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Desvallées, Marie (1590 – 1656).
“La sainte de Coutances” appartient au grand siècle de la sorcellerie. Elle est née en 1590 dans un petit village de Basse Normandie de parents pauvres. Selon son propre récit, elle fut demandée en mariage à 19 ans, refusa et dès lors fut victime d’un “sort” jeté sur elle par une sorcière.
Elle connut à partir de là de grands tourments, et elle adopta un comportement étrange. Son entourage et l’évêque de Coutances lui-même finirent par se convaincre qu’elle était possédée du démon. On l’exorcisa en vain. On la conduisit à Rouen auprès de l’archevêque pour des exorcismes plus solennels : en vain.
Le 8 décembre 1615, elle vécut une expérience intérieure décisive : elle accepta un “échange de volonté avec son Dieu”. | ||||||||||||
A partir de ce don, il lui fut impossible de communier, et cela pendant 33 ans, malgré son désir et tous les efforts déployés pour l’y aider. Vers cette époque, elle vint s’installer à Coutances. Elle devait y passer de longues années comme servante auprès de deux prêtres. Elle se savait “possédée” et elle l’acceptait de son mieux. Humiliée, angoissée, souvent rebutée par les gens, qu’elle effrayait, elle se disait “cet état, je ne l’ai pas voulu”. Quelle était donc la nature de ce mal ? Nous l’ignorons. Les documents qui la concernent – d’amples écrits de saint Jean Eudes et quelques témoignages recueillis au cours de procès – ne suffisent sans doute pas pour élaborer une interprétation critique de son cas. A son époque, dans le contexte de la polémique avec les protestants, mettre en doute la réalité d’une possession pouvait être interprété comme un manque de foi. | ||||||||||||
Elle connut dans sa vie douloureuse deux épisodes particulièrement atroces : elle les appelle “l’Enfer” (1617 – 1619) et “le Mal de douze ans” (1622 – 1634).
Elle vécut alors des abîmes de désespoirs et de détresse, proférant parfois d’horribles blasphèmes, se frappant violemment, tentant de se suicider… Pendant de longues périodes, elle mangeait à peine et était la proie de peurs paniques. Elle refusait toutes consolations et réconforts. En 1641, l’évêque de Coutances demanda au père Jean Eudes, venu prêcher en mission, de la prendre en main. Celui-ci l’exorcisa de nouveau en grec. | ||||||||||||
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Dès lors, il se considéra comme responsable d’elle, qui était de dix ans son aînée. L’un et l’autre considérèrent cette rencontre comme une grâce, et ce fut le début d’une longue fidélité.
Ses dernières années furent plus paisibles. Elle mourut, assistée de Jean Eudes, le 25 février 1656 dans la maison de l’abbé Pottier, rue Basse. Elle fut inhumée par le curé de l’église Saint-Nicolas, en la chapelle Saint-Joseph. Son étrange destinée et le climat de secret autour d’elle inquiétèrent diverses personnes. A cause d’elle, même longtemps après qu’elle eut quitté ce monde, Jean Eudes fut l’objet de violentes attaques. | | |||||||||||
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Il défendit toujours son souvenir, comme le bien majeur qu’il ne pouvait trahir. Les Eudistes (les prêtres du séminaire) avaient souhaité enterrer Marie Desvallées dans leur église. Après une requête positive au Parlement de Rouen, son corps fut exhumé le 4 novembre 1656, dans le plus grand secret, et transporté en la chapelle du séminaire. Le 5 août 1919, elle fut de nouveau exhumée puis transportée en la cathédrale. Elle repose depuis cette date dans un petit caveau situé entre l’autel de la chapelle du Puits et la chapelle Saint-Jean. | ||||||||||||
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Coutances La cathédrale de Coutances, CPA collection LPM 1960 | ||||||||||||
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