COUTANCES
  CC 36.04 BOCAGE COUTANCAIS
   
 

LE PAYS COUTANCAIS   -3/6

FIN DU MOYEN-AGE

         

Cathédrale de Coutances.Collection LPM CPA 1900


     
 

Le Coutançais à la fin du Moyen Âge : Une terre d’enjeux    

 

La Guerre de Cent ans : des impacts durables  

 

Alors que le rattachement de la Normandie à la France en 1204 semblait avoir réglé pour les Coutançais la question du parti à prendre dans les conflits opposant les héritiers de Guillaume, les enjeux de succession au trône de France plongèrent le Coutançais au cœur des combats de la guerre de Cent Ans.


Un des prétendants est Charles de Navarre, dit le Mauvais, à qui le roi Jean le Bon a cédé en 1354, espérant ainsi calmer ses prétentions, des portions du domaine royal en Normandie, en l´occurrence l´équivalent de l´actuel département de la Manche. Charles s´allie cependant aux Anglais afin de faire valoir ses droits qu´il continue d´estimer floués, et c´est ainsi que le Cotentin devient un lieu de passage de troupes, françaises, anglaises, navarraises ou bretonnes, qui ravagent indifféremment les campagnes et les villes, déjà touchées par la peste noire. La fin du XIVe siècle marque une période de trêve dans les combats. Mais alors que l´on pense à reconstruire, la guerre reprend pour aboutir à l´occupation anglaise du territoire de 1418 à 1450. Le Mont-Saint-Michel seul résista, défendu par son gouverneur Louis d´Estouteville, seigneur de Hambye.   De nombreux sites du Coutançais témoignent encore de cette période mouvementée. Le donjon de La Haye-du-Puits fut modernisé par les Anglais, le château de Regnévil-le fut un des bastions de Charles de Navarre, tandis que le château de Gavray était décrit dans les Chroniques de Froissart comme le plus beau de Normandie. Même après la victoire de Formigny en 1450, la région continua d´être prise à parti dans les ram-ifications du conflit. Alors que le roi de France s´était appuyé sur les Bretons pour restaurer l´ordre en Cotentin, il apparut que ceux-ci ne comptaient pas quitter la place lorsqu´ils attaquèrent la région en 1467. C´est parce que Coutances leur ouvrit ses portes que Louis XI lui imposa de détruire ses murailles, jamais reconstruites depuis.

 

Si la guerre de Cent ans provoqua des pertes démographiques, des abandons de cultures et des dommages aux constructions, elle ne marqua cependant pas un coup d´arrêt permanent à toute activité. Les places fortes sont sans cesse détruites et reconstruites, et plusieurs clochers sont fortifiés, ou tout du moins enrichis de balustrades de guet. Les trêves durant parfois plusieurs années, l´effort de continuité est quasi constant, même si la plupart des restaurations importantes d´édifices (église de Vesly, Saint-Pierre et Saint-Nicolas à Coutances…) n´interviennent qu´à partir des années 1470, quand la retour à la sécurité favorise la relève économique. Arrêtée en 1418, la foire de Montmartin ne reprit qu´en 1593, mais sans jamais retrouver sa grandeur médiévale.

 

 
 
Coutances, collection CPA LPM 1900 
 





   

 

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LE PAYS COUTANCAIS   -6/6

XXeme siecle

         
 

Coutances. l'hotel de la gare. Collection LPM CPA 1900

 
         
 

Le XXe siècle : marche vers la modernitéet blessures de guerre

 

Spécialisations

 

Dans l´entre-deux-guerres, deux des évolutions du XIXe siècle s´ancrent solidement dans les pratiques coutançaises : la spécialisation laitière s´accentue dans le bocage, avec la production industrialisée de beurre, crème et fromage, tandis que le littoral se tourne de plus en plus vers les loisirs balnéaires.

 

La conquête des plages


Dans le dernier tiers du XIXe siècle, des écrivains et des artistes parisiens, au fait de la mode des bains de mer lancée à Trouville quelques années auparavant, se faisaient construire des villas sur les mielles d´Agon.


