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FAMILLE MORANT Les titres de la famille Notice généalogique sur la maison de Morant, Chagnaud, Paris - 1907
Les Morant ont été seigneurs de nombreuses terres, mais ont porté finalement assez peu de titres.
Barons, puis marquis du Mesnil-Garnier par lettres patentes de 1658, barons de Courseulles, puis de Coulonces, voilà les principaux. L'érection en marquisat du Mesnil-Garnier reste la plus emblématique.
Thomas Morant, qui mourut en 1621 à Paris en son hôtel de la rue de Jouy, avait acquis en 1600, la seigneurie du Mesnil Garnier, sise en Normandie, non loin du château royal de Gavray |
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Donnons quelques détails sur cette terre, dont les chevaliers de Morant devaient tirer leur titre de baron puis de marquis. Du XIIe au XIVe siècle, le Mesnil Garnier fut la propriété de la famille de Thieuville ou de Thiéville. Les seigneurs du Mesnil Garnier faisaient, en raison de leur fief du Mancel, le service au château de Gavray (château fort très important, situé sur une colline abrupte) ; il devait, en cas de guerre, garder la mestre porte, les autres portes étant confiées à la garde des seigneurs de Hambrye, de Ver, de Beauchamp, de la Roche-Tesson, etc. En 1327, Guillaume de Thieville, évêque de Coutances était seigneur du Mesnil Garnier ; l'annuaire de la manche (1854) a reproduit un très curieux aveu féodal passé par lui à cette époque.
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La famille de Morant resta propriétaire de cette seigneurie pendant plus d'un siècle. En 1700, elle appartenait encore à Thomas Alexandre Morant, premier président du parlement de Toulouse, arrière-petit-fils de l'acquéreur de 1600, qui fit faire au château d'importantes réparations. Mais en 1714, le Mesnil Garnier était aux mains du receveur général des finances de Caen, Rollée, qui ne le conserva du reste que peu d'années. Car en 1624 furent revendues par décret ledit dit maître Rollée, en la Cour des comptes, aides et finances de Normandie, "les terres et seigneuries du marquisat du Mesnil Garnier et baronnie de Ducé." Elles furent adjugées le 24 janvier à un sieur André, créancier dudit Rollée de la modeste somme de 2.400.000 livres. Mais celui-ci, par suite d'une baisse considérable des espèces, ne se trouva pas en état de consigner le prix de son adjudication et y subrogea, par acte de rétrocession du 22 septembre 1725, "Joseph Bonnier, écuyer seigneur baron de la Mosson, maréchal général des camps et armées du roi, conseiller secrétaire de sa Majesté, maisons et couronne de France et de ses finances, trésorier général des états de la province du Languedoc." |
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Celui-ci consigna aux mains du receveur des consignations "la somme de 665.000 livres, prix entier de ladite adjudication, au profit commun des terres du Mesnil Garnier, Soulles, Ducé, Chérenée, Le Héron, Pommereu et autres en dépendant "... et, en raison d'une opposition faite par les créanciers dudit sieur Rollée, demanda à la cour des comptes et des finances de Normandie de l'envoyer en possession, propriété et jouissance des terres adjugées," ce qu'il obtint par un arrêt rendu le 28 septembre 1725. Le montant de l'adjudication peut donner une idée de l'importance des terres du Mesnil Garnier et dépendances. Le marquisat du Mesnil Garnier était en 1739, la propriété de messire Michel Dalbert-Dailly, duc de Préquigny, pair de France, par suite de son mariage avec la soeur du baron de la Mosson. En 1756, il était aux mains du duc et de la duchesse de Chaulnes.
De 1768 à 1789, il appartint à "messire Sébastien de Poilvilain, comte de Cresnay, seigneur marquis du Mesnil Garnier, Ducé, la Trinité, Saint-Thual et autres seigneuries, maître de camp de cavalerie, guidons des gens d'armes de la garde ordinaire du roi ". Devenu propriété nationale en 1789, le Mesnil Garnier fut acheté par la famille Cambioso de Gênes. En 1828, le général vicomte de Bonnemains acquit le domaine du Mesnil Garnier, et le comte de Semallé, celui de Ducé. Les autres fiefs avaient été morcelés et vendus pendant la révolution. Le Mesnil Garnier est aujourd'hui la propriété de Monsieur Jules Tétrel, conseiller général de la Manche qui a eu l'obligeance de nous fournir de très intéressants renseignements et de nous faire de curieuses communications de pièces et titres en sa possession.
Combien est regrettable la destruction du vieux château, destruction imputable aux Cambioso et non, comme le dit l'Annuaire de la Manche, aux comtes de Cresnay ! Que de souvenirs historiques ont ainsi disparu à la fin du XVIIIe siècle et au commencement du XIXe ! À 800 m du château était un couvent de Dominicains, qui avait été construit en 1619 par Thomas Morant et qui, lui aussi n'existe plus. Il avait été édifié avec les pierres provenant des fonds des douves et avec des blocs de granit amenés de carrières éloignées. Autour d'une cour intérieure s'étendait un cloître en granit avec voûte en plein centre, qui supporte le premier étage. La révolution détruisit une partie du couvent : le surplus existait encore il y a vingt ans en bon état. Mais son dernier propriétaire par une bizarre idée que peut seule expliquer son état maladif avait ordonné dans son testament de tous raser, et cette condition insensée a malheureusement été trop fidèlement exécutée.
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