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La Place Hambye en 1908, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1854 et additifs de 1861 On a trouvé à Hambye de ces instruments en bronze qu'on désigne ordinairement sous le nom de coins ou haches, et qui sont antérieurs à l'époque gallo-romaine. Le château de Hambye a toujours été possédé par de puissants barons.
Sur les listes des seigneurs normands qui jouèrent un rôle important lors de la conquête de l'Angleterre, on lit les noms de Raoul et de Guillaume Paynel : ils appartenaient l'un et l'autre à l'une des plus riches et des plus grandes familles de la province. Guillaume-le-Conquérant, voulant récompenser Raoul Paynel des services qu'il en avait reçus, lui concéda en Angleterre un grand nombre de seigneuries dans divers comtés. On lit qu'il en avait jusqu'à 45 dans celui d'York.
Cette famille donna son nom à plusieurs paroisses, et les seigneuries qu'elle avait en Normandie étaient aussi nombreuses que les concessions qu'elle avait obtenues en Angleterre. Ainsi, elle posséda avec Hambye les seigneuries d'Agon, d'Ouville, de Regnéville, Chanteloup, Bricqueville-les-Salines, Lingreville, la Haye-Pesnel, Percy, Moyon, d'Agneaux, et plusieurs autres.
On trouve au nombre des seigneurs et chevaliers normands qui, sous Philippe-Auguste, avaient le droit de porter bannière , Foulques et Jean Paynel. L'un et l'autre prêtèrent serment au roi dans une grande assemblée qui eut lieu à Rouen, au mois de novembre 1205.
Parmi les barons normands renommés dans le XIV° siècle, et à la fin du XIII°, figurent le sire de Hambye, Jean Paynel de Marcey, Paynel de Moyon. Fouques Paynel, Raoul Paynel, Guillaume Paynel d'Agon, Guillaume Paynel de Bracqueville, et Thomas Paynel.
La seigneurie de Hambye, à cette époque, valait 1 200 livres de revenu; c'est ce que nous apprend un acte de l'an 1327, dans lequel on lit : « M. Fouquier Paenel chevalier tient Hambye et ses appartenances cest assavoir Bréhal Ouville Hauteville Courtil en la vicomté d'Avranches et valent les choses dessus dites autant comme il en demeure en sa main environ 1200 liv. de revenus. »
Ce Fouquier Paynel figure au nombre des cinquante nobles seigneurs normands qui, en 1339 , revêtus des pouvoirs et procurations des prélats et gens d'église des autres nobles des citoyens habitants des villes et de tout le commun peuple de Normandie, s'engagèrent par un traité fait devant notaire à fournir pendant dix semaines 4 000 chevaliers, hommes d'armes, et 2 000 hommes de pied, pour aider au roi de France à faire, au nom de Jean, son fils, duc de Normandie, la conquête du royaume d'Angleterre; parce que Jean en serait proclamé roi, et que ceux qui l'auraient accompagné obtiendraient des concessions dans le pays conquis. Cet acte prouve combien était grande la haine des Normands contre l'Angleterre, puisqu'ils en voulaient faire une seconde fois la conquête.
Après Foulques Paynel, on trouve Jehan Paynel, qui était chevalier, capitaine de la frontière des pays de Normandie; et Guillaume Paynel, chevalier, sire de Hambye, aussi capitaine commis et establi par le roi ès parties du Costentin.
Le château de Hambye était trop important pour n'être pas attaqué par les ennemis de la France. Aussi, en 1362, les Anglais et les soldats du roi de Navarre l'occupaient et y avaient une garnison. Les chefs qui les commandaient les envoyaient chevaucher de jour en jour sur la ville de Saint Lo, prenant gens d'icelle ville, emmenant plusieurs personnes tenues en leurs fors, et avec ce les marchands fréquentant la dite ville de Saint Lo ont été par eux dérobés de. leurs draps et autres biens. Aussi, par un « mandement du 17 juin 1362, des élus de par le roi en la cité de Rouen, sur le fait de l'aide ordonnée à lever pour la délivrance du roi, fut-il enjoint à ceux du diocèse et cité de Coutances, pour qu'ils aient à rabattre la somme de 200 livres tournois sur la ferme des draps de la ville de Saint Lo, dont les marchands avoient été pillés, emmenés prisonniers et même mis à mort par les Anglois et Navarrois de la garnison de Hambye. »
Un Guillaume Paynel, baron de Hambye et seigneur d'Ollonde, ayant épousé, dans le cours du XIV° siècle, Jeanne Bertrand , de la puissante famille de Bricquebec, se trouva possesseur de la baronnie de Bricquebec et des domaines étendus qui en dépendaient. Ils eurent un fils du nom de Guillaume, qui posséda, après eux, les châteaux de Hambye et de Bricquebec, et les laissa à son fils, aussi nommé Guillaume.
Ce Guillaume épousa une de ses parentes, fille d'Olivier Paynel, seigneur de Moyon. Il ajouta, par cette alliance, la grande baronnie de Moyon à celles que déjà il possédait. Cet Olivier Paynel avait eu pour femme Isabelle de Meullan du Neufbourg, dame du Mesnil-Patry.