En quelques années, le chemin de fer et la publicité aidant, Agon-Coutainville devint une station balnéaire dynamique et créait l´émulation : Hauteville-sur-Mer et Pirou-plage affirment leurs vocations de loisirs dans l´entre-deux-guerres.

 

Les plages coutançaises sont aujourd´hui un des principaux attraits touristiques du département.

 
     
 
 
 

Coutances. Foire aux chevaux. Collection LPM CPA 1900

 
 

 
 

Le traumatisme de la guerre

 

La déclaration de guerre bouleverse une fois de plus le quotidien des Coutançais, dès la fin août 1939. Tandis qu’on se hâte de rentrer les dernières récoltes, la majorité des hommes mobilisés part pour le front. Localement, le conflit qui s’engage n’a pas trop de répercussions avant l’hiver 1939-1940. Néanmoins, l’économie tourne déjà au ralenti, faute de bras, les premières privations commencent, les soldats sont aux frontières, tandis que les Coutançais découvrent les exigences de la défense passive, des abris et du camouflage des lumières, ce qui leur semble bien loin de leurs préoccupations.

 

Les chaudes journées de mai et juin 1940 rompent de manière définitive avec cette ambiance de « Drôle de Guerre », jetant successivement des milliers des réfugiés sur les routes coutançaises, bientôt rattrapés par des soldats français et anglais en débâcle. Toute cette déroute révèle alors avec force l’invasion ennemie, l’horreur de la défaite et les débuts de l’occupation, sous la férule sévère de Vichy et des Allemands, désormais vainqueurs.

 

Quatre longues années de privations, d’activité économique ralentie voire paralysée se suivent, sans se ressembler, les contraintes allant de pire en pire. Bien peu de Coutançais osent s’opposer, tandis que les collaborateurs ne sont pas en nombre non plus. Néanmoins, l’état d’esprit général n’est guère favorable à l’occupant et à ses sbires.

 

En juin et juillet 1944, le débarquement et ses suites brisent enfin cette monotonie, mais dans la douleur, les ruines et le fracas des armes. Après de longues semaines de combats, le Coutançais est libéré, mais au prix de lourdes destructions et de trop nombreuses victimes. Il faut désormais panser les plaies et entamer la Reconstruction.


 
     
 

La poisonnerie de Coutances en 1907, collection CPA LPM 1900

 
     
 

Entre traditions et modernités


La reprise favorisant une démographie positive, la population retrouvait enfin ses chiffres du XIXe siècle.

 

Aujourd´hui, le nombre d´habitants continue de croître, lentement, mais sûrement. Les Anglais sont de plus en plus nombreux à s´installer dans le bocage, tandis que les Parisiens préfèrent le littoral.


Le développement du tourisme n´a pas entraîné de destruction des paysages : la nature préservée reste un des meilleurs atouts du Pays de Coutances. De même, le bocage a conservé son caractère, grâce à un remembrement plutôt bien géré, malgré quelques accidents de parcours : on trouve à Geffosses un monument à la nature qui rappelle que les oppositions y furent violents.


Le Coutançais intègre la modernité sans sacrifier ses activités séculaires. Les foires médiévales de Lessay et de Gavray attirent toujours des milliers de visiteurs ; l´agriculture bénéficie des techniques les plus contemporaines, et s´oriente de plus en plus vers le biologique ; la production légumière a trouvé des débouchés nationaux grâce à des entreprises performantes, notamment Florette et Créaline ; la conchyliculture fait toujours la renommée des côtes et bénéficie d´un équilibre entre structures de pointe – la Cabanor à Blainville – et pratiques artisanales. Les technologies de pointe – téléphonie, restauration des monuments historiques par exemple – côtoient l´industrie agroalimentaire et l´artisanat.

Le Pays de Coutances est également fort de son dynamisme culturel. Plusieurs festivals de musique y attirent des dizaines de milliers de visiteurs : Jazz sous les pommiers bat son plein chaque printemps à Coutances depuis 1981, le festival de musiques actuelles Chauffer dans la noirceur illumine la plage de Montmartin en été, tandis que les Heures musicales font venir les grands noms de la musique classique dans l´abbatiale de Lessay.

