MONTAIGU LES BOIS
  CC 34.10 DU BOCAGE COUTANCAIS
   
  EGLISE SAINT MARTIN
         
 
© Marie-Thérèse MAROCCO Clocher de France
 
     
 

Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances
Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1854 et additifs de 1861


L'église se compose du chœur, de la nef et de deux chapelles.

La nef est du XIV° siècle, ou de la fin du XIII°. Les fenêtres qui l'éclairent sont les unes à ogive, longues et étroites, et les autres à deux baies, divisées par un meneau, et le centre de l'arcade est rempli par une rose polylobée. C'est assez la forme des fenêtres de la fin du XIII° siècle ou des premières années du XIV°.

Le chœur et la nef sont voûtés en bois, mais la voûte du sanctuaire est en pierre. Cette partie de l'église annonce ainsi l'opulence des seigneurs de Montaigu, qui comme patrons, devaient, d'après l'usage, construire et entretenir le chœur de l'église. Cette construction dut avoir lieu dans le XV° siècle. Les poutres transversales .qui soutiennent la voûte de la nef portent les millésimes de 1604 et de 1748.

Les deux chapelles sont postérieures à la nef. Elles sont l'une et l'autre voûtées en pierre, et les fenêtres qui les éclairent sont rondes.

La tour de forme carrée et couronnée par un toit en bâtière, est placée à l'extérieur et du côté sud de l'église. Son mur occidental est percé d'une fenêtre dont l'arcade polylobée est surmontée d'un-petit fronton. Cette tour n'est pas antérieure au XV° siècle.


La sacristie est établie entre l'autel et le mur absidal, et s'accède par deux portes, l'une à droite et l'autre à gauche de l'autel.

Chaquè porte est surmontée d'un écusson chargé d'armes; du côté de l'évangile sont celles des Montaigu qui étaient d'argent à deux bandes de sable accompagnées de sept coquilles de même. Celles du côté de l'évangile sont d'argent à l’arbre de sinople.

 

On remarque encore sur les murs extérieurs de l'église la bande seigneuriale qui n'a plus de valeur aujourd'hui que comme souvenir historique.

La croix du cimetière est du XVII° siècle. Elle fut érigée par Jacques Lucas, alors curé, au mois de mars 1643. Un bel if couvre de son ombrage les restes de ceux qui reposent sous la protection de cette croix : il s'élève à une hauteur de 17 à 18 mètres.

 
     
 

L'ancienne cloche portait l'inscription suivante :

 

J'AI ÉTÉ NOMMÉE ....... PAR M.
SEBASTIEN DE MONTAIGU COMTE DE MONTAIGU,
SOURDEVAL, LORBEHAYE ET AUTRES SEIGNEURIES,
CAPITAINE DE CAVALERIE DANS LE RÉGIMENT DE
ROMAINVILLE, ET PAR NOBLE DAME
JEANNE MARGUERITE DE BEAUFILS
SON ÉPOUSE, FILLE DE MESSIRE
CHARLES FRANÇOIS DE BEAUFILS, MARQUIS DE
ROMAINVILLE, BRIGADIER GÉNÉRAL DES
ARMÉES DU ROI, MAISTRE DB CAMP D'UN
RÉGIMENT DE CAVALERIE, CHEVALIER DE
L'ORDRE DE SAINT LOUIS, ET BENITE PAR
Me MICHEL LEMERCIER, PRESTRE
CURÉ DE CE LIEU, EN 1693.

 

Sur-la cloche actuelle, on lit:


L'AN 1840 J'AI ÉTÉ BÉNITE PAR M.
ETIENNE BOUSSARD, CURÉ DE CETTE PAROISSE,
EN PRÉSENCE DE MM. LEHODEY LAVILLIÈRE,
MAIRE, AUBERT, ADJOINT, ET NOMMÉE
ANNE CHARLOTTE VIRGINIE,
PAR M. PIERRE VICOMTE BONNEMAINS
LIEUTENANT GÉNÉRAL, INSPECTEUR GÉNÉRAL
DE CAVALERIE, GRAND OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR,
COMMANDEUR DE L’ORDRE MILITAIRE DE
St. LOUIS, GRAND CROIX 4ème CLASSE
DE L'ORDRE MILITAIRE DE St. FERDINAND D'ESPAGNE,
CHEVALIER DE LA COURONNE DE FER D'ITALIE,
MEMBRE DE LA CHAMBRE DES DÉPUTES
ET PAR MADAME ANNE CHARLOTTE
VIRGINIE CALISTE DE LAITRE DE TILLY SON ÉPOUSE.
LES FRÈRES GRENTE DE HAMBYE M'ONT FAITE.

