CHAMPREPUS
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  HISTOIRE
         
 

Champrepus vers 1900, CPA collection LPM 1900

 
     
 

Avranchin monumental et historique, Volume 2

Par Edouard Le Hericher 1845

 

Eceltsïa de Campo rfpuisas.

         (Livre Blanc).

 

UN carré long, avec une échancrure à l'est, dirigé de l'est à l'ouest, coupé dans ce sens par la route de Granville, avec la Hcbarde pour limite au nord, la Donquette au sud, l'Airou à l'occident, et des voies à l'orient, telles sont la figure et délimitation de Champrepus. Les Hôtels dominent sur son territoire où le nom de Blin se trouve donné à quatre hameaux. Du reste le nom propre est écrit dans presque tous les noms des villages de cette commune.

 

L'ancien nom de cette localité, Campus repidsus , le Champ-de-la-Défaite, semble rappeler un grand événement militaire, dont ni l'histoire ni la tradition n'ont gardé de souvenir précis. Quels peuples? quelle époque? on ne sait. Cependant il s'est trouvé un homme qui, sans le moindre doute, comme un témoin oculaire , avec de minutieux détails, a fait revivre l'action mystérieuse qui a valu leur nom à ces lieux. Le champ de bataille de Sabinus et de Viridovix, que la vague description de César permet d'établir à la frontière des Unelles, partout où il y a une colline, une rivière, une plaine, ce champ de bataille que M. de Gerville met au MontCastre, M. Manet près de Pordic, M. Girard au Châtellier ', c'est M. Le Franc qui le place à Champrepus : il en dresse le plan, il dessine les lignes des combattans. Voici le « quartiergénéral de Sabinus, le parc de son attirail ainsi que les fours. » Voilà « le parc des bestiaux revenant du pâturage «  ceci est la porte occidentale » cela « deux citernes et une troisième pour les bains. » Cette rivière s'appelle la Hebarbe, et à ce nom vous entendez le bardit « près de la pierre de Teutatès » ou encore la Malhairie ou le ruisseau du « Malheur ou de Mauvaise Aventure. » Le fief de Vierville, qui est à votre gauche, garde le nom de Viridovix. Cette lettre S signale l'église de Champrepus « qui a été établie après que les Romains eurent quitté la Gaule. Ils donnèrent leur camp aux Gaulois 56 ans avant J. C. « M. Le Franc termine ainsi son Mémoire: « Je désire qu'une main plus habile tire un meilleur parti que je n'en fait de la carte topographique du camp de Sabinus dessinée par M. Deschamps, consul danois à Granville. »

 

Les principales sources de cette fantastique histoire sont trois citernes, dont deux ont été comblées, et dont la troisième, aujourd'hui le puits du presbytère, est d'ailleurs assez remarquable: « Sans la découverte de ces deux belles citernes, il aurait été impossible de fixer avec certitude l'époque du camp qui avait été dressé à Champrepus. » Du reste, Cham prepus est non loin de la ligne de la voie de Cosedia à Legedia. L'église de Saint-Jean-de-Champrepus fut donnée à l'abbaye de Saint-Lo par Guillaume de Tracy, par une charte antérieure au règne de Henri n : du donateur, il reste un nom, le Bois-de-Tracy, et de cette église, il reste Y opta spicatum du chœur , deux colonnes foliées de l'intérieur, le cintre bouché de la nef, deux fenestrelles également remplies. Les deux lancettes du côté nord du chœur, et les deux du pignon oriental appartiennent aux premiers temps de l'ogive. La façade de l'ouest, le transept sud , et le côté sud de la nef datent du siècle dernier. Un vitrail montre encore de jolis restes, des dragons, et de gracieux enroulements : celui où domine le jaune doit être du xvr siècle. Une tombe porte cette épitaphe : « Icy ,'gist le corps de noble homme Gilles Gallon, sr de la Gallonnière et de Champrepus, qui décéda en 1580. » Une autre: « Icy est le corps de damoiselle Jacqueline de Venne. 1608. » Cette église vénère encore saint Pair et saint Gaud : la paroisse se rend processionnellement à leurs tombeaux tous les cinq ans , en mémoire d'une épidémie dont elle fut délivrée par eux. Le Livre Blanc a une note relative à cette paroisse, qui n'a pas d'article dans le Livre Noir: « D. Constanc. episcopus est patronus ecc. de Campo repulsus rector sohtit 40 sol. pro decima et pro capa episcopi 5 sol. et habet 8 acras terre elemosine vel cocirca. Abbas de S. Laudo percipit duas partesmedietatis decime bladwum in dicta parrochia. Et illius medietatis rector percipit terciam partem; moniales de Mortegnio percipiunt duos partes alie medietatis et dictus abbas percipit duas partes terde partis huius medietatis et rector nonam partem. » Un Radulphe de Champrepus figure , pour le xive siècle , sur le Nécrologe du Mont St-Michel. En 1648, l'église, dont le revenu était de 4001, avait pour patron l'église:en 1755, c'était le roi.