 

Le centre culturel international qui s´est installé à Cerisy-la-Salle en 1952 assure la renommée du Coutançais auprès de chercheurs de tous les pays.

 

En 1989, une convention Pays d´art et d´histoire était signée avec le ministère de la Culture pour une mise en valeur du patrimoine architectural et paysager intégrée dans le développement touristique.

 
     
 

Coutances la rue Tancrede en 1910, collection CPA LPM 1900

 






 
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LE PAYS COUTANCAIS   -5/6

XIXeme siecle

         
 

Coutances.Les traines bois. Collection LPM CPA 1900

 
         
 

Le XIXe siècle, un siècle de mutations

 

Concrétisation de vocations économiques


Le XIXe siècle ne fait pas connaître de grandes révolutions industrielles au pays de Coutances ; les mutations, en douceur, sont pourtant profondes. Les besoins de l´agriculture entraînent les derniers défrichements, consacrant la disparition définitive de la forêt de Gavray dans les années 1830. De plus en plus, on se tourne vers l´élevage, pour la viande et pour le lait, afin de fournir Paris. Les champs disparaissent au profit des prés entourés de haies : le paysage actuel du bocage naît dans ces années-là.


Le textile (lins et droguet) connaît ses derniers jours de gloire, tandis qu´apparaissent de nouvelles spécialisations : traditionnelle depuis le XVe siècle, l´imprimerie semble devenir une vocation coutançaise. Les communes du littoral acquièrent les dunes – les mielles – de la famille d´Orléans, et favorisent leur valorisation en espaces de culture maraîchère avant de penser y importer la mode des bains de mer. Le commerce de la tangue reste florissant.

 

Le calcaire de Montmartin est désormais exploité de façon industrielle : ses blocs taillés mécaniquement remplacent les blocs équarris pour l´encadrement des baies, les nombreux fours à chaux  dont les plus importants sont à Regnéville  le transforment en engrais. Les débouchés paraissaient certains : l´investisseur Mösselman canalise la Soulles afin de relier le port naturel de Regnéville au tout nouveau port artificiel de Coutances.

C´était sans compter avec la concurrence du chemin de fer : dès 1860, le canal n´était plus rentable.

Le train, entre progrès et défaites


En 1878, on inaugurait la ligne Saint-Lô-Coutances, suivie en 1884 par son prolongement vers Lessay, afin de desservir la foire qui résistait toujours aux aléas de l´histoire. Le port de Regnéville en revanche était sur le déclin tandis que s´éteignaient un à un les fours à chaux à la veille de la Première Guerre mondiale.


La guerre de 14-18 ne fit qu´alourdir, comme dans la grande majorité des campagnes françaises, le déclin démographique engendré par l´exode rural.

 
     
 
Coutances la gare, collection CPA LPM 1900 
 





   
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LE PAYS COUTANCAIS   -1/6

UNE UNITE ANCIENNE

         

Coutances Aqueduc romain, CPA collection LPM 1900




 

Des traces de la Préhistoire en pointillés


Le Paléolithique et le Néolithique ont laissé très peu de traces dans le Coutançais. La fin du Néolithique, au IIe Millénaire avant J.-C., est représentée par l´allée couverte de Lithaire et par huit dolmens, dont seul celui de Cerisy-la-Salle est encore debout.

 

Le Ier Millénaire a été marqué par des défrichements dans les marais et autour de Lingreville, où ont été retrouvées des céramiques de l´Age de Bronze, période bien documentée en archéologie dans l´ensemble du département, contemporaine de l´arrivée des Celtes.

 


 

De la même époque (première moitié du Ier Millénaire avant J.-C.) datent une petite chambre voûtée munie d´un four trouvée dans la Lande de Cartot à Lessay ainsi que les objets en bronze du gisement archéologique de Montchaton.

 

Rome organise le territoire.