 
         
 

On voit sur cette cloche les armes de la famille de Bonnemains, qui sont de sinople à deux tours d'argent à la cotice d’or, chargée de trois étoiles d’azur, adextrée d’un lion couché d’or, soutenu de deux sabres d’argent à poignée d’or, renversés et croisés en sautoir ; bordure de gueules. L’église possède un calice en argent qui porte en exergue sur le pied : LE LIEUTt Gal BONNEMAINS A L’EGLISE DE MONTAIGU. 1840

J’ai relevé dans l’église plusieurs inscriptions tumulaires : Memento mort...

 
         
   CY GIST LE CORPS DE
M° JACQUES LUCAS Ptre CURE DE CE LIEU
DECEDE LE 13e JOUR DE JUILLET 1643

CY GIST LE CORPS DE Me MICHEL LEMERCIER
PRESTRE CURE DE MONTAIGU DECEDE LE 24 AVRIL 1711
OMNIA SUA DEDIT PAUPERIBUS ET ECCLESIAE

CY GIST MADELAINE BLOUET
DECEDEE LE 16 MARS 1735

CY GIST LE CORPS DE Me THOMAS
PREVEL PRESTRE
DECEDE LE 2 7bre 1741 AGE DE 66 ANS
PA – AVE CY GIST LE CORPS DE GEORGES PREVEL
QUI DECEDA
LE QUATRIEME DE JANVIER 1703
 

PIERRE LECOYESONNOYS
CURÉ AOUST L’AN 1622 PATER NOSTER

 

CY GIST LE CORPS DE GUILLAUME DUFOUR
CURE ET TITULAIRE DE LA CHAPELLE NOTRE DAME
DE CE LIEU DECEDE LE 3 FEVRIER 1721

TOMBEAUX DE RICHAR PREVEL DECEDE LE 28
MARS 1739 AGE DE 58 ANS
PA + AVE

ET DE ANTOINETTE BOSQUET
SON EPOUSE DECEDEE LE 30 AOUT 1764 AGEE
DE 71 ANS. Pr


 
         
 

On voit dans le chœur la pierre tombale de


LEONOR ELISABETH DE POILVILLAIN
FEMME DE GUILLAUME LOUIGLU
CONSEILLER DU ROI, GARDE DES SCEAUX
DU BAILLIAGE DE COTENTIN A COUTANCES
L'AN 1696.
 
     
 

Il existe sous l'église de Montaigu un caveau qui servait de lieu de sépulture aux seigneurs de Montaigu et aux membres de leur famille. Il a la forme d'un trapèze, et se prolongea partir du milieu du chœur jusque sous la chapelle septentrionale. Sa longueur, vers l'ouest, est de 6 m 92 c, vers l'est, de 8 m 19 c, et sa largeur est de 4 m 38 c. Il est éclairé par deux soupiraux donnant sur le cimetière. L'escalier qui y conduit a son entrée dans le chœur. On y remarque des chantiers en pierre dans lesquels étaient scellées des barres de fer sur lesquelles on déposait les cercueils en plomb, après les avoir descendus à l'aide de crochets en fer retenus à la voûte. Des lampes suspendues à cette voûte restaient allumées pendant les quarante jours qui suivaient la sépulture des seigneurs de Montaigu. Les registres de l'église indiquent quels sont ceux qui, dans les XVII° et XVIII° siècles, ont été inhumés dans ce caveau. Ce sont les quatre enfants de messire Sébastien de .Montaigu et de noble dame Jeanne-Marguerite de Beaufils, son épouse. On y déposa aussi, en l'année 1715, le cœur de Sébastien de Montaigu, mort à Saint-Germain-en-Laye, et en 1775, le corps de Louis-Anne de Poilvillain.

L'église est sous le vocable de saint Martin. Elle était comprise dans l'archidiaconé du Val-de-Vire et dans le doyenné de Gavray. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure, qui était taxée à 30 livres pour décime. Le curé était seul décimateur dans le XIII° siècle, et il le fut jusqu'à la fin du XV°; mais alors Geffroy Herbert, évêque de Coutances, donna les dîmes de la paroisse de Montaigu et celles de plusieurs autres paroisses à la commune capitulaire.

Il y avait dans le château une chapelle que Richard de Montaigu avait fondée dans le cours du XIII° siècle, et qu'il avait dotée de revenus que recevait le curé. Je ne l'ai point visitée; mais elle existe encore, et a été depuis quelques années transformée en bâtiment d'exploitation : elle était sous l'invocation de Notre-Dame.

 
     
 

© Marie-Thérèse MAROCCO Clocher de France