Nicolas Paynel,.fils de Foulques Paynel et d'Agnès de Chanteloup, épousa, vers l'année 1393, Jacqueline de Varenne, veuve de Raoul Tesson, seigneur du Grippon. Ce Nicolas Paynel et Foulques Paynel partagèrent, en 1413, la succession de leur frère Jean Paynel, mort sans enfants. Voici quelques passages de l'acte de partage :
« A tous ceux qui ces présentes lettres verront Jean Boivin clerc garde des sceaux des obligations de la vicomté de Coutances salut. Scavoir faisons que par devant Jean Lengronne tabellion juré et commis au siège de Cenilly ce sont les partyes d'héritages que fit messire Nicole Paisnel chevalier seigneur de Moyon a monsire Foulques Paisnel chevallier seigneur d’Hambye et de Bricquebec des héritages qui leurs sont eschus de la mort et succession de feu monsire Jean Paisnel chevallier sire du Mesnil Ceron leur, frère. »
Suit le détail de tous les biens qui composent chaque lot:
« On voit que le premier lot demeura par non choix à monsire de Moyon et quant à ce que dit est les dits chevalliers chacun en son fait obligèrent eux et leurs hoirs et tous leurs biens présents et à venir en témoing de ce nous gardien des sus dits à la relation du dit juré nous avons mis à ces lettres le scel dessus dit sauf autruy droit. Ce fut fait en la présence de monsire Charles de Dinan et monsire' Guillaume de la Haye chevalliers le quatrième jour d’octobre l’an de grâce mil quatre cent treize. »
En l'année 1421, il y eut une revue de la garnison du Mont-Saint-Michel ; on y vit paraître entre les chevaliers messire Nicolle Paisnel banneret. Ailleurs on lit: La monstre de messire Nicolas Paynel chevalier banneret et quatre chevaliers bacheliers et quatorze escuyers de sa chambre…. | ||||||||||||
L'Abbaye de Hambye , CPA collection LPM 1960 | ||||||||||||
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La Chaussée Hambye en 1908, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
Un Nicolas Paynel, peut-être celui qui figura à la revue, épousa Jeanne de la Champagne, baronne de Gacé. Il n'en eut pas d'enfants, et laissa son immense fortune à Jeanne Paynel, restée l'unique héritière de cette riche et puissante famille. Jeanne, en épousant le sire Louis d'Estouteville, dont les aïeux avaient aussi figuré à la bataille d'Hastings avec les Paynel et les Bertrand, lui apporta en dot les baronnies de Hambye, de Bricquebec, de Gacé et de Moyon.
Le sire d'Estouteville ne devait pas jouir longtemps de ses nombreux domaines. L'année même de son mariage fut livrée cette sanglante bataille d'Azincourt, si funeste à la France. Henri V, roi d'Angleterre, se fut bientôt rendu maitre de la capitale et des deux tiers des provinces. Il se jeta sur la Normandie, et s'empara de plusieurs villes. Ce fut Nicholle Paynel, gardien de Coutances, qui, après capitulation, rendit cette ville au comte de Hantitonne, qui commandait les troupes anglaises.
Louis d'Estouteville, sire de Hambye, était alors gouverneur du Mont-Saint-Michel. Secondé par 119 braves gentilshommes qu'il commandait, il conserva cette forteresse à son prince légitime contre les Anglais, qui, en l'année 1423, s'assemblèrent en bon nombre vinrent poser le siège devant iceluy tant par mer que par terre. Au nombre des cent dix-neuf braves on trouve le sieur Paisnel.
Henri V s'empara des domaines de Louis d'Estouteville. Jehan de Soule, écuyer de messire Philippe de la Haye, chevalier et capitaine de Hambye, rendit le château aux Anglais, commandés par le comte de Glocester, qui permit à la garnison de sortir et de se retirer.
