HAUTEVILLE-LA-GUICHARD
  CC 37.02 BOCAGE COUTANCAIS
   
  EGLISE NOTRE-DAME
         
 

Photo de Momo50 2012

 
 

 
 

Annuaire du département de la Manche, année 1867,

Article de Mr Renault

 

Hauteville, Autevilla, Alla Villa.

 

Cette paroisse tire son affïxe du surmom de l'un des fils de Tancrède, Robert Guiscard ou Guichard, qui signifie fin, rusé: Cognomen Guiscardus erat, quia callidatis non Cicero tantœ

fait, aut versutus Ulysses.

 

L'église n'est pas sans intérêt. Elle a dû remplacer une très-ancienne chapelle, dédiée à la vierge Marie, sous le vocable de Notre* Dame-des-Bois: cette chapelle appartenait à la famille Tancrède, et elle était bâtie sur son domaine.

 

La nef est du XIeme siècle, et quoique les murs aient été repris en sous-œuvre dans plusieurs parties, ils offrent cependant encore un exemple bien marqué de cette maçonnerie appelée opus spicatum; ils .ont été depuis butés par des contreforts carrés. Dans le mur méridional, il existe une porte dont on a rempli le cintre pour en faire une porte carrée. Dans l'origine, elle devait être l'entrée principale de l'église. La nef n'est pas voûtée ; aussi, la charpente et les poutres sont-elles à nu. Les fenêtres qui l'éclairent sont, pour la plupart, du XVIeme siècle

 
         
 

Quand je visitai l'église, le chœur venait d'être prolongé. On a, pour la partie nouvellement construite, adopté le style à ogive. L'ancienne construction est du xv c siècle. Les seigneurs de Hauteville, dans le cours du xiv e siècle, ayant attiré dans la paroisse beaucoup d'ouvriers pour l'augmentation et l'embellissement de leur château, ainsi que pour la construction de plusieurs manoirs seigneuriaux et le défrichement de terrains couverts de bois, on sentil plus tard la nécessité d'agrandir l'église. Ce fut alors qu'on construisit le chœur. L'arc triomphal, qui date aussi de cette époque, est À ogive, et garni de moulures, de figures et d'ornements empruntés au règne végétal. Sur ses deux arêtes, on remarque des anges qui portent les instruments de la passion de Jésus-Christ. Un artiste de village a bariolé ces sculptures : M. le Curé me promit de faire enlever ce bariolage qui déshonore cette partie de l'église.

 

Le mur occidental est droit, percé d'une fenêtre du XVIeme siècle, et se termine par un pignon triangulaire. Le nouveau mur absidal est droit aussi ; on y a ouvert une grande fenêtre  ogive, à plusieurs meneaux.

 

La tour, placée au nord, en dehors de l'église, entre chœur et nef, est quadrilatère, et couverte par un toit en bâtière. Elle était anciennement couronnée par une balustrade, et garnie de créneaux et de gargouilles qu'on a détruits. À chaque angle on avait placé un ange embouchant une trompette.

 

— Cette tour a dû être bâtie sur l'emplacement servante la sépulture des seigneurs du lieu. Aussi, dans la suite, y déposait-on, dans un caveau sou ter rein, les seigneurs et sieurs ecuyers de Cave, de Drouet, des Mesnils, et du Bouillon. Il existe dans son étage inférieur une chapelle dont la voûte en pierres est soutenue par des arceaux prismatiques qui s'appuient sur des figures grimaçantes, placées en encorbellement, et formant consoles. Cette chapelle est mise en communication avec l'église par une arcade à ogive dont la retombée se fait sur de gros piliers carrés en granit à leur base et en pierres blanches pour le surplus. On y remarque une crédence dont l'arcade se relève en accolade. Tout révèle dans cette chapelle la fin du xv e siècle ou la première moitié du xvi e . La clef de voûte offre un écusson fleuronné dans le champ duquel on lit : Jehan Duchemin et Gilles son fils.

 

Ce sont sans doute les noms de quelques bienfaiteurs de la chapelle, ou de ceux qui en firent élever la voûte.

 

Sur le mur oriental de cette chapelle, on lit l'inscription suivante :

 

CT DEVANT 6I8SBNT LES COBP8 DE HONORABLES HOmmK

GILLES DUCHRMIH S*. DES MESNVLS LEQUEL DECEDA

LE XXIIII* JOUR DE FBBURIER LAfl M. D. 1HI"X ET DE HONORABLE

PEMmE GUIILL U DU DOUICT fOlf BSPOU8B QUI DECEDA

LB IOUR ET FBSTB DR TOUSSA1NCTS LAN M. D. 1II1"XII. HT DB GCILLK*.

DOCHBMIPf FEMfflK ET BSPOCSB DHONOraBLB HOMmB G1ILK8

MORA1N QUI DECEDA LK 10 WR DES BOYS LAI» M. D. 1I11"XTI1.

PARDON AJIBN

 

Cette chapelle était primitivement sous le vocable de sainte Barbe, et fut dotée d'abord par les seigneurs de Hauteville, et ensuite par ceux du Bouillon et des Mesnils.

 

Sur l'ancien mur méridional du chœur, près d'une fenêtre à ogive évasée, d'une assez grande dimension, se trouve une autre inscription, qui sans doute indique l'époque de l'établissement de la fenêtre

 

L'église est sous le vocable de Notre-Dame. Elle dépendait de l'archidiaconé de la chrétienté et ilu doyenné de Périers. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure.

 

Lors de la rédaction du Livre noir, Guichard de Montfort avait le patronage de celte église. Le curé percevait deux gerbes et l'aumône qui valait environ cent sous : le chapitre de Coutances percevait la troisième gerbe et cent sous que lui donnait le curé, nomine pensionis ; ce qui pour le tout valait au chapitre 24 livres. C'était Hugues de Morville qui avait donné cette portion de dime au chapitre, en Tannée 1236.

 

Dans le XIVeme siècle, le curé avait encore deux parts des blés, les novales, et toutes les autres dîmes, ainsi que les revenus appartenant à l'église.

 
CPA collection LPM 1900

CPA collection LPM 1900

CPA collection LPM 1900

CPA collection LPM 1900
 
         
 

11 avait aussi un manoir curial ; environ six acres de terre aumônée ; 19 boisseaux de froment ; 41 sous 9 deniers; 13 poules, tridecim gallinas ; deux chapons, duos capones; et 60 œufs, et sexaginta oua. Il payait 40 sous pour la chape de l'évèque ; 3 sous pour droit de visite, et 18 deniers pour 4e saint ehrème. Le chapitre de Coutances avait la tierce partie de la dime du blé, les novales exceptées, et cent sous sur les revenus de l'autel.

 

Suivant une ancienne tradition, il doit y avoir eu à Hauteville-la-Guichard une maison religieuse: je n'ai trouvé aucun acte à l'appui de cette tradition. Ce qui a pu donner lieu à celte croyance, c'est qu'il y a eu dans la paroisse deux fiefs nommés, l'un la Moinerie, nom qui rappelle un fief d'abbaye, et l'autre le Fief de derrière le Moustier. Une pièce de terre s'appelait aussi le Clos du Moustier, et une autre se nomme encore le Pré du Chapitre. Ces diverses dénominations rappellent sans doute les droits que le chapitre de Coutances avait dans la paroisse.