatre moulins à eau : le moulin de Canteraine, d'un rexenu de 100 livres, appartenait au sieur de Gonneville; un moulin à foulon était fieffé 60 livres; les deux autres valaient 800 livres. En Tannée 1476, les moulins de Muneville se nommaient l'un le grand moulin, et Tatitre le moulin de Canterayne.

 

Dans le môme siècle, une contestation s'éleva entre les religieux de Saint-Denis et leurs vassaux de Muneville-le-Bingard , à l'occasion de l'élection du prévôt. Ce prévôt était, comme le sergent du seigneur, chargé de lui foire payer ses rentes; son élection avait lieu dans les gages- pièges que le seigneur tenait en son fief. Le vassal, pour taire le service de prévôté, devait y être obligé par ses aveux, et avoir une masure ; cependant il pouvait se redimer de ce service en payant ce que Ton nommait le dixième denier. Les vassaux de la seigneurie de Muneville contestèrent aux religieux de Saint- Denis en France, qui possédaient cette seigneurie, le mode d'exercice dont ceux-ci voulaient faire usage pour le service de la prévôté. Un arrêt du parlement de Normandie, rendu en 1688, accueillit la prétention des vassaux, et fit dé- fense au sénéchal de donner des aides au prévôt des religieux. Les grandes abbayes, jalouses de leurs droits, rencontraient souvent dans les populations un esprit de résistance contre lequel elles échouaient.

 

On cite comme appartenant à l'ancienne chevalerie normande un seigneur nommé Le Bigard. Uu Guillaume Le Bigard ou Bigars vivait daus le XIVeme siècle ; il portait de gueules à une bande d'argent à croisette d'or. Thomas du Bigard fut abbé de Saint-Sauveur-le-comte,depuis l’an 1376 jusqu'à 1390 . J'indique ces noms, mais sans avoir trouvé la preuve qu'ils appartiennent à la paroisse de Muneville- le- Bingard.

 
     
 

Muneville-le-Bingard CPA collection LPM 1900