HAMBYE
  CC 34.04 BOCAGE COUTANCAIS
   
  LES TOILES DE HAMBYE
         
   
         
 

Fabrication originale en son temps, les toiles peintes de Hambye sont devenues aussi rares que les lits-alcôves qu’elles garnissaient. Seul le musée du meuble de Villedieu-les-Poêles possède encore aujourd’hui un exemplaire de lit-alcôve avec sa tenture complète en toile de Hambye. 

 

Toiles de Hambye, un art populaire méconnu du XIXe siècle

 

Dans la première moitié du XIXe siècle la fabrication de toiles peintes se développe à Hambye et à Gavray. Ces toiles sont confectionnées afin de décorer les parois des lits-alcôves et d’apporter une touche de couleur et de gaiété dans les intérieurs manchois.

 

Cette production originale connaît un certain succès de 1820 à 1850. Sauvée de l’oubli par quelques passionnés elle constitue aujourd’hui une collection départementale d’art populaire reconnu composé de douzes toiles de Hambye et présentées comme de véritables œuvres d’art plastique. L’exposition permet de comprendre le rôle de ces toiles comme protection et décor des lits-alcôves.

 

De nombreux objets et une riche iconographie démontrent l’influence de l’art populaire normand dans leur composition graphique.

 

En 1959, Auguste Beck, propriétaire des bâtiments conventuels de l’abbaye de Hambye et médecin à Gavray, découvre chez un patient un fragment de toile peinte en piteux état et la rachète.

 

Grâce à l’ouvrage de Stephen Chauvet, La Normandie ancestrale, les époux Beck connaissent l’existence de cet artisanat très local utilisé pour orner les lits-alcôves. Commence alors une longue et patiente quête, qui cesse à la disparition du Docteur Beck en 1969.

 

TENTURES DE LITS EN DRAPS PEINTS

PAR JEAN SEGUIN, ARCHIVISTE SECRÉTAIRE

DE LA SOCIÉTÉ D'ARCHÉOLOGIE D'AVRANCHES

 

Au bourg de Hambye (Manche), il y a un siècle, vivait la famille JOURDAN, comprenant le père, la mère et quatre enfants : Arsène, Joséphine, Zéphirine et Ursule. Tous vivaient sous le même toit, petits artisans dont le principal métier consistait à transformer la cire d'abeilles.

 

Dans lequel de ces six cerveaux naquit un jour l'idée de peindre sur toile de rustiques bouquets dont les fraîches couleurs masqueraient un peut la nudité des murs, si triste, des intérieurs campagnards? L'instinct artistique germe spontanément où et quand il veut.

 

Les Jourdan prirent chacun un pinceau et se mirent à l'oeuvre... Dès lors et pendant plus de trente années, la création nouvelle, connue sous le nom barbare et inexact de lits en imprimage, eut une grande vogue dans les villages du centre e la Manche.

 

Généralement les parents d'une future mariée apportaient trois bons draps de açon aux Jourdan. Ceux-ci se chargeaient d'enduire ces draps d'une peinture à l'huile dont la couleur était rouge ou noir plus rarement marron.

 

Sèche, cette couche, de fond était ornée de motifs empruntés au monde végétal (corbeilles avec fleurs etc.) ; ils étaient exécutés à main- levée en blanc, jaune, vert, bleu ou rouge. Ces motifs différents ( quatre à neuf sur chaque toile ) et alternant entre eux, sont empreints d'un archaïsme manifeste ; certains rappellent des fleurs de papier-domino ou des détails peints sur de vieilles mallettes à l'usage des marins.

 
         
 

Dessin réduit de moitié, d'après une toile peinte par les Jourdan (collection J. S.)

 
         
 

Ces draps ainsi bariolés de vives et tranchantes couleurs étaient destinés à orner l'angle de l'unique pièce de la ferme où le lit nuptial devait prendre place.

 

L'un des draps était fixé du plafond à la tête du lit, le second, se raccordant au premier, tapissait le mur dans la longueur du lit. Ce « fond de lit » présentait, le plus fréquemment, au centre, un large bouquet, parfois un ostensoir peint en jaune. Dans le troisième drap, les Jourdan coupaient deux longues bordures, hautes d'environ 40 cm. et dentelées dans leur partie inférieure.

 

Ces bordures, ornées de franges peintes, étaient pointées au sommet des draps, c'est-à-dire à l'intersection du plafond et des murs.

 

En résumé cet ensemble de toiles peintes servait de tentures à tapisser ; il apportait sans grand frais, dans un intérieur souvent pauvre, sa note originale, gaie et durable.

 

La fabrication toute particulière des Jourdan se répandait principalement dans les cantons voisins de leur atelier, c'est-à-dire dans ceux de Gavray, de Percy, de Villedieu-les-Poëles, où généralement le jour du marché la mère Jourdan livrait les commandes.

 

Cette famille de décorateurs eut des concurrents, car nous connaissons tout au moins le nom de l'un d'eux, car je possède un morceau de drap peint à fond rouge qui porte cette signature : « Lemaigre à Gavray, 1850 » (Cet « artiste » était peintres de voitures ; il n'a laissé aucun souvenir à Gavray. M. Gosselin possède également une toile à fond rouge peinte par Le Maigre et datée de 1840.).

 
         
 

De nos jours, en vain, on pourrait chercher dans nos campagnes un lit accompagné de semblables tentures. Les vieux draps, aux coloris toujours vifs, ont déserté les chaumières bas-normandes.

 

Souvent, avant la grande guerre, ces naïves productions, alors connues sous le nom de « toiles de Hambye » se rencontraient chez les chiffonniers. Des morceaux, encore en bon état, furent achetés par de simples amateurs de choses rustiques pour décorer le manteau d'une cheminée, l'intérieur d'un meuble ou une partie de mur humide, mais, hélas! aucun musée normand ne s'est enrichi de toiles peintes.

   
         
   

Voici la liste des abbés qui ont gouverné l'abbaye depuis sa fondation jusqu'en 1789 :

 

I.— Foulques. Il obtint pour lui et ses religieux, de Richard de Bohon, évêque de Coutances, une charte par laquelle l’évêque confirmait toutes les donations que ses diocésains avaient faites par ses mains ou en sa présence à Dieu et à ses serviteurs, les religieux de Hambye, et il prononçait anathème contre tous ceux qui oseraient en violer la sainteté. D'après cet acte, l'abbaye avait les grosses dimes de la paroisse; on devait prendre sur les oblations et les autres menus revenus de l'autel ce qui serait nécessaire pour le luminaire et l'entretien du vicaire .

 

II — Roscelin. Le pape Alexandre III, par une bulle de l'an 1181, statua que les abbayes qui avaient adopté la règle de Hambye ne pourraient se soustraire à sa juridiction.

 

Plusieurs abbayes suivaient la règle monastique de Hambye. On comptait en France l'abbaye de Valmont et celle de Longues . En Angleterre, celles de Mulen, de Osmon et de Hubrestène.

 

Richard, évêque d'Avranches, donna à l'abbé de Hambye une charte confirmative de toutes les donations faites à l'abbaye.

 

III. — Guillaume Ier. Il est cité dans des chartes de 1197 pour l'abbaye de Savigny . Il gouvernait encore l'abbaye en l'ann&eacut