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Fleury, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
Fleury - Rapport maire 1934 "La dépopulation de la Manche de 1831 à 1931", Auguste DAVODET, 1934 | ||||||||||||
M. le Maire de Fleury attribue, pour la plus grande part, cette importante diminution au développement continu du progrès matériel, qui a créé, chez les populations rurales de nouvelles mœurs et de nouveaux besoins.
Que dire de ce tableau fort suggestif, brossé de main de maître : « Ce progrès, il étonne, il bouscule déjà, en 1833, les 1209 habitants de Fleury, tranquilles jusque là, avec leur moyenne de trente enfants par an, et qui verront peu à peu disparaître pour toujours, tous leurs boisseliers (6), toiliers (5), tisserands (4), fileuses (10), couvreurs en paille (4), parcheminiers (2), blutiers (6), maréchaux forgerons (2), cordonniers (2), bourreliers (2), blanchisseuses de bonnet de lingerie (4), couturières (4), argiliers (2), carriers (4), charpentiers, scieurs delong (5)… petits artisans qui avec un étroit lopin de terre, une vache, un cochon, quelques volailles, arrivaient à faire vivre aussi leurs enfants, des apprentis, des aides.. !
Résultat. – Vache et lopin de terre sont achetés par les cultivateurs du voisinage qui, en agrandissant l’exploitation familiale, vont utiliser les machines agricoles, prônées aussi officiellement ; diminuer de moitié et même supprimer leurs domestiques et servantes.
Car à quoi occuper ces derniers, surtout l’hiver : | ||||||||||||
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Abandonnés dans un coin, se rouillent ou sont rongés de vers : pelles en bois, vans d’osier, fléaux à battre, broyeurs de textiles, pétrins, peignes à glui, socs en bois ferrés, dents de herses forgées… que tant de mains fabriquaient journellement et que plus encore employaient…
Mais il faut garder jalousement les exploitations agrandies ; ou les augmenter encore pour y jouir plus du Progrès. Comme on est à peu près certains d’élever ses enfants, car la mortalité infantile est bien plus faible qu’autrefois ; on n’aura qu’un ou deux héritiers ;
Si par inadvertance, il en survenait davantage : la ligne de chemin de fer Paris-Granville se construit, d’autres sont déjà à l’état de projet ; eh bien ! tels les petits descendants des petits artisans évincés, les enfants en surcroît trouveront le moyen de gagner leur vie dans les chemins de fer, ou de se rendre aisément vers les villes dont les faubourgs s’épaississent au pied des hautes cheminées de plus en plus nombreuses ; l’Etat et les usines offrent un travail régulier et assurent des traitements et des salaires que n’influencent pas les intempéries saisonnières, ni l’importation des produits d’outre-mer.
Ne soyons donc pas étonnés qu’en 1933, plus du quart des maisons d’habitation figurant sur la matrice cadastrale, avec le nom de leurs occupants, n’existent plus : transformées en étables ou effondrées ! Ni que le nombre des habitants ait diminué dans la même proportion. »
Et mélancoliquement, M. le Maire ajoute : « Ce serait une véritable calamité qui s’abattrait sur Fleury si 400 habitants nouveaux venaient réclamer leur place au soleil.
Ou les loger ? A quoi les employer ? Comment les nourrir ? | ||||||||||||
Fleury, l'église CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||