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LE DIDAC’DOC « Le canal et le port de Coutances » Véronique GOULLE Service éducatif des archives départementales de la Manche – Mai 2010 Avec la canalisation de la Soulles, il fallait un port fluvial à Coutances. Il se situe juste en aval du pont sur la Soulles. Dans une lettre au maire de Coutances du 16 mai 1840, M. Mosselman se propose d'aider la ville pour la construction du port, quartier du pont de Soulles. […] Il se propose d'avancer une somme de 18 000 F à la ville, remboursable en vingt ans, pour aménager cette place, contre la jouissance pendant vingt ans de ces terrains sur lesquels il pourra faire des constructions. […] L'industriel prévoit un coût total de 20 000 F. |
Le port de Coutances au pont de Soulles Joseph Le Dieu (1815-1880). | |||||||||||
Sur des terrains, achetés à l'hospice de Coutances, le port sera construit en déviant la Soulles et en la rendant rectiligne ainsi que le Bulsard de façon à les mettre en parallèle, séparés par une bande de terre de 40 m de large sur 300 m de long. Sur la rive gauche, seront construits les magasins et les entrepôts puis la voie d'accès au port par la rue du pont de Soulles. De l'autre côté de cette voie, se trouve le moulin du Cocq, le long du Bulsard, acheté par la Compagnie Chaufournière de l'Ouest en 1852. La Compagnie possède ainsi à Coutances 11 hectares de terrains. Suite au procès verbal de bornage du 6 mars 1846, le port lui-même fait environ 4 hectares. | ||||||||||||
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Le port de Coutances.(arch. dép. Manche, 3S 4) | ||||||||||||
Le directeur du port de Coutances est Elie Deslandes. Celui-ci est né â Jersey vers 1813, fils de négociants de Saint-Hélier. Il est lui-même négociant et fait du commerce entre Regnéville et Jersey. Il s'est marié à Agon en 1833 avec une marchande du village. Elie Deslandes s'installe à Coutances dès cette époque. Dès 1840, il devient directeur du port et travaille pour la compagnie de M. Mosselman (la Compagnie Chauffournière de l'Ouest puis la Société des Polders de l'Ouest). Il a ses bureaux dans une maison louée à Madame Lansot, il emploie un commis. En 1851, la direction du port emploie deux salariés. Elie Deslandes fait de l’import-export entre Coutances et Jersey via le canal et le port de Regnéville. En effet, le Conseil Général de la Manche annonce en 1850 qu'une compagnie s'est formée à Jersey pour ce faire. On exporte ainsi des bestiaux et autres denrées, ainsi que la pierre calcaire, on y importe la houille. A Coutances, Elie Deslandes a ses propres activités. En 1849, il achète les jardins de l'ancien collège à l'angle de la rue Neuve et de la rue de Pile (no21 rue Tourville) pour y installer son entreprise (magasins, ateliers, entrepôts) car il est marchand de bois du Nord, de charbon et de matériaux de construction (chaux, pierres ...) importés grâce au canal. Il possède aussi à Coutances le moulin Angot, le moulin de Bas, des propriétés rue du moulin de haut, une briqueterie Cour aux Magnens. Il est aussi propriétaire du manoir des Marais à Hyenville, des fours à chaux de Montmartin-sur-Mer avec leurs carrières, d'une maison de maître auprès de ceux-ci, de la ferme des Marais à Regnéville et de trois fermes à la pointe d'Agon près du futur phare. De plus, avec le charbon qu'il importe d'Angleterre, il fait valoir les fours à chaux de Hyenville, Saussey et un four au Pont de la Roque.
La rue du Pont de Soulles, CPA collection LPM 1900
En 1866, il n'y plus ni bureaux, ni directeur, au port de Coutances et Elie Deslandes vend ses entreprises et ses propriétés en 1872-1873.
C'est vers 1866-1868 que la Compagnie des Polders de l’Ouest vend ses magasins autour du port de Coutances.
Louis Lemare, marchand de bois au Pont de Soulles, installé depuis 1860, achète une partie des infrastructures du port. Il reprend en partie les activités de ce dernier. Il se sert du canal pour importer ses marchandises. Le moulin Lecocq est transformé en scierie mécanique en 1872. En 1886, il établit un dépôt de chaux hydraulique et de ciments Portland. Il importe par exemple le zinc de la compagnie de la Vieille Montagne ayant appartenu à la famille Mosselman. Son fils Albert lui succède en 1890, et au XXe siècle ce sont les enfants de celui-ci qui continuent l'activité de ventes de matériaux de construction; sa fille ayant épousé Gaston Drouet en 1919, l'entreprise est connue des Coutançais sous le nom de Drouet-Lemare puis Drouet jusqu'au milieu des années 1970.
Jusqu'à la seconde Guerre Mondiale, l'entreprise continue de s'appeler « canal de Coutances ». | ||||||||||||
Le Pont de Soulles, CPA collection LPM 1900 | | |||||||||||