GAVRAY
  CC 34.02 BOCAGE COUTANCAIS
   
  LE PORT SUR LA SIENNE
         
 

L'emplacement du port de Gavray, CPA collection LPM 1900

 
         
 

PROJET DE 1842

 

L’avant-projet pour la canalisation de la partie de la Sienne comprise entre Gavray et le pont de la Roque est rédigé sous la date du 23 août 1841 et présenté le 3 septembre 1842. Une enquête a eu lieu en 31 juillet 1842. Diverses modifications sont demandées le 3 septembre 1842 par le Sous-secrétaire d’état des travaux publics, notamment l’élaboration d’un cahier des charges et de tarif. Les localités concernées sont invitées, suite à la dépêche ministérielle du 9 décembre 1842, par le Préfet de la Manche à s’exprimer sur les subventions qu’elles seraient prêtes à voter pour assurer le succès de la concession. La vallée de la Sienne ayant été inondée jusqu’en mai 1842, il n’a été impossible de faire les sondages pour connaître la nature des terres à fouiller pour l’ouverture des dérivations, l’approfondissement des biefs.

 

Les résultats ne furent connus qu’à partir du 19 juillet 1842. Le coût des opérations est évalué par l’ingénieur à 900 000 francs dont 673 000 francs pour les travaux et 187 000 pour les indemnités. Ce projet est examiné par le Conseil général des Ponts-et-chaussées le 9 décembre 1842 est renvoyé à l’administration départementale pour être modifié par les ingénieurs avant d’être examiné par le ministre des travaux publics. Un ajournement de l’exécution de la canalisation de la Sienne entre Gavray et le pont de la Roque est demandé.

 

L’ingénieur en chef, monsieur Méquet, propose qu’il soit limité à la portion comprise entre le pont de Hyenville et le pont de la Roque, c'est-à-dire sur une longueur de 5100 mètres au lieu des 23800 mètres initiaux. Indépendamment du projet de canalisation, d’autres études sont entreprises par l’ingénieur Trit pour étudier la canalisation de la Sienne en amont de Gavray et sa jonction possible avec la Vire à Pont- Farcy. Ces résultats sont transmis aux autorités le 30 juillet 1845. Ils se divisent en quatre dossiers :

 

    -1° la partie comprise entre Regnéville et le pont de la Roque

    -2° celle comprise entre le pont de la Roque et Gavray

    -3° la section entre Gavray et Villedieu

    -4° point concernant la jonction entre Villedieu et Pont-Farcy.

 

Le Conseil général de la Manche rappelle l’importance et l’urgence de la canalisation de la Sienne dont les études pour la partie comprise entre Gavray et Villedieu sont fort avancées et ne nécessitent plus qu’un travail de cabinet. Le dossier pour la partie comprise entre Gavray et le pont de la Roque est régularisé et sera communiqué au Conseil général qui a voté la somme de 60 000 francs. Le travail présenté en 1846 par l’ingénieur en chef, monsieur Méquet, est une nouvelle fois revu et complété par les ingénieurs qui persistent dans leurs conclusions négatives compte tenu des difficultés qui seraient rencontrées. Un article de journal, pour le moment inconnu (extrait du fonds René Asselin aux archives départementales de la Manche), sous le titre « le port de Gavray » traite à nouveau du projet dans le cadre du centième anniversaire

 
         
 
     
  « il y a cent ans, fut dressé un projet de canalisation de la Sienne entre Gavray et le pont de la Roque. Il s’agissait de faciliter le transport dans le canton de Gavray de la tangue et de la chaux fabriquée à Montchaton, au pont de la Roque. A Hyenville la chaux était très employée en agriculture : pour la tangue, des milliers de voitures ne cessaient de sillonner les routes pour l’emporter aux exploitations. On espérait aussi transporter par le canal, les bois, les céréales, les fourrages, les pierres à bâtir. Les lignes du projet : de Gavray au pont de la Roque, soit une longueur de 31 kilomètres, la Sienne présente une différence de niveau de 24 mètres. Dix écluses, des barrages devaient avec les 10 moulins établis racheter cette pente. Aucun moulin n’était détruit ; ceux de Valençay et de la Nation avaient été menacés, mais la construction de 2 écluses avait été jugée moins onéreuse que la suppression des moulins. Les nombreuses sinuosités de la Sienne obligeaient à faire de multiples redressements, le trajet passait de 31 kilomètres à 23. Les écluses placées sur des canaux de dérivation devaient avoir 20, 50 m de longueur et 4, 20 m de largeur avec une profondeur d’eau de 1, 30 m à l’étiage dans les dérivations. Le canal de la Sienne était joint à celui de la Soulles en amont de l’écluse de la Roque. Les transports devant être faits par de grands bateaux halés par des chevaux : deux chemins de halage de 3 mètres de largeur étaient prévus, permettant de suivre les sinuosités, le déplacement du cheval et même la direction du vent. Modifications aux ponts : six ponts existaient sur la Sienne, celui de Hyenville seul devait être modifié : la grande arche n’ayant que 3 mètres 50 de largeur devait être élargie et portée à 4, 50 mètres. Les grilles à barreaux serrés, qui fermaient presque constamment les arches du pont neuf de Montchaton, devaient être enlevées. Ainsi disparaissait le monopole de la pêche qui existait au profit du propriétaire de ces grilles. Les ports : six ports devaient être créés : au pont de Hyenville, au pont de Quettreville, près du ruisseau de Rovins, au pont de Cérences, au pont Rouge, et enfin à Gavray. Celui-ci devait être le plus important présentait une longueur de 200 mètres, une largeur de 20 mètres, le long d’un bassin de 25 mètres de largeur. Les dépenses étaient évaluées à 900 000 francs soit 200 000 francs pour achat de terrain, 625 000 francs pour travaux, et 75 000 francs d’imprévus. La construction d’écluses n’était pas envisagée, on demandait aux meuniers de faire le service moyennant rétribution. L’établissement des chemins de fer, le développement accordé à l’entretien des routes, devait faire ajourner ce projet et amener en même temps la ruine du petit canal de la Soulles qui avait tant contribué à la prospérité de Regnéville et Coutances ».