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Gavray CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
Le château de Gavray était établi sur un mamelon de grès schisteux, élevé au-dessus du niveau de la rivière de 200 mètres environ. L'emplacement, du nord au sud, pouvait avoir près de 200 mètres, et 500 de l'est à l'ouest.
Arrivé au sommet de cette hauteur, le visiteur a devant lui un immense panorama, un pays tourmenté et accidenté; la foret de Gavray existait sur un coteau opposé. C'est au pied de ce mamelon que coule la rivière de Sienne, au milieu de belles prairies qu'elle arrose, et que sont assis le bourg et l'église de Gavray.
Une première enceinte en maçonnerie, d'après les vestiges, défendait le château à l'ouest. C'était aussi le coté le plus accessible ; car, vers les autres points, un vallon étroit et profond, impossible à combler, l'entourait et le défendait.
On voit encore des parties de murailles qui ont de sept à huit pieds d'épaisseur. Leur maçonnerie, composée de pierres jetées dans un bain de mortier, révèle bien le genre de construction en usage pour les châteaux-forts du moyen-âge.
On remarque aussi un mur de cheminée dont les pierres sont calcinées, et des restes de tourelles ou caves cimentées qui servaient de citernes, où l'on conservait les eaux pluviales qui y arrivaient par de petites dalles encore visibles.
Le chroniqueur Froissard nous dit bien que le château de Gavray estoit le plus beau chastel de Normandie ; mais il n'en donne pas la description, et je ne l'ai trouvée dans aucun écrivain. Détruit depuis bientôt quatre cents ans, il n'existe plus que par le souvenir des princes et des puissants barons qui s'en sont disputé la possession, ou qui ont combattu soit pour s'y maintenir, soit pour s'en emparer.
Gavray est un des plus anciens bourgs du pays. Il était le chef-lieu d'une vicomté , établie du temps des premiers ducs de Normandie, ainsi que d'une châtellenie et d'une sergenterie qui dépendait de la vicomté de Coutances, et ne comprenait que deux paroisses. Dans un état des fiefs de 1172 et dans un rôle de l'Echiquier, on voit figurer la baillie de Gavray, Balliva de Gavreio | ||||||||||||
Gavray CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
On trouve comme châtelain de Gavray, au mois de juillet 1218, Hugues de Boutigny, de Botegniaco. Philippe-Auguste lui permit de donner en dot à sa fille la terre de Belval, qui lui avait été assignée pour 28 livres de revenus en terres. Hugues de Boutigny sistait, en l'année 1219, à l'assise de Coutances, avec Mile et Renaud, sénéchaux du roi.
Dans les XVII° et XVIII° siècles, on trouve comme vicomtes de Gavray :
- Jean Le Bouleur. - Jean des Bordes, écuyer, sieur de Folligny. - François des Fontaines, seigneur du Mesnil-Villeman. - Gabriel Auvray, écuyer, conseiller du roi au bailliage de Coutances. - Jean de Brebœuf, écuyer. Il tenait les plaids du lieu, qui relevait entièrement du roi. Alors, : un des moulins à eau appartenait au roi, et un autre au sieur de Saint-André, écuyer. - François Hue, écuyer. - Louis-Charles-Jean Guichard. Il fut aussi lieutenant-général de police à Gavray. - Jacques Guichard, conseiller du roi. - Jean-Jacques-Nicolas Guichard, avocat au parlement de Normandie, et ensuite conseiller du roi.
Ce fut à Gavray, le 18 décembre 1473, que Robert Jossel, lieutenant-général de messire Jean de Daillon, chevalier, seigneur du Lude, conseiller, chambellan du roi et bailli du Cotentin, tint l'assise des patronages des églises vacantes en la vicomté de Coutances.
Dès le XII° siècle, Gavray avait plusieurs foires: Richard Cœur-de-Lion y en possédait trois. En 1198, elles ne furent d'aucun profit, à cause de la guerre qui désolait le pays. Jean, alors comte de Mortain, et qui, plus tard, devint duc de Normandie et roi d'Angleterre, avait dévasté les moulins de Gavray. | ||||||||||||
Gavray CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
Raoul Chaalon, en l'année 1395, prenait douze deniers de rente sur les revenus de la foire Saint-Luc à Gavray. Cette foire existe encore, et se tient sur une lande, à peu de distance de l'ancien château
La dure administration du cardinal de Richelieu, dans les dernières années du règne de Louis XIII, pesa surtout sur la Normandie. La gabelle, odieuse aux contrées de cette province où elle existait, et appréhendée dans celles qui n'avaient pas eu à en souffrir, fut établie dans des lieux qui jusqu'alors en avaient été exempts. Les populations s'émurent, s'armèrent et s'organisèrent en armée de souffrance. C'étaient les redoutables Va-nu-pieds, qui, en 1639, menacèrent d'abord, et se livrèrent ensuite à d'odieux attentats. Un de leurs chefs fut chargé d'inquiéter Gavray. « Lafontaine Rigauldière, dit un écrit du temps, eut le costé de Gavray. Pendant le commencement du mois d'octobre il y eut peu de violences… Le 18 du dict mois ceulx d'Avranches, de Cérences et de Coustances allèrent à Gavray où il y a foires, armez de mousquetz et piques, et firent, le matin, deux tours par la foire, et aultant l'aprez disnée disant qu'il ne falloit payer aucuns droicts, que la foire estoit franche de tout. Les fermiers et leurs commis furent contrainctz de se retirer; se firent traicter par les habitants de Gavray, leur disant qu'ils venoient pour les délivrer des monopoliers. ».
Le roi, par lettres-patentes du 18 septembre 1697, céda à Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, le domaine de Gavray, ce qui comprenait les étaux et halles aux bouchers et au pain, le château, l’auditoire et la juridiction avec la geôle et la prison, la lande Saint Luc avec le droit de coutume à la foire Saint Luc, la lande des Bains et celle des Noes.
Gavray est aujourd'hui le chef-lieu d'un canton et le siège d'une justice-de-paix. Il a une brigade de gendarmerie à cheval, un marché le samedi de chaque semaine et plusieurs foires. | ||||||||||||
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Ancienne gendarmerie de Gavray, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||