 
     
 

Église Saint-Jean-Baptiste de Champrepus.Téléversé par Xfigpower

 
         
   
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  EGLISE SAINT-JEAN-BAPTISTE
         
 

Champrepus vers 1900, CPA collection LPM 1900

 
     
 

L’église paroissiale, placée sous la protection de Saint Jean-Baptiste, le Précurseur, est d’origine romane comme l’attestent les quelques vestiges subsistants. L’arcade de l’ancien portail des XIe-XIIe siècle, à ce jour bouché, est visible au bas du mur méridional de la nef. Elle fit l’objet de travaux peu respectueux autour de 1929 qui modifièrent notamment la physionomie des baies, devenues très longues et surtout à l’intérieur où une enveloppe de briques et de plâtre, formant voûte et faux appareil régulier, remplaça les lambris de bois.

 

L’église fut placée sous le patronage de l’abbé et de religieux de l’abbaye Sainte Croix de Saint-Lô dès le XIIe. Elle appartint à l’évêque de Coutances à partir de 1278, lequel présenta des chanoines de la cathédrale.

 

Le pouillé de 1332 le confirme « Dominus Constanciencis episcopus est patronus ecclesie de Campo Repulso ». Le roi de France intervint à compter de 1665 mais nous avons la présentation de Louis Frémont à la cure confirmant à la fin du XVIIe le rôle des religieux de Saint-Lô. Mais la situation ne devait pas être aussi simple que cela car le pouillé dit de « Louis XVI » précise à la fin du XVIIIe que le patronage est en litige depuis longtemps entre les religieux de l’abbaye de Saint-Lô et le seigneur du lieu. Les gros décimateurs étaient donc les religieux de Saint-Lô et les religieuses de Mortain ; il y avait donc deux granges à dîme, celle dite de Saint-Lô et la seconde dite de Mortain.

 

L’église a commencé à prendre son aspect cruciforme à partir du XVIIe lorsqu’il fut décidé de construire une tour clocher au septentrion et une chapelle en vis à vis au midi du transept à partir du dernier tiers du XVIIIe Une pierre située au centre sous la balustrade du côté nord est gravée. Elle rend hommage en quelque sorte au curé qui finira par redresser la situation financière de la paroisse et la réalisation des travaux indispensables par cette simple signature « Frémond curé 1705 ». Cependant le maçon continue son œuvre car il est dit en « 1716 qu’on achève de charrier du carreau pour l’élever ». Il restait encore à la couvrir en 1717 car « la charpente se pourrit faute de couverture ce qui entraînera la chute des cloches ». L’archidiacre menaça « d’interdire la tour ainsi que la sonnerie des cloches pour la Toussaint si les travaux n’étaient pas faits rapidement ». La clef de voûte du clocher est illustrée d’un joli cœur millésimé de l’année 1726 pouvant correspondre à la fin des travaux.

 

La nef est plus large que le chœur. Ces proportions remontent probablement à l’origine de la construction. L’église conserve dans son ensemble plusieurs vestiges de la période romane malgré les interventions successives.

 

La maçonnerie présente un appareil en feuilles de fougères ou arêtes de poisson appelé « opus spicatum » ainsi que deux portes aujourd’hui murées de la même période. Deux fenêtres à lancettes simples du gothique primitif subsistaient également, selon certains documents, sur le flanc nord du chœur avant la construction de la sacristie.

 

L’édifice fit l’objet d’importants travaux d’augmentation aux XVIIe et XVIIIe siècles par la construction du clocher et de la chapelle. D’autres travaux la modifièrent profondément à la fin du XIXe à l’initiative de l’agent voyer du canton de Villedieu. Elle fit aussi l’objet de travaux dirigés par l’architecte départemental André Cochepain en 1929. L’église prit ainsi, au terme des différentes interventions, l’aspect éclectique que nous lui connaissons.

 

Source Wikimanche

 
     
 

Champrepus Eglise, Wikimanche