LA LANDE D'AIROU
  CC 35.06 INTERCOM DU BASSIN DE VILLEDIEU
   
  EGLISE SAINT-MARTIN
         
 

La Lande-d'Airou. L'église Saint-Martin.Ikmo-ned — Travail personnel

 
         
 

Église Saint-Martin

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L’église placée sous la protection de Saint Martin et de Saint Louis, protégée par un classement au titre des monuments historiques depuis le 30 décembre 1987, est un bel édifice de style gothique flamboyant. Elle appartient à un ensemble patrimonial avec le château, et ses communs, lavoir, pigeonnier, parc arboré et le presbytère au cœur d’une vallée de l’Airou.

 

Elle relevait autrefois du doyenné de Gavray et de l’archidiaconé du Val de Vire au diocèse de Coutances.

 

Les blasons sculptés dans les clefs de voûtes de l’édifice et notamment ceux des familles « de Soules » et « de Grimouville » rappellent qu’elles contribuèrent à différents titres à l’édification de ce grand vaisseau de pierre qui avec Notre-Dame de Villedieu, les abbatiales de Hambye et de Saint-Sever et la cathédrale de Coutances, constitue l’un des édifices majeurs du bassin de la Sienne.

 

Le seigneur du lieu en était le patron sous l’ancien régime et présentait à la cure. Ce droit appartenait à Guillaume de la Lande en 1332, puis à Geoffroy de Soulles en 1368. Guillaume de Grimouville rend hommage en 1451 pour sa seigneurie et le patronage de l’église. Pierre de Grimouville était en 1610 seigneur de Montmartin-sur-Mer et de La Lande-d'Airou. Ce fut également le cas de Julien de Grimouville, seigneur de Montmartin, d'Hyenville et de La Lande d’Airou.

 

La paroisse était ainsi présentée en 1698: « ce n’est qu’un petit bourg qui était autrefois ville et qui fut brûlée l’an 1198 »  « terroir différent, de labour, plant et prairies ; beaucoup de bruyères ». « La paroisse est d’une très grande étendue et de très mauvaise terre ; il y a plus de 2500 vergées en bois et en landes ». Le sol est qualifié en 1790, d’ingrat et défavorable ; la paroisse se compose de 252 feux de ménages épars et jetés aux extrémités d’une vaste étendue de terrain coupé de coteaux arides et de landages froids. Il n’y avait que 19 exploitants agricoles.

 

La reconstruction de l’église fut complète.

 

L’église fut élevée selon la tradition dans le premier tiers du XVIe siècle, peu de temps après l’église Notre Dame de Villedieu dont la construction se situe à la fin du XVe siècle. Les différents auteurs placent la construction de cette église du temps de Jean V de Grimouville, le seigneur du lieu.

 

Description

 

L’édifice se présente sous la forme d’une croix latine orientée composée d’un chœur long de deux travées ; d’un transept peu saillant, dans l’axe nord sud, à la croisée duquel s’élève la tour clocher ; d’une nef unique longue de quatre travées.

 

Le chœur est prolongé vers l’est par une sacristie polygonale à cinq pans millésimée « 1686» mais encore en chantier en 1700 selon les visites archidiaconales du Val de Vire. Le porche fut édifié en 1691 en avant corps ouest de la nef et dans la continuité architecturale.

 

Les murs de l’église sont tous épaulés de contreforts édifiés au droit des maçonneries et des nervures des voûtes. Seules les deux chapelles du transept en sont dépourvues. Ils présentent tous le même profil sur toutes les travées latérales de l’église. Simples et épais, ils sont mis en valeur par une belle moulure concave qui fait la transition entre le tronc et la base dont elle accentue le caractère de l’édifice. Il est à noter que ces contreforts sont pourvus de deux larmiers, l’un au sommet, sous le glacis, l’autre à la mi-hauteur du tronc. Les huit contreforts élevés au droit des angles du chevet plat du chœur et du pignon de la nef sont nettement plus étroits et plus secs.

