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Le Tanu, L'église Notre-Dame. Xfigpower — Travail personnel |
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Avranchin monumental et historique Edouard LE HERICHER, 1845 Ec. de Tanuto patronus D. Rad. De S. Maria. Rctor percipit totum altalagium et medietatem garbarum. Est ibi elemesine 1 acre. Prior de Bloteria percipit totum residuum et valet xxx I. Can. Abr. I lib. (Livre Noir de Coutances).
Un triangle dont le sommet est au nord, convexe à l’orient, fortement concave au sud, et légèrement concave à l’ouest, représente assez bien la configuration du Tanu. Le sol est uni à l’ouest, où il n’y a pas de limites bien naturelles ; il est assez tourmenté à la ligne de l’est que trace la rivière de l’Ecluse et celle de l’Airou, et à celle du sud que sillonne le Thar. Notre épigraphe fait connaître la statistique ecclésiastique de cette paroisse au XII° siècle. Deux chartes du même Radulphe de Sainte-Marie y ajoutent quelques détails. Par la première, qui est de 1234, il donna
« duas garbas decime de parrochia Tanuti Ful. Faganelli pauperibus domus Dei de Haya Paganelli». Par la seconde, datée de 1247, il donna à l’abbaye de Savigny « preciput pro salute anime Ricardi filii mei defuncti in dicta abbatia sepulti… X sol. tur. In feodo meo de Tanu in masura as Haudoains… ita ut possint in dicta masura mamna capere et justiciam suam facere».
L’Abrégé de la vie des Evêques de Coutances fait mention d’un curé de cette paroisse en 1294 : « on trouve la souscription de R. d’Harcourt dans un acte pour certains traits de dîmes entre le prieur de la Bloutière et de la Haye-Pesnel d’une part et de Jacques de Laizeau, curé du Tanu de l’autre. Au XIV° siècle, la statistique religieuse du Tanu avait subi des changements, comme on peut le voir par la comparaison des deux Pouillés du Diocèse :
« Ric de S. Maria est patronus ecc. De Tanuto. Taxata est ad triginta lib. Rector percipit terciam partem garbarum in omnibus decimis parrochie et domus Dei de Haya Paganelli percipit duas partes garbarum magne decime. Quidam canonicus Abr. percipit duas partes garbarum parve decime. Monachi de S. Severo percipiunt duas partes garbarum de quadam alia parve decime. Rector habet quatuor virgatas terre elemosine vel cocirca et solvit pro capa espiscopi quinque sol. »
En 1648, Notre-Dame du Tanu rendait 400 livres, et le patronage était au seigneur. |
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CPA collection LPM 1900 |
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L’église du Tanu s’élève au bord d’une ravine profonde, sur la déclivité d’un vallon. Généralement romane, elle nous offre en grande partie l’église de Raoul de Sainte-Marie et du Livre Noir. Toutefois le simple oratoire, composé d’un chœur et d’une nef s’est agrandi. Les parties modernes sont la porte carrée faite avec des tombes, la tour massive à trois retraits, portée sur une base en talus, terminée en mitre épiscopale, bâtie en 1658, le porche et la maçonnerie plate où se voient des vestiges vagues d’opus spicatum. Le portail, un peu gothique, sert de transition aux parties romanes. Si l’on fait abstraction de la variété bizarre des baies, cintres, ogives, trèfles, parallélogrammes, lucarnes, fenêtres et fenestrelles, percées au hasard, vue du midi, cette église offre une physionomie romane. La nef a conservé une jolie porte qui s’enfonce dans une saillie ou large contrefort, et dont les chapiteaux offrent un monstre assez commun dans l’ornementation de ce style, une tête humaine attachée aux membres antérieurs d’un quadrupède. Le chœur a conservé presque tout son caractère : c’est une rotonde ou abside divisée à l’extérieur en trois compartiments par quatre colonnes engagées, s’élançant du rebord élevé et saillant des fondements jusqu’à la corniche qui s’appuie sur des modillons de figures variées, têtes de chien ou de loup, hures de sanglier, grouins de porcs. A l’intérieur, ce chœur ne présente qu’une voûte basse, espèce de crypte solide et sombre que ferment en avant deux murs qui se projettent en contreforts à l’extérieur. Ce chœur, qui offre de la ressemblance avec quelques rotondes antiques, est du roman primitif, et pourrait bien remonter au X° siècle. Sous la charpente de l’autel actuel se voit l’autel primitif en pierre, qui est à nu du coté de la sacristie, et qui devrait être isolé comme les autels primitifs, et comme cet autel du Ham qui était couvert d’inscriptions sur ses quatre faces. Un autre autel de pierre est appuyé contre un mur.
Le cimetière offre des fragments de croix romanes, et la croix Landry, autrefois placée dans un carrefour hanté par les visions. On a trouvé en creusant, un joli groupe en pierre de Caen représentant un vieillard barbé, vêtu en pèlerin, présentant à la Vierge et l’Enfant Jésus son fils aussi habillé en pèlerin, petit enfant à genoux, dans une pieuse attitude et avec une douce physionomie. Sur le socle, on lit cette inscription : « Loys Thomas Launey natif dicy de par Jhus le Roy des Roys fist faire ce vitral cy », allusion à une vitre détruite aujourd’hui.
A l’extrémité septentrionale du Tanu est Boisfrou, ancien fief des dominicains de Mesnil-Garnier, où il y avait un colombier, une chapelle, et un manoir qui existait encore du temps de Cassini. L’étymologie du nom de cette commune trouvera plus naturellement sa place au chapitre de Tanis. |
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CPA collection LPM 1900 |
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