 

Lors de la conquête romaine, le Coutançais est peuplé par la tribu des Unelles, avec pour capitale Coutances, alors dénommée Cosedia. Viridovix mène la résistance gauloise face au lieutenant Sabinus, mais il est finalement défait lors d´une bataille, en 56 av. J.-C., en un lieu que l´on identifie généralement au Mont Castre, près de La Haye-du-Puits.

 

L´occupation romaine favorise l´essor de Coutances, où passe la voie qui relie Rennes à Cherbourg. Sous l´Empire, Cosedia prend le nom de Constancia. La région qui l´entoure devient par la suite le Pagus Constantinus, pays de Coutances. Dès l´époque franque, c´est un territoire unifié, soumis à l´autorité d´un comte.

 

La christianisation, vecteur d´unification.

 

Le christianisme gagne le Coutançais au cours des IVe et Ve siècles. Alors qu´après une période de prospérité économique importante au Ier siècle Coutances avait décliné aux IIe et IIIe siècles, elle reprend la prédominance sur Valognes au IVe siècle et devient alors logiquement le siège épiscopal. La première attestation historique d´un évêque ne remonte cependant qu´au VIe siècle : il s´agit de saint Laud, originaire de Courcy.

 

L´arrivée des Vikings : de destructions en reconstructions.

 

Les invasions des hommes du nord – les Normands, Scandinaves ou Vikings – commencèrent à ravager la région dans les années 830. Il semble que ne restaient plus alors que des garnisons bretonnes pour défendre le territoire. L´évêque de Coutances, ville alors dévastée, fuit à Briovère (Saint-Lô) où il fut tué en 890. Le siège épiscopal fut finalement transféré à Rouen, en 913, pour un siècle et demi : une église y releva du diocèse de Coutances jusqu´à la Révolution. Cette décision intervint au lendemain du traité de Saint-Clair-sur-Epte par lequel le roi Charles le Chauve remettait au chef des. Vikings, Rollon, ce qui allait devenir la Normandie. Mais le Coutançais ne fut rattaché au duché qu´en 933 par Guillaume-Longue-Epée

 
 

 

 
 

Coutances Rues de Saint-Lô et Carentan, CPA collection LPM 1900

 





   

 

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LE PAYS COUTANCAIS   -4/6

XVIeme XVIIIeme siecles

         
 

Coutances.Les traines bois. Collection LPM CPA 1900

 
         
 

XVIe – XVIIIe siècles

De la Réforme à la Révolution

 

XVIe siècle : Affrontements entre catholiques et protestants

 

Les guerres de Religion touchent profondément une région dont de nombreux grands personnages se sont convertis au protestantisme dès les années 1520.

 

Les catholiques se sont rassemblés autour de Jacques Gouyon de Matignon, seigneur de Thorigny pour combattre les troupes de Montgomery qui ravagent le Coutançais à de nombreuses reprises entre 1559 et 1574. A Coutances,  depuis qu´elle n´a plus de murailles, les églises et la cathédrale sont mises à sac, l´aqueduc médiéval est détruit, on promène l´évêque à l´envers sur un âne…

 

Après l´édit de tolérance, le principal foyer du protestantisme s´organise autour de Cerisy-la-Salle, où Jean Richier, grand seigneur huguenot, a fait bâtir son château, mais des temples existaient à Bricqueville-la-Blouette, Hauteville-la-Guichard, La Ronde-Haye et Glatigny.

 

C´est à la même époque que le Coutançais a définitivement perdu les îles de Jersey et de Guernesey qui, si elles étaient rattachées à la couronne d´Angleterre depuis le XIIe siècle, étaient restées jusque là des paroisses du diocèse de Coutances.

 

Le sursaut catholique

 

Pour faire face aux progrès du protestantisme, l´Eglise catholique lançait au XVIIe siècle sa propre réforme, favorisant l´apparition de nouveaux ordres religieux.

 
         
 

Depuis l´installation des Dominicains en 1252, on n´avait plus vu pareille émulation catholique à Coutances : Bénédictines, Augustines et Capucins fondent des couvents dont le sérieux doit servir de contrepoids à l´austérité protestante.  

