| Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1854 et additifs de 1861 La paroisse de Montaigu-les-Bois a été le berceau de la famille Montaigu, si riche et si puissante en Angleterre, et dont le duc de Manchester se fait honneur d'être descendu. Drogon de Montaigu accompagna Guillaume, lorsque ce prince, à la tète de tous les barons normands, alla conquester l'Angleterre Il prit une part si distinguée à cette conquête, que Guillaume le récompensa par la concession de plusieurs fiefs : il eut des descendants aussi bien en Normandie que dans le pays conquis.
Sa famille a possédé en Normandie la seigneurie de Montaigu-les-Bois jusqu'à la mort de Sébastien de Montaigu, arrivée à Saint-Germain-en Laye, dans les premières années du XVIII° siècle. Sébastien de Montaigu étant décédé sans postérité, sa seigneurie passa dans la famille des Poilvillain, comtes de Cresnay, par le mariage de sa sœur avec Georges de Cresnay. | | Montaigu-les-Bois, CPA collection LPm 1900 | |
| Plusieurs membres de la famille de Montaigu se distinguèrent au service de la France sous le règne de Philippe-Auguste, de Philippe-le-Hardi et de Philippe-le-Bel. On en vit, à la bataille de Poitiers, combattre contre leurs parents d'Angleterre.
Un des membres de la famille anglaise, Guillaume de Montaigu, épousa la belle comtesse de Salisbury, pour l'amour de laquelle Edouard III institua l'ordre de la Jarretière . En parlant de Guillaume de Montaigu et de Gautier de Mauny, qui combattaient pour Edouard, roi d'Angleterre, contre les Ecossais, le chroniqueur Froissard dit : « Ils étoient demeurés pour tenir la frontière plusieurs apperts chevaliers, bacheliers et escuyers, entre lesquels messire Guillaume de Montaigu et messire Gautier de Mauny sont bien à rementevoir (à rappeler). Ils faisoient souvent de hardies entreprises, de belles chevauchées, dont ils acquirent grand grâce devers le roi et les barons d'Angleterre. »
Sous le règne de Henri II, duc de Normandie et roi d'Angleterre, Roger de Montaigu devait le service militaire au château de Gavray. Lorsque Philippe-Auguste réunit la Normandie au royaume de France, Guillaume de Montaigu devait, avec deux autres seigneurs, le service de trois chevaliers et demi pour la garde du même château : ... et Guillelmus de Monte acuto debent servicium trium militum et dimidii ad custodiam castrie de Gaureio, quando rex est in exercitu.
La famille de Montaigu continua à être tenue de faire le service, ainsi que nous l'apprend un acte de 1327, dans lequel on lit : | | | | « Guillaume de Montagu tient du roy nostre sire le quart d'un fieu de chevalier assiz en la paroisse de Montagu et le tient du roy nuement et en doit service au chastel de Gavray 10 jours à la seconde porte du dict chastel en temps de guerre et pour ycelui service prent le dict Guillaume à la forêt de Gavray pour son arde (chauffage) pour le dict fief de Montagu cest assavoir de chacun arbre où il y a trois… si son coupeur y pouvet avenir de dessus la roè de la charrette o une coignée de trois pieds et demi de manche. Item tout bois qui ne porte fruit et feuille il pouvet couper par pied et fait ces choses tous les jours de lan le dict Guillaume par toute la forée. Item le panage de ses porcs franc et quitte pour lusage de son hôtel par toute la forêt. Item tous ses hommes quittes ès foires et marchés de Gavray et pour ycelle quittance des dicts hommes le roy prent 5 s. de rente le jour St. Martin desté sur le dict fieu de Montagu et sont payés par la main du prévost. Item les dicts hommes sont quittes au moulin fouleur de Gavray par un denier de chacune verge de drap. Item le dict Guillaume est patron de l’eglise de Montagu et de la chapelle du manoir au dict Guillaume laquelle est annexée à leglise de la ville et vaut 35 liv. au dixiesme. Item ce que le. dict Guillaume a en la foire de Gavray vaut tant pour luy que pour ses gens 25 liv. tournois bon an mal an. » | | On ne retrouve à Montaigu-les-Bois aucunes traces d'un ancien château fort. Ce qu'on nomme l'ancien château est sur un terrain uni, et n'a jamais dû présenter un point de défense. Le manoir est placé près d'un petit ruisseau dont les eaux remplissent l'étang. J'ai rencontré dans M. l'abbé Lefevre, curé de Montaigu-les-Bois, lorsque je visitai son église, et appelé depuis à la cure de Saussey, un guide aussi instruit qu'obligeant. Il m'a fourni des renseignements fort intéressants, et je le prie d'en recevoir mes remerciements sincères. | |