| ||||||||||||
Article issu de La dépopulation de la Manche de 1831 à 1931 Auguste DAVODET, 1934 | ||||||||||||
| ||||||||||||
50568 - Saussey - Rapport maire 1934 Commune de Saussey
Un rapport a été demandé par le Préfet à Auguste Davodet sur la dépopulation de la Manche entre 1831 et 1931. Celui-ci a interrogé plusieurs maires dont le maire de Saussey.
En 1831 : 866 habitants En 1931 : 428 habitants Diminution : 438 habitants Soit plus de 50 % Il convient de signaler tout particulièrement ici le vif intérêt que M. Mayet, maire de Saussey et M. Lemière, instituteur et secrétaire de mairie de cette commune ont bien voulu prendre à notre enquête.
C’est ainsi qu’ils nous ont adressé deux rapports : le premier, déjà fort intéressant, daté du 8 juin 1933 ; le second, beaucoup plus développé, accompagné de nombreux tableaux et graphiques, portant la date du 20 décembre 1933 : ce dernier rédigé et signé par M. Lemière. Cet important travail, fort bien présenté, témoigne des plus consciencieuses recherches.
Après avoir rappelé « qu’au cours des périodes révolutionnaire et impériale, la commune de Saussey compta plus de 1000 habitants » M. Lemière note que le recensement de 1831 en accuse encore 816, alors que celui de 1931 n’en enregistre plus que 428, soit une diminution de 50%. Et il ajoute : « la diminution a été continue, et au cours du siècle, la commune ne s’est pas ressaisie. »
Citons encore cet extrait :
« En 1831, la densité de la population était de 98 habitants au kilomètre carré. En 1931, cette densité est de 49 habitants au kilomètre carré donc très inférieure à la densité moyenne de la France. »
Le chapitre consacré à la mortalité pendant les cent années envisagées, avec sa répartition par groupe d’âge mérite d’être reproduit en entier. « Au cours du siècle considéré, le nombre total des décès a été exactement de 1500, et 73 enfants ont été présentés sans vie.
J’avoue avoir été réellement effrayé devant la proportion très grande des décès d’enfants âgés de moins de 5 ans. Le tableau donnera la répartition par age des 1500 décès.
239 individus sont morts avant l’âge de 5 ans soit 16% des décès.
| ||||||||||||
D’autre part, on peut constater, par l’examen de la courbe des décès, que celle-ci descend rarement au dessous de la courbe des naissances, et pour des périodes très courtes. Il est donc permis de conclure que l’on meurt trop, et surtout que l’on meurt trop jeune.
Le Logement – Le nombre de maisons d’habitation qui était de 248 en 1846 – (On n’a pas les chiffres exacts pour les années antérieures)- n’est plus de que de 166 en 1931.
Citons encore l’intéressant rapport que nous analysons :
« On assiste donc, pendant ce siècle, à la disparition lente des maisons d’habitation : 82 maisons ont disparu de 1846 à 1931, et avec elles des hameaux entiers, tandis que d’autres, qui comptaient 7 feux en 1846, en comptent deux maintenant. Ce fait est grave, car il s’accompagne d’un regroupement des propriétés, la grosse propriété s’emparant petit à petit des lopins de terre entourant les foyers abandonnées, ce qui interdit pour l’avenir un repeuplement de ces campagnes. »
A propos du recensement des professions et divers corps de métiers, nous trouvons dans le rapport de M. le secrétaire de mairie de Saussey d’intéressants renseignements et de fort judicieuses observations, toujours appuyées de tableaux statistiques fort bien présentés concernant chaque recensement quinquennal.
« L’examen du tableau ci-après, écrit-il, permettra de juger de la disparition lente des artisans ; le nombre des cultivateurs reste sensiblement le même ; le nombre des domestiques et ouvriers agricoles diminue, ceci à cause, d’une part, de la transformation des labours en herbages, et d’autre part, au développement du machinisme qui permet d’exploiter de grandes surfaces avec peu d’ouvriers. Ci dessous le tableau montrant par recensement, le pourcentage des ouvriers vivant exclusivement du travail de la terre (cultivateurs, journaliers, etc…) et des ouvriers vivant exclusivement d’un travail manuel quelconque (carriers, menuisiers, etc…). »
Si nous considérons les deux années extrêmes de ce tableau, nous faisons les constatations suivantes :
En 1836, 304 personnes soit 36% de la population vivaient du travail de la terre et 264 personnes, soit 32% de la population vivaient d’un travail manuel.
En 1931, le nombre des personnes vivant du travail de la terre est de 179, soit 41 % de la population ; le nombre des personnes vivant d’un travail manuel autre que celui de cultivateur ou d’ouvrier agricole n’est plus que de 40, soit 9% de la population.
Citons encore l’auteur de ce très substantiel rapport :
Certains métiers ont disparu totalement ; d’autres se nourrissent qu’à peine leur homme et sont en train de disparaître ; d’ailleurs, les artisans actuels ne sont plus que des manœuvres : les menuisiers ne confectionnent plus leurs portes ou fenêtres, qu’ils font venir de l’usine prêtes à poser.
Les cordonniers ne font que le montage des pièces que les machines ont taillées et cousues.
Le nombre de cultivateurs a également tendance à diminuer ; et cette diminution s’accentuera avec l’accaparement des petites propriétés par la grosse propriété.
En terminant son consciencieux rapport, M. Lemière indique certaines mesures qui, selon lui, seraient de nature à améliorer la situation matérielle et morale du paysan et à redonner aux campagnes leur activité d’antan : | ||||||||||||
1°) Encourager de plus en plus les familles nombreuses.
2°) Combattre efficacement la mortalité générale et surtout la mortalité infantile par une hygiène mieux comprise, notamment en ce qui concerne les soins de propreté, le régime alimentaire, l’assainissement des logements insalubres, l’obligation des diverses vaccinations.
3°) Protéger la petite industrie, et en particulier le petit artisan, par l’allègement des impôts et patentes qui lui interdisent toute lutte avec le gros producteur.
4°) Favoriser la petite propriété. (Ici, nous citons M. Lemière). « Maintenir l’ouvrier agricole à la terre, en lui permettant d’en devenir le maître ; favoriser la construction de maisons à bon marché à la campagne.
Le paysan, en général, n’est pas un voyageur : s’il a un foyer et quelques possibilités de vivre, il ne quittera pas la terre. » | ||||||||||||