 

Jean Eudes parcourt le diocèse et crée le grand séminaire de Coutances pour offrir aux prêtres une instruction religieuse approfondie. Avec celle que l´on appela « la sainte de Coutances », Marie Desvallées, originaire de Saint-Sauveur-Lendelin, il fonde la première chapelle du monde dédiée aux sacrés cœurs de Jésus et Marie : c´est l´actuelle chapelle du lycée de Coutances. Pendant ce temps, l´inquisition traquait les supposés sorciers du Mont Etenclin, près de La Haye-du-Puits. Louis XIV intervint pour commuer la peine de mort prononcée par le Parlement de Normandie en un bannissement perpétuel. Ce fut le dernier grand procès de sorcellerie de l´histoire de France.

 

Fichier:Jeaneudes.JPG

 

Saint Jean Eudes né à Ri (Orne) en 1601,

mort à Caen en 1680.Il a été canonisé en 1925

 
 

Révoltes d´Ancien Régime


L´opposition au centralisme monarchique restait vivace même si l´on ne remettait plus en cause l´appartenance de la région au royaume de France.

En 1639, les Nu-Pieds se révoltent contre l´introduction de l´impôt sur le sel – la gabelle – dans le Cotentin, qui bénéficiait jusque-là du régime de quart-bouillon, une exonération accordée aux pays producteurs de sel.

 

L´ordre fut rétabli quelques mois plus tard au prix d´une violente répression menée par le chancelier Séguier.

 

Des réactions modérées face aux bouleversements issus de 1789


Le 16 mars 1789, les Etats généraux du Cotentin se réunissent dans la cathédrale de Coutances. Les évène-ments se suivent et sont accueillis sans grande réticence ni grand enthousiasme par la population.

En 1790, lors de la création du département de la Manche, on rattache au district de Coutances 10 cantons : Blainville, Bréhal, Cérences, Cerisy-la-Salle, Coutances, Créances, Gavray, Montmartin, Saint-Denis-le-Gast et Saint-Sauveur-Lendelin. Coutances est alors préfecture, avant de laisser la place à Saint-Lô en 1795. Les diocèses de Coutances et d´Avranches sont réunis en un seul.


Les échos de la Terreur restent lointains. On compte le supérieur du séminaire parmi les victimes des massacres commis en septembre 1792 dans les prisons parisiennes. Les Chouans, menés par Frotté, sont battus par les Bleus au Lorey en 1799, mais ils ne renoncent pas à enlever de façon spectaculaire le chevalier Destouche de sa prison de Coutances : Barbey d´Aurevilly en a tiré un récit remarquable.

 

Le consulat place au devant de la scène nationale le Coutançais Lebrun, natif de Saint-Sauveur-Lendelin. Troisième consul auprès de Bonaparte et Cambacérès, il est l´instigateur des grandes institutions françaises mises en place sous l´Empire.  

 

En 1814 et 1815, on accueille la première chute de Napoléon, les Cent Jours puis la Restauration avec une circonspection égale.

 

 
 
Coutances la halle aux grains, collection CPA LPM 1900 
 





   
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LE PAYS COUTANCAIS   -2/6

XIeme et XIIeme siecles

         

La cathédrale de Coutances, CPA collection LPM 1960




 

XIeme-XIIeme siecle

Du duché de Normandie au royaume de France : Nouvelles bases

 

Une nouvelle cathédrale


Alors que les nouveaux maîtres du pouvoir favorisent la relève économique et la restauration monastique, Coutances ne retrouve d´évêque que dans le premier tiers du XIe siècle. Ce Robert ou Norbert n´eut guère le temps de rebâtir l´église cathédrale, et c´est à Geoffroy de Montbray, évêque de 1048 à 1093, que revient la construction de la cathédrale romane, dont des vestiges importants subsistent sous l´enveloppe gothique actuelle.