Le roi, le 13 mars 1418, donna la baronnie de Hambye et celle de Bricquebec à Guillaume de la Pole, comte de Suffolk, un de ses plus grands capitaines. Voici les termes de celte donation, datée de Bayeux :
« Henri, par la grâce de Dieu, roi de France et d'Angleterre, seigneur d'Irlande, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Faisons savoir que de notre grâce spéciale, et à cause des bons et loyaux services que notre très-cher parent Guillaume, comte de Suffolk, nous a si admirablement rendus jusqu'à ce jour, nous lui donnons et concédons les châteaux et domaines de Hambye et de Bricquebec, avec leurs dépendances et tous les autres fiefs héréditaires, terres, possessions qu'a eues Fouques Paynel chevalier mort dans notre duché de Normandie, pour en jouir lui le dit comte et ses héritiers de mâle en mâle avec les dignités, franchises, droits, donations quelconques, appartenant aux dits châteaux, domaines, ainsi qu'aux fiefs héréditaires et autres possessions, situés dans notre duché de Normandie, de la même manière qu'en jouissait le dit Fouques ou tout autre, à charge d'hommage à nous et à nos héritiers, et de nous fournir à perpétuité un cavalier armé le jour de la fête Saint-Georges, à notre château de Cherbourg, nous réservant la haute justice et tout autre droit qui nous appartient ou pourrait nous appartenir. Parce que encore le dit comte ou ses héritiers nous fourniront à leurs frais six hommes armés et douze arbalétriers pour chevaucher avec nous, nos héritiers, ou notre lieutenant, tant que durera la présente guerre, parce que la guerre finie, il ne fera plus ce service qu'en partie…
En foi de quoi nous avons rendu publiques les présentes lettres. Donné dans notre ville de Bayeux, le 13ème jour de mars, et de notre règne la cinquième année »
Le comte de Suffolk était encore seigneur de Hambye en 1427. Dans un acte de cette époque, il prend les titres de comte de Suffolk et de Dreux, seigneur de Craon, Bricquebec et Hambye. Il parait que tant que dura la domination anglaise, il serait resté maître de la baronnie de Hambye, et qu'il l'aurait possédée jusqu'après la bataille de Formigny , qui fut bientôt suivie de l'expulsion entière des Anglais du territoire français. Ce furent le duc de Bretagne et le connétable de Richemont qui reprirent le château de Hambye et en chassèrent les Anglais, au mois de mai 1450.
Charles VII, redevenu maitre de son royaume, rendit à Louis d'Estouteville, qui lui était resté fidèle, le château et la baronnie de Hambye, avec les seigneuries de Percy, de Moyon, de Chanteloup et de Bricquebec.
Quoique les Anglais eussent perdu toutes les forteresses qu'ils occupaient dans le Cotentin, cependant il leur restait encore dans le pays, et notamment à Hambye et à Chanteloup, plusieurs compagnies de troupes qui inquiétaient les habitants. Elles reçurent injonction de se retirer, et elles abandonnèrent leur position dans le délai de dix jours qui leur avait été accordé.
Louis II d'Estouteville, baron de Hambye et de Bricquebec, seigneur de Vallemont et de Hottot, était grand sénéchal de Normandie en 1467. Louis I d'Estouteville l'avait été en 1413.
Pendant les troubles du XVI° siècle, le château de Hambye a dû jouer un rôle; mais je n'ai trouvé aucun fait historique précis, et même la tradition est très-incertaine.
La seigneurie de Hambye, depuis la fin des guerres civiles, perdit peu à peu son ancienne importance. Adrienne d'Estouteville, fille et unique héritière de Jean d'Estouteville, avait apporté en mariage, en l’année 1534, à François de Bourbon, comte de Saint-Paul, fils puîné de François de Bourbon, comte de Vendôme, la baronnie de Hambye.
Léonor d'Orléans, duc de Longueville et d'Estouteville, ayant, en 1563, épousé Marie de Bourbon, se trouva seigneur de Hambye.
On voit qu'à la fin du XVII° siècle, la châtellenie de Hambye appartenait à la duchesse de Longueville, et qu'ensuite elle fut possédée par la duchesse de Némours. Alors, elle s'étendait sur une partie de Bourrey, du Loreur, de Montmartin, de Hauteville-sur-Mer, de Cérences, en entier sur Bréhal et Hudimesnil, et elle était d'un revenu de 10 à 12 000 livres.
La baronnie et la seigneurie de Hambye devinrent, en l'année 1725, la propriété des Matignon de Thorigny, qui, vers la fin du règne de Louis XIV, avaient changé leur nom pour celui de Grimaldi, et qui, plus tard, par suite d'un mariage, prirent le nom, les armes et les titres du prince de Monaco, duc de Valentinois. Un arrêt du Conseil du roi de 1726 porte union des fiefs et de la baronnie de Hambye au comté de Thorigny en faveur de M. de Matignon .
Il y avait, dans le XVII° siècle, à Hambye, deux fiefs nobles. Le fief de la Châtellenie de Hambye, avec extension sur Percy, Montabot, Chevrv et Ouville, appartenait au duc de Longueville.
L'autre, nommé le Fief de l'Abbaye, était possédé par l'abbé et les religieux de Hambye.
En l'année 1652, les cinq traits ou provostés du Moustier, de Trouey, d'Amonthambye, du Bourg et du Mesnil-Gonfroy. sis en la paroisse de Hambye, et dépendant de la châtellenie du même nom, se composaient : le premier trait, de seize fiefs; le second, de vingt-quatre; le troisième, de vingt-un; le quatrième, de vingt-six; et le cinquième, de vingt-six.
On comptait aussi à Hambye, à la même époque, quatre moulins. Le duc de Longueville avait ceux de Mauny et de la Chaussée. Chacun d'eux était banal, et leur revenu était de 800 livres. Celui des religieux, banal aussi, valait 300 livres.
C'est sans doute le moulin qu'on voit à peu de distance des bâtiments de l'abbaye. Un moulin à foulon rapportait 60 livres. | ||||||||||||
La scierie Burnel Hambye , CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||