LE MESNIL-GARNIER
  CC 34.07 DU BOCAGE COUTANCAIS
   
  EGLISE SAINTE-ANNE
         
 

L'église Sainte Anne vers 1900.

 
   
 

Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances

Source : Renault, « Annuaire du département de la Manche »

1854 et additifs de 1861

 

L'église appartenait primitivement à la période romane; mais, aujourd'hui, elle a en partie perdu son premier caractère. Ses deux chapelles, l'une au sud et l'autre au nord, lui donnent la forme d'une croix. Ce qui prouve qu'il y a eu une église plus ancienne que celle actuelle, c'est que le long des murs intérieurs de la nef on a conservé des consoles qui sans doute soutenaient les arceaux de l'ancienne voûte. Ces consoles sont ornées de têtes à figures humaines et de moulures ressemblant à des pommes de pin. Les colonnes soutenant les arcades qui mettent le chœur et les chapelles en communication avec la nef ont aussi leurs chapiteaux ornés.

 

Dans le mur méridional du chœur, on remarque une porte romane cintrée, aujourd'hui bouchée, dont l'archivolte est ornée d'un cordon de zigzags, et repose sur des chapiteaux qui offrent pour ornements des figures grimaçantes, des fleurs et des espèces de pommes.

 

Le chœur et la chapelle méridionale ont été voûtés en pierre dans le XVII° siècle, comme l'indiquent les dates de 1626 et 1665 qu'on y lit. La voûte de l'autre chapelle est plus ancienne. La forme des tores et des canelures parait appartenir au XIV° siècle.

 

Les murs du chœur et ceux des chapelles sont à pans coupés. Sur ceux du chœur, les contreforts sont appliqués sur les angles, ce qui donne à penser que ces murs ont été refaits dans le XV° ou XVI° siècle. Les contreforts qui tapissent les murs sont peu saillants; peut-être les a-t-on replacés sur les murs reconstruits tels qu'on les avait trouvés sur les anciens murs.

 

La nef est voûtée en bois. Toutes les fenêtres qui éclairent l'église n'ont aucun caractère.

 

La tour est carrée, surmontée d'une petite flèche octogone, dont une partie a été détruite par la foudre. Aux quatre angles sont quatre petits clochetons ou tourillons, sans fenêtres ni ouvertures. La sacristie est placée derrière l'autel. On y entre par deux portes donnant sur le sanctuaire, à droite et à gauche de l'autel.

 

Les colonnes de l'autel sont ornées de petites figures, de grappes de raisin dont des oiseaux becquetent les grains.

 

On voit dans cette église plusieurs pierres tumulaires portant les dates de 1660 et de 1676. Les inscriptions sont ou effacées ou en partie cachées. Dans le chœur, on lit:

 
     
 

CY GIST LE CORPS

DE DISCRÈTE P.

JEAN LE JOLIVET

P. CURÉ DE CE LIEU QUI

DÉCÉDA LE SIX DE NOVEMBRE

1704.

 

CY GIST M°

FRANÇOIS HINET VICre

DE CE LIEU M° ES-ARTS

ET GRADUÉ DÉCÉDÉ

LE 26 JANVIER 1726

AGÉ DE 27 ANS.

 

Dans la chapelle méridionale, au pied des marches de l'autel, on lit:

 

ICY GIST LE CORPS DE M°

JEAN DESFONTAINES ptre

CURÉ DE BAYOLET DÉCÉDÉ

 
 
 

LE 20 NOVEMBRE 1680.

 

 

 
     
 

Sur l'un des murs de cette chapelle, dans un petit encadrement, on remarque une inscription relative à une fondation. Je l'ai ainsi relevée :

 

PIERRE DANIN FILS

JACQUES A DONNÉ 6 LIVRES

DE RENTE FONSIÈRE

A L'EGLISE DE CÉANS

PAR CONTRA PASSÉ

POUR DIRE 4 MESSES AVX

2 — LUNDI DE LA PASSION

ET 4 LIBERA QUI SE

DISENT AUX 4 FESTES

SOLENNELLES DE LAN

DONT Y EN A 16 SOYEZ

POUR LES CLERCS ET 20

SOYEZ POUR LES PAUVRES

PRIEZ DIEU POUR LUY.

1629.

 

Dans le cimetière, près le mur méridional de la nef, on remarque un tombeau en pierre de granit d'un bon goût et d'une grande simplicité, sur lequel on lit :

 

ICI REPOSE

PIERRE VICOMTE DE BONNEMAINS

GÉNÉRAL DE DIVISION, PAIR DE FRANCE,

ANCIEN DÉPUTÉ DE LA MANCHE,

GRAND OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR,

COMMANDEUR DE L'ORDRE DE St. LOUIS,

CHEVALIER DE LA COURONNE DE FER,

GRAND-CROIX DE St. FERDINAND D'ESPAGNE

ET DE L'ÉPÉE DE SUÉDE,

NE A HEAUVILLE LE 13 7bre 1773,

DÉCÉDÉ MAIRE DU MESNIL-GARNIER

Le 9 9bre 1850.

DE PROFUNDIS

 
         
 

L'église est sous l'invocation de sainte Anne. Elle dépendait de l'archidiaconé du Val-de-Vire et du doyenné de Gavray, et payait 56 livres pour décime. Dans le XIII° siècle, le patronage appartenait à Maître Radulphe de Thieuville. Le curé percevait tout sur la terre aumônée. Dans le cours du siècle suivant, Guillaume de Thieuville, évêque de Coutances, était seigneur et patron du Mesnil-Garnier.