LA TRINITE
  CC 35.07 INTERCOM DU BASSIN DE VILLEDIEU
   
  HISTOIRE
         

 

La Trinité L'église Sainte-Trinité. Ikmo-ned — Travail personnel

 
     

 

 

Avranchin monumental et historique, Volume 2

Par Edouard Le Hericher 1845

 

Ecelesia S. Trmilalis de Botte BaUtmii.
  (Livre Vert}.

 

UNE espèce d'ellipse, dirigée du nord-est au sud-ouest, échancrée au nord par une projection d'un coin de Rouffigny, représente la forme générale de la Trinité. Belval, la Pilière, la Ferté, Firmitas, la Forière, la Croix-de-l'Épine, la Saussaie et d'autres lieux qui annoncent un sol accidenté, la Hoche, la Butte, les Monts, sont les hameaux dont les noms ont le plus de signification.

 

De la croupe sur laquelle est assise l'église de la Trinité, le regard embrasse un demi-horizon et se promène sur une contrée boisée qui ressemble à une forêt, et qui rappelle et explique son nom ancien: ecclesia S. Trinùatis de Bosco Baldoini, nom dont le souvenir est resté dans celui de la commune voisine, la Chaise-Baudouin. Ce bocage serré fait aussi penser à cette « Foresta de l'Avranchin » que M. Stapleton met dans ce quartier. Un cercle d'arbres qui entoure l'église complète ce caractère général et lui donne un air de chapelle forestière, d'autant plus agréable, que l'église de campagne est enfermée ordinairement dans le cercle moins poétique des fermes, des cabarets, des boutiques. Une église existait en ce lieu au moins au XVeme siècle; nous avons de cette époque une charte de Robert Muldac sur le patronage de l'église: « De Bosco Baldoini, extraite du Livre Vert: Noverit universitas vestra me intuitu caritatis... dedisse in puram et perpetuam elemosinam Deo et Capitulo Abr. medietatem patronatus ecc. S. Trinitatis de Bosco Baldonii que ad me jure hereditario dignoscitur pertinere et renunciasse eorum juri quœ me in alla medietate habere dicebant et super Iris mukis astantibus et videntibus Ecc. et Capitulum Abr. cum Libro evangelico super ipsius majus altare manu propria imposito investivi... »

 

Cette église existe encore en partie : la nef romane , avec son opus spicatum, en est un vestige. La jolie fenêtre orientale est du xvr siècle, avec trois autres lancettes trilobées et à accolades surmontées d'un cœur. A ce siècle se rapportent encore trois portes cintrées, dont une a perdu son écusson. Le tableau du rétable est d'un style remarquablement païen, surtout le Père Éternel, à la tête olympique, armé d'un sceptre , sur un siége à la Phidias. Le cimetière renferme beaucoup de tombes: celles de l'église ne sont pas anciennes : trois sont de 1625, 1640 , 1655. Une autre, celle d'une femme, est insculptée d'emblèmes qui sont sans doute les attributs du perreyeur qui la tailla : deux marteaux, une équerre, un compas. Cette église appartenait à l'abbaye de Savigny et au seigneur, qui avaient succédé aux droits du chapitre d'Avranches.

 

En 1648, le patronage n'était plus qu'au seigneur du lieu et l'église valait 400 liv. En 1698, elle avait le même revenu et quatre prêtres; 180 taillables payaient une taille de 1694 liv. ; les nobles étaient alors F. Colardin et Navette Gillette , veuve de J. Colardin.

 

On prétend qu'à la Corbière, logis seigneurial, il y avait une justice et qu'on y voyait récemment encore les pierres du pilori: « La populace se divertissait à regarder le pilori, espèce de monument fort simple, composé d'un cube de maçonnerie de quelque dix pieds de haut, creux à l'intérieur. Un degré fort raide en pierres brutes conduisait a la plate-forme supérieure sur laquelle on apercevait une roue horizontale en bois de chêne pein. »