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Le château de Foulques fut démoli et porta le nom de Ganne, c'est-à-dire du Félon. Il avait pris la fuite; et, selon la tradition, il avait fait ferrer ses chevaux à rebours pour fourvoyer ceux qui le poursuivraient. Le combat fut probablement livré dans les champs voisins, appelés la Bataille, où le soc de la charrue met souvent à découvert des fers de chevaux. Les Paynel ne rentrèrent que plus tard en grace; mais leur château ne fut pas rebâti: ils se retirèrent sans doute dans leur grand donjon de Hambie. Auparavant ils avaient fait une tentative auprès du roi d'Angleterre, en Bretagne, pour lui persuader qu'il pourrait chasser les Français de Normandie. Mais un des conseillers du roi l'empêcha d'accepter, dit un historien, qui ajoute: "Nobiles illi miserabiliter fecerunt. Rex Francorum in continenti exheredavit eos, castella et oinnia quce Mis erant potenter in sua jura convertens. "
Nous croyons que Guillaume Paynel fut le successeur de Foulques. D'après une charte de 1254, Raoul Tesson , de la Roche, établit un service anniversaire pour son père Guillaume Paynel, dans l'église d'Avranches , en donnant au chapitre la dîme de Mootviron. Pctronilla de Tesson était l'épouse de Guillaume, et leur fils avait pris le nom de sa mère '. Dans un registre de 1242, il est désigné sous le nom de « Guilleaume Paineî. »
Le petit-fils de Foulques, Jean Paynel, fonda vers la fin du xnr siècle le couvent des Jacobins à Coutances.
En 1327, Olivier Paynel était seigneur de la Haye: Olivier Paens tient de Fouques Paisnel par parage la Haie-Paens et en fait le service dun chevalier au chastel de Coutances vingt jours en temps de guerre. » Il tenait Carolles du Mont SaintMichel.
Vers le milieu du xiv e siècle , Guillaume Paynel, baron de Hambie et seigneur d'OUonde, épousa Jeanne Bertrand, héritière de la baronnie de Briquebec.
Vers ce temps, Jean Paynel, seigneur de Marcey, était capitaine de Saint-James, ayant sous lui quatre chevaliers, trente-deux écuyers, trente-neuf arbalétriers à pied, et neuf. archers à cheval.
A la fin de ce siècle vivait son successeur Jean Paynel, chambellan de Charles vi, gouverneur de Coutances et frère du célèbre Louis Paynel qui soutint vaillamment le siége de la Haye contre les troupes de Charles-le-Mauvais, roi de Navarre , et qui, forcé de se rendre à discrétion, fut mis à mort par ce prince. | ||||||||||||
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A l'occasion de ce siége de la Haye, nous nous permettrons de citer le récit de Froissart sur un siége d'Avranches, dans les mêmes guerres, siége faussement rapporté à Evreux. C'est la reprise de cette ville sur les Navarrais par les généraux de Charles V :
« Le sire de Coucy et le sire de La Rivière avoient à grand'puissance assiégé la cité dAvranches , et toujours leur venoient gens de tous cotés que le roi de France leur envoyoit. Avranches est une cité belle et forte qui pour ce temps se tenoit au roi de Navarre ; car elle est de la comté ,dKvreux3. Ceux dAvranches qui se veoient et clos et assiégés de leurs voisins qui leur promettaient que, si de force ils se faisoient prendre , ils seroient sans remède tous perdus, hommes, femmes et enfans, et la ville repeuplée dautres gens, se doutoient grandement, car comfort nul ne leur apparoît de nul coté. Et veoient , si voir vouloient, leur jeune heritier Charles de Navarre... et oyoient par ces deux seigneurs, le sire de Coucy et le sire de La Rivière, qui bien etoicut enlangagés et qui bel leur remontroient les incidences où ils pouvoient encheoir. Et aussi levêque du lieu sinclinoit a la partie du roi de France. Si avisèrent, tout considéré , que mieux leur valoit rendre leur cité en amour, puisque requis de leur seigneur en etoient, que de demeurer en péril. Si prirent ceux dAvranches une trêve à durer trois jours, et en cette trêve ceux dAvranches pouvoient bien paisiblement venir en lost et ceux de lost en Avranches. En ces trois jours furent les traités si bien ordonnés et accordés que le sire de Coucy et le sire de La Rivière entrèrent en la cité et en prirent la possession pour le roi de France... et quand ils en partirent, ils y établirent des bonnes-gens darmes, et puis sen partirent et vinrent mettre le siége devant Karentan et puis chevaucherent tout ce que le roi de Navarre avoit tenu en Normandie , excepté Evreux et Chierbouch, et quand tout le pays fut en leur obeissance, ils s'en vinrent mettre le siége devant Evreux. »
Nicolas Paynel fut le dernier de la branche aînée.
Sa fille Jeanne fut célèbre et par elle-même et par son mariage avec Louis d'Estouteville. Quand le roi d'Angleterre , Henri v, eut conquis la Normandie , il donna « à messire Jean de La Polie, chevalier, le fief de Moyon et de Mayuusseron qui furent à Nicolas Paynel jadis chevalier et qui étaient à messire Louis d'Estouteville à cause de Jeanne Paynel, sa femme2. » Il donnait en même temps « à noble et puissant messire le comte de Huntindon les seigneuries qui furent à Jean Paynel, chevalier rebelle 2. » Les Paynel réparaient la félonie de leurs aïeux. Le sire Paisnel figure sur la liste des chevaliers du Mont Saint-Michel, après leur chef d'Estouieville. Toutefois dans les manuscrits de M. Lefranc ', on voit qu'en 1418, Henri v donna le château de la Haye à Richard Fitz John. Après l'expulsion des Anglais, Louis d'Estouteville rentra dans ses biens. Jeanne fut enterrée avec son héroïque époux au milieu du chœur de l'abbaye de Hambie qu'elle avait fait reconstruire. Sa tombe s'y voyait encore il y a vingt- cinq ans.
Après Louis d'Estouteville2 les Le Voyer de Tregoumar furent seigneurs de la Haye, et leur habitation fut le Logis. Ce logis passa de Pierre Le Voyer, baron de Tregoumar, à sa fille Louise qui épousa le marquis de Pontkalecq.
La mention de ces familles amène celle du troisième château ou Logis de la Haye.
Les sires de Pontkalecq étaient aussi riches en Bretagne que les d'Estouteville en Normandie. Il y a un Sône breton , la Croix-du-Chemin, dans lequel on trouve une allusion à cette richesse: « Quand j'aurais autant de mille écus qu'en a le sire de Ponkalek; oui, quand j'aurais une mine d'or, sans la jeune fille je serais pauvre ''. » Dans son état actuel, le Logis n'a rien qui remonte au-delà du xvir siècle: on a détruit une partie plus ancienne , vaste vaisseau de forte construction, qu'on appelait la Salle-des-Chevaliers. Le Logis offre trois parties, un corps, une aile ou pavillon, une chapelle. Le pavillon seul a du style: à son dôme à quatre pans, à ses pierres d'angle, aux arêtes abattues, à ses cariatides en momie égyptienne , on reconnaît une construction du temps de Louis Hn, Le corps de logis est plus récent, et avec la chapelle, à une seule ogive, doit dater du siècle dernier. Dans cette chapelle, qui est un fenil aujourd'hui, on remarque une mauvaise fresque, représentant une Crucifixion, sous laquelle on lit le quatrain suivant:
De ce dernier soupir, Satan, sois effrayé; C'est un dernier soupir qui ranime la terre, Et le dernier coup de tonnerre Dont ton empire est foudroyé.
« Reparation jussