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La Mouche CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
Avranchin monumental et historique, Volume 2 Par Edouard Le Hericher 1845
Iludulpkus de Musca. Charte de 1066.
La Mouche forme un triangle très-allongé dont la base, ou côté nord-est, est tracée par le Thar, dont le côté oriental est une ligne idéale continuée par une des branches de La Broise, et dont le côté occidental est aussi une ligne idéale prolongée par la rivière du Grippon. Elle est traversée par la voie Montoise, et à son centre est ce carrefour, avec sa croix historiée, que l'on appelle de ce nom de Porche ou Porte, qui indique un carrefour sur une voie fréquentée. C'est le point d'intersection de la voie Montoise et de la route d'Avranches à Gavray. Le moulin de la Mouche devait à la Luzerne six quartiers de froment.
Son église, construction d'hier qui n'aura pas de demain , pauvre sans avoir la simplicité de la misère, son église avec sa tour lézardée, ses images monstrueuses, son obscurité humide , son badigeon barbare, n'a rien qui parle du passé et des morts ', qui sourie à l'imagination ou qui repose agréablement les regards : elle est froide à l'esprit comme elle l'est au corps. Cependant elle est dans un de ces lieux qui plaisent par leur caractère agreste et solitaire. Point de village autour d'elle : rien que le presbytère, des chemins creux , des ravins moussus qui font penser à l'étymologie de Cenalis ager muscosus', un cimetière qui n'a qu'un tombeau, une petite vallée pour horizon, une fontaine au coin du champ des morts , une des sources du Thar2, aquee lene caput sacrœ, un if à la barrière , telle est la scène paisible et simple au milieu de laquelle se trouve jetée cette église de la Mouche.
A quelques pas, au bord d'un chemin profond, est une croix fort remarquable. C'est une croix ronde, courte , massive et renflée à la base, posée sur une table que portent cinq pierres rondes, et un calvaire rond à plusieurs degrés déjoints et vermoulus. Cette croix antique, d'un roman primitif, semble comme posée sur un dolmen, et paraît symboliser la victoire du prêtre chrétien sur le Druide. C'est assurément un des plus antiques monumensdu genre et elle mérite d'ailleurs son nom de Belle-Croix.
Si cette paroisse, dont la famille seigneuriale a produit tant de prélats, n'a pas d'église intéressante, elle a les restes du château de ces illustres seigneurs dela Mouche, que nous retrouvons partout dans les histoires, dans les chartes et dans les souvenirs. On distingue parfaitement le plan du château, défendu du côté des eaux. Près du pont est un bloc de maçonnerie primitive. On voit les arrachements d'une voûte ou galerie. Une ancienne construction, au bord du fossé, porte dans ses meurtrières une physionomie militaire.
Comme les monuments écrits sont plus durables que les édifices de pierre, les noms des seigneurs ont survécu à leur château et ils remplissent les diplômes locaux du Moyen-Age.
Radulphus de La Mouche signa en 1066 la charte de la dîme du Luot, avec Geoffroy de Cavigny. I1 ne paraît pas qu'il soit allé à la Conquête : nous ne le trouvons ni dans le Domesday ni dans les autres listes.
Vers 1130, Philippe de La Mouche souscrivit à la charte des dîmes de Ponts, données au Mont par Rob. D’Avranches, à l'instigation de l'évêque Turgis. Il signa encore la grande charte de fondation de la Luzerne.
Jean de La Mouche fut évêque de Dol à la fin du xn« siècle ».
Vers le milieu de ce xir siècle, Richard de La Mouche fut élu abbé du Mont Saint-Michel, a la sollicitation de Richard de Subligny, évêque d'Avranches. Henri n, mécontent de ce choix , envoya au Mont des satellites qui pillèrent l'église, fit ravager leurs terres et fil bannir l'abbé. Les religieux furent obligés d'élire un Robert Hardy, homme perdu de mœurs, qui, disent les chroniques, n'était ni moine ni laïque. Richard de La Mouche partit pour l'Italie , et obtint d'Eugène m sa confirmation. L'évêque d'Avranches le bénit dans sa cathédrale, en présence d'un seul religieux du Mont qui l'avait accompagné dans son voyage. Le chapitre du Mont jugea qu'il fallait informer le pape de toute cette affaire et lui députa des religieux. Ils furent rejoints par Richard de La Mouche,. Robert Hardy et l'évèqué d'Avranches. Celui-ci fut pris par des voleurs et renfermé dans un château où il mourut. Robert Hardy et Richard de La Mouche perdirent aussi la vie en Italie'.
En 1166, Radulphe de La Mouche souscrivit à la charte de Ponts.
Dans les Rôles de l'Échiquier pour 1180 , Jean de La Mouche est cité comme possédant un fief de haubert: « Johes de Musci r. cp. de x. bisanc. pro habenda Icgali parte teiTe ext. feod. lorice versus fratrem suum et quietus est. » Son article est voisin d'un seigneur dont le nom est souvent associé à celui de La Mouche: « Johes de Cavigneio deb. x. so. pro recogn. saisinarum patris sui '. »
En 1235, Jean de La Mouche était seigneur : il est désigné dans la charte de Foulques Paynel en faveur de l'Hôtel-Dieu de Hocquigny L'appel de 1245 le signale comme devant au Mont un chevalier pour Mesnildrey et Granville. | ||||||||||||
L’église St Martin à La Mouche | ||||||||||||
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Depuis novembre 1997, les habitants de La Mouche ont leur blason. A l'heure du Logo, la municipalité a choisi le passé pour définir l'image de sa commune. Ce blason a été réalisé avec la collaboration des archives départementales de La Manche. La description héraldique et la symbolique sont les suivantes :
L'écu est sommé d'une couronne murale à trois tours qui indique que ces armoiries sont celles d'une commune | ||||||||||||
Le chef de gueules chargé de deux crosses épiscopales d'or posées en sautoir rappelle que deux membres de cette famille ont été l'un, archevêque de Dol à la fin du 12ème siècle, et l'autre, évêque d'Avranches de 1316 à 1327. L'un et l'autre portaient le prénom de Jean. Le gisant du second, portant ses armoiries, a été découvert à l'abbaye de La Lucerne en 1990. En outre, Richard de la Mouche fut abbé du Mont Saint Michel (1150-1153) et Gilles de La Mouche, abbé de La Lucerne vers 1280.
Trois mains d'argent en champ d'azur, 2 et 1, évoquent les armes de la famille de la Mouche connue du 11ème au 14ème siècle.
Le listel portant la devise Musca placé sous les armoiries est le plus ancien témoignage du nom de La Mouche traduit en latin par les moines du Mont Saint Michel en 1129. | ||||||||||||
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