VER
  CC 34.13 DU BOCAGE COUTANCAIS
   
   FAITS HISTORIQUES
         
 

CPA collection LPM 1900

 
     
 

Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances

Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1854 et additifs de 1861

 

Ver signifie, dit-on, rivière ou bord de l'eau. On sait que la rivière la Sienne coule à Ver.

 

La paroisse de Ver, quarante ans avant la conquête, faisait partie du domaine ducal.Elle est citée parmi les terres que Richard III, duc de Normandie, donna en dot à sa fiancée : concedo ergo libi jure detali de rébus proprietatis meœ civitatem quœ appellatur Constancia… concedo quoque curtem quœ dicitur Ver super fluvium Senœ cum silvis et terris cultis et incultis.

 

Sur les listes des compagnons de Guillaume lors de la conquête, on trouve le sieur de Ver. Un écrivain anglais dit que Geoffroy de Ver figurait à la conquête parmi les chevaliers de Guillaume de Moyon. Robert, fils de Bernard de Ver, fut connétable d'Angleterre.

 

En l’année 1135, ce fut Robert de Ver qui conduisit en Angleterre le corps de Henri 1er. L'année suivante, il signa la charte de joyeux avènement qu'Etienne de Blois donna à Oxford.

 

Deux paroisses, du nom de Ver, dans la Basse-Normandie, Ver près Bayeux, et Ver près Coutances, revendiquent l'honneur d'avoir été le berceau de l'ancienne maison des comtes d'Oxford. Ver près Bayeux est plus important ; mais ce qui parait assurer les droits de Ver qui nous occupe, c'est que dans le Domesday, ou livre cadastral de l'Angleterre, à la fin du XI° siècle, Alberic de Ver est indiqué comme sous-tenant de Geoffroy, évêque de Coutances, dans les comtés où Alberic figure lui-même comme tenant en chef du roi. Quoi qu'il en soit, la famille normande de Ver est citée parmi les bienfaiteurs des abbayes de Sainte-Trinité de Caen, de Fontenay, d'Aunay, de Savigny et de plusieurs autres maisons religieuses. Elle conserva aussi des relations de parenté avec la branche anglaise. Ainsi, on voit dans des chartes normandes qu'Alberic de Ver, comte d'Oxford, abandonna, en l'année 1209, à l'abbaye de Sainte-Trinité, tous ses droits sur plusieurs manoirs qu'il avait en Angleterre, sous la condition que deux jeunes filles seraient admises comme religieuses dans ce monastère, et qu'elles seraient présentées par lui ou par les comtes ses successeurs en Normandie. On trouve encore en 1248 Geoffroy de Ver, miles, chevalier, et en 1304 Jean de Ver.

 

Cette famille a existé plus longtemps en Angleterre qu'en Normandie. Cependant, sous le règne de Henri II, duc de Normandie et roi d'Angleterre, Raoul de Ver devait le service d'un chevalier au château de Gavray. Dans le XIII° siècle, d'après le registre des fiefs de Philippe-Auguste, Guillaume de Ver, Guillelmus de Ver, devait, avec plusieursautres seigneurs, le service de trois chevaliers et demi pour la garde du même château : debent servicium trium mliitum et dimidii ad custodiam Gaure. Robert de Ver, en 1272, prêta au roi serment de fidélité pour un fief entier. Dans le XIV° siècle, la famille Louvel avait remplacé les anciens seigneurs de Ver, et la seigneurie de Ver était devenue un plein fief de haubert. Elle continuait à devoir au château de Gavray le service militaire en temps de guerre. Voici ce qu'on lit dans un acte de l'an 1327 : « Jehan Louvel escuyer tient des hoirs Fouquier Louvel par parage un fief de haubert en la paroisse de Ver et fait le dict escuyer pour le dict fieu un chevalier au château de Gavray par le temps de guerre. »

 

Au nombre des cent dix-neuf gentilshommes qui, en 1423, défendirent avec Louis d'Estouteville le Mont-Saint-Michel contre les Anglais, figure le sieur de Veir.

 

Il y avait aussi, dans le XIV° siècle, une foire à Ver; car on trouve qu'en 1395, Raoul Chaalon prenait 12 deniers de rente sur la foire Toussaint à Ver .

 

Lorsque, dans le cours du XV° siècle, Charles VII, guidé par Jeanne d'Arc, eut chassé les Anglais et reconquis son royaume, il rendit aux seigneurs qui lui étaient restés fidèles les terres et les seigneuries qu'ils avaient perdues. Alors Jehan Louvel, seigneur de Ver, fut réintégré dans tous ses domaines, et sa seigneurie, que l'Anglais Guillaume Walpon avait obtenue, lui fut rendue.