 

Les fenêtres aux baies à motifs trilobés dans les différentes travées présentent des aspects différents compte tenu des modifications apportées au cours des restaurations successives. Les ouvertures au midi du chœur sont naturellement plus larges. Les appuis des fenêtres font apparaître des traces de meneau central permettant de penser qu’il y avait des baies géminées à l’origine. Les lobes des trèfles sont de dimensions variables selon leur réfection. Les arcs des différentes embrasures à l’intérieur de l’église évoquent par la diversité de leur forme une adaptation certaine au goût de l’époque, notamment sur les embrasures des deux fenêtres de la nef au nord, nord-ouest. Les fenêtres méridionales du chœur ainsi que celles des chapelles et de la première travée de la nef proche du transept sont toutes surmontées d’une archivolte moulurée faisant office de larmier.

 

Les autres fenêtres de l’église en sont dépourvues. La grande fenêtre du chevet plat oriental du chœur fut démurée le 17 avril 1898. Elle avait été comblée afin de permettre la construction du maître autel et de la contretable adaptée à la réforme catholique.

 

Cette fenêtre se présente sous la forme d’un triplet de fenêtres trilobées surmontées d’un remplage composé de trois cœurs enflammés et de petites flammes. L’ensemble s’inscrit dans un grand arc brisé surmonté d’une archivolte saillante.

 

La tour, avec son clocher et son toit à bâtières, s’élève à la croisée du transept. Vous remarquerez qu’elle est avec les deux chapelles entièrement appareillée en pierres de taille alors que les autres parties de l’église sont maçonnées en moellons et liés à la chaux.

 

La tour s’élève sur trois étages dont deux dépassent les toits. Une moulure saillante concave souligne le passage du second au troisième étage. Le deuxième étage est aveuglé. Les quatre larmiers, qui jalonnent ses quatre faces, sont surmontés de fleurons au sommet des rampants. Le troisième étage est percé de petites fenêtres géminées, disposées en deux par deux, dont les arcs sont soit brisés à la pointe ou trilobés au dessous du meneau qui les sépare. Elles s’inscrivent dans un arc brisé plus important et sont garnies d’abats sons. La tour carrée est surmontée d’un toit à bâtière dont les deux pignons est-ouest sont reliés par une élégante balustrade faite d’arcades trilobées. Deux croix de fer surmontent les pointes des rampants. Les pignons du chœur et de la nef sont surmontés de petites croix de pierre.

 

La sacristie à cinq pans est ornée d’un linteau armorié placé dans l’axe médian et sous lequel se trouve enchâssée une croix de pierre. Les trois successifs du linteau nous apprennent par les initiales « A.D.G. » que le travail fut financé par Antoine de Grimouville. L’écu central est blasonné aux armes de la famille de Grimouville qui portaient un écu de gueules à trois molettes d’or, deux en chef et une en pointe. Le troisième écu est millésimé « 1686 » correspondant à l’année d’ouverture du chantier.

 

Le mur méridional du chœur conserve une jolie porte latérale moulurée d’un gros tore continu en arc brisé.

 

La nef sur le même flanc conserve les traces d’une première porte, aujourd’hui murée, à proximité du transept et d’une seconde vers l’ouest formée d’un bel arc mitré à double archivolte.

 

Le contrefort à proximité d’elle porte le cadran solaire. Le proche fut élevé à partir de 1691. La pointe de son rampant enchâssé dans le pignon ouest est ornée d’un écu orné d’un Christ en croix en bas relief. Il est voûté sur croisées d’ogives. La clef qui bloque les quatre nervures est ornée d’une étoile. L’arc brisé de l’entrée principale présente le profil d’une amande ornée d’un listel en pointe à l’intrados de l’arc suivi de deux moulures convexes et d’un tore situé à l’extrados de l’arc.

 

Les voussures naissent sur deux sommiers en glacis. Le portail intérieur présente la forme d’un arc brisé côté porche alors qu’il est en plain cintre classique dans la nef. Elle est ornée d’une belle moulure concave, un tore, naissant de par et d’autre sur des bases polygonales moulurées. Deux bancs de pierre sont disposés de chaque côté de l’entrée. Deux jolis bénitiers de granite en forme de coquille sont scellés de chaque côté du portail.

 
         
 
 
 

La Lande-d'Airou. L'église Saint-Martin CPA collection LPM