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La Bloutiere CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
Après la Conquête de la Normandie par Philippe-Auguste, et jusque sous Saint-Louis, les seigneurs normands qui possédaient eu Angleterre et en Normandie furent forcés d'opter pour l'un ou l'autre pays; mais ils purent disposer de leurs biens en faveur des monastères. Guillaume de Rollos, ayant opté pour ses possessions d'outre-mer, donna ses biens à la Bloutièrc2. Deux fragmens tirés du Cartulaire de cette abbaye et cités par Toustain de Billy, relatent cette option et détaillent les donations:
« Après les guerres anciennes accord fut fait entre les Roys de Franche et d'Angleterre ainsi que cel qui plus avoit eu Angleterre y allast, et les feos ou rentes de Normandie viendraient au roy de Franche et e contra. Lors M. Guillaume de Rollos qui plus avoit en Angleterre s'en alla, et la baronnie et terre demoura au roy en la Bloutière; et avant que il y allast , et son père notre fondator fust mort, ledit fondator avoit Jehan puisné; et ledit Jehan puisné trois filles; lequel puisné avoit Rollos et autres feos et morist avant son père. Pourqui M. Guillaume tint par fausse coste les feos et succession de son frère et les filles sans terre. Dès que le roy de Franche eut saisine des forfaitures, il donna la baronnie à M. Hue de Botigny, chevalier, lequel nous donna la chapelle Saint-Julien: certainement ne puis savoir si cely Botigny morist sans hoirs ou s'il se forfist, ou s'il délaissa la baronnie et le chastel an roy. Frère Robert de Briqueville prior huit" prist la baronuie et le chastel qui étoit adonc abattu; audit prior la bailla le roy de Franche par feoferme en lui rendant perpétuel a tosjors chascun an cinquante livres de rente, mitié à la SaintMichel, et mitié à Pasques; et ne retint le roy pour ladite prise fors le pied de l'espée et les appartenanches au pied de l'espée par la lettre; et dit la lettre que le roy la nous bailla et lui étoit venue de l'échéance de M. Guillaume de Rollos ja trespassé... »
« La nobleche et la bironnie cl le castel de Rollos et le castel de la Bloetière escheut à M. Guillaume, filsaisné, trèshardi et grand chevalier, comme il appert en l'impression de son scel, et nous donna trop plus que son père. Mais par l'accord des roys de France et d'Angleterre, après les guerres, icely M. Guillaume s'en alla demorer en Angleterre: car il avoit en Angleterre plus que en Normandie; et avant que d'aller demorer et morir en Angleterre, il nous donna les églises de la Bloetière, de Flory, de Briqueville-la-Bloete, et nous donna en aumosne la Cornillière, la Maresquetière, la Pesquetière, joignant ensemble, et la Bedoyère, Lobeline, la Maere en Flory, la Hezardière , la Vacrie, et morit tantost; et le roy de Franche fut son heir et successor par accordance des roys. »
En 1327 la fief ferme de la Bloutière était toujours possédée par le prieuré: M. de Gerville cite à cette occasion ce passage d'un registre d'alors: « Le prieur et couvent de la Bloutière tiennent franchement à gage pleige de fiefferme du roy N. S. des paroisses de la Bloutière et Fleury une eschaete qui eschut audit seigneur de monsieur G. de Roullours chevalier, etc. a » Charles V donna en 1360 au Mont Saint-Michel la somme de 50 Ut. de rente à prendre sur le prieuré de la Bloutière. En 1363 , d'après le Cartulaire de cette maison, un autel fut fondé dans l'église : les grands-vicaires, en l'absence de l'évêque « in remotis agente » sur la requête du prieur, G. Le Gros, Grossus, permettaient d'ériger cet autel, à cause du concours de monde qui y Tenait chercher la santé, spécialement les épileptiques. Une autre charte de 1370 autorisa l'érection d'un autre autel pour la même cause. Les vices et les fléaux étaient grands alors dans le diocèse de Coutances. Un de ses historiens en a amplifié lé tableau; nous aimons mieux citer un contemporain, G. Le Gros lui-même: « Combien que le monde fust merveilleusement appeticé et destruit par les guerres, par les loups et par les trois mortalités , tout en mon temps, et est devenu le monde tout nouvel, gens estrangers qui ont emmené malverses manières, toz pechiez et malverses accoutumances de se vestir, de chausser, de bere, de mangier, de chanter, de subtilité en mal entente; justice temporelle et spirituelle ne corrige ne homme ne fame, mes tot est deshontei. »
En 1371, Silvestrc de La Cervelle confirma à la Bloutière le don de l'église de Saint-Fragaire: « Hujus nutu data canonicis de Bloteria ecc. S. Fragarii » En 1205, l'évêque Vivien : « Donationem factam fratribus de Bloteria à G. de Rûltos confirmavit »
Au milieu de ce siècle l'état des revenus de la paroisse de la Bloutière fut consigné dans le Pouillé connu sous le nom de Livre Blanc. Ce que l'autre Pouillé du Diocèse ou Livre Noir, fait au xn* siècle , avait présenté sous cette forme laconique: « Bloeteria 5 sol. 8 den. » Le Livre Blanc le détaille ainsi: « Dominus de Roullos dédit olim priori et conuentui de Bloueteria medietatem ecclesie de Bloueteria et dominus de Bruecourt dedit aliam et est prior patronus eiusdem et percipit grossos fructus attalagii et curatus eiusdem percipit alios vna cum oblationibus et soluit priori quinquaginta solidos pro pensione et soluit pro capa episcopi quinque solidos ecclesia non debet decimam dictus prior percipit quasi medietatem decime parrochie et abbaiissa lexouiensis percipit alteram.
En 1648 le prieuré valait 1500 liv. Vers ce temps Masseville écrivait: « La Bloutière paroisse et baronnie de l'élection de Coutances. Il y a un prieuré de l'ordre de S. Augustin dont les religieux sont réformés. » En 1717, l'intendant de la Généralité de Caen, M. Foucault, recueillit sur ce prieuré des renseignemens déposés aujourd'hui à la bibliothèque royale: « On y voit, dit M. de Gerville, quelques dessins médiocres de monumens, de tombeaux et d'armoiries; plusieurs titres anciens et bien conservés et l'acte de fondation y existent en original '. » Avant la Révolution, ce prieuré était en régale et valait 5000 liv.5
Nos documens sur cette localité nous ont montré l'établissement régulier et légal des seigneurs normands en Angleterre, au XIIeme siècle, contrastant avec l'envahissement de la foule de la Conquête, alors que vinrent un G. Le Charretier, un Hugues-le-Tailleur, un G. Le Tambour, alors que W. de Cognisby venait avec sa femme, sa servante et son chien: | ||||||||||||
La Bloutiere CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||