 

A la conquête de la Sicile


Depuis quelques années, des Normands tentaient l´aventure en Méditerranée, se proposant comme mercenaires aux Byzantins pour lutter contre les Sarrasins. Parmi eux se trouvaient des frères, nés à Hauteville au XIe siècle, près de Saint-Sauveur-Lendelin : les Tancrède. Après des années de pillages et de combats en Apulie et dans les Pouilles, le fameux Robert Guiscard finit par se tailler un royaume : les Tancrède de Hauteville sont les ancêtres directs du roi Roger II de Sicile, célèbre pour sa culture et la magnificence de ses fondations architecturales.   C´est vers eux que se tourna l´évêque Geoffroy de Montbray pour financer la construction de sa cathédrale. Les liens avec la Sicile ont favorisé le développement du culte de saint Nicolas de Bari dans la région. Ils sont entretenus aujourd´hui par un jumelage avec la ville de Troina et l´épopée des Normands en Méditerranée est présentée au musée Tancrède de Hauteville-la-Guichard

 

Une floraison de monastères

   

Alors que la plupart des monastères primitifs avaient été vidés de leurs moines et de leurs reliques, le pouvoir ducal favorisa largement la fondation de nouveaux établissements religieux par les grands barons. C´est ainsi que Turstin Haldup fonda en 1056 l´abbaye de Lessay, où l´on comptait déjà 70 moines un demi-siècle plus tard.


L´essor du monachisme se poursuivit au siècle suivant, avec notamment la fondation de l´abbaye d´Hambye par Foulques Paisnel en 1147 et celle de Blanchelande par Richard de La Haye et Mathilde de Vernon en 1154. 

 
Dans le même temps, les paroisses se réorganisaient : le Coutançais conserve de belles églises romanes en témoignage, au premier rang desquelles Orval, Savigny et Saint-Germain-sur-Ay

 
     
 

 Eglise de Saint-Germain-sur-Ay.Collection LPM CPA 1900
 
     
 

Face au duché, la tentation de l´indépendance

 

De même que de nombreux nobles de la région, Geoffroy de Montbray participa à la conquête de l´Angleterre aux côtés de Guillaume en 1066. Il en ramena des cervidés pour la réserve de chasse qu´il établit à l´Est de Coutances : le Parc-l´Evêque. Les grands barons se font construire des châteaux-forts, à La Haye-du-Puits, Hambye ou Pirou tandis qu´à Coutances la Tour le Comte ancrait la présence du gouverneur ducal


Lors de la guerre civile qui opposa les prétendants à la succession de Guillaume-le-Conquérant, nom-breux sont ceux qui en profitèrent pour augmenter leurs territoires et leur indépendance. Après sa victoire, Henri Beauclerc donna le comté de Coutances à Etienne de Blois, futur opposant à Mathilde l´Emperesse et Geoffroy Plantagenêt pour le trône d´Angleterre, mais seuls Richard et Raoul de La  Haye refusèrent jusqu´au bout de se soumettre aux Plantagenêts.    

 

La paix favorise le dynamisme économique

 

Aussitôt le calme revenu et l´administration ducale bien établie, le Coutançais prit un nouvel essor économique : c´est de cette époque que datent les créations de nombreuses foires, certaines encore actives, comme celles de Lessay et Gavray, ou disparues, comme celle de Montmartin qui fut pourtant une des plus impor-tantes de l´Ouest de la France, ou encore celle d´Agon.   De grands défrichements sont entrepris, entraînant la disparition de la forêt de Gavray ; on commence à utiliser la tangue comme engrais, le trafic avec l´Angleterre s´intensifie et apparaissent les premiers moulins à vent de l´Occident.

 

L´expansion de l´âge gothique

 

Le XIIIe siècle voit se poursuivre le développement des bourgs et la construction des églises, dans le nouveau style gothique. Alors que l´abbatiale d´Hambye et la cathédrale de Coutances mettent en œuvre toute l´ingéniosité de l´architecture normande, de nombreuses paroissiales sont remises au goût du jour ou totalement reconstruites à cette époque : Appeville, Gorges, Saint-Malo-de-la-Lande, Marchésieux, Regnéville et Saint-Sauveur-Lendelin sont parmi les plus remarquables.

 
     
 

L'église de Régneville sur Mer, collection CPA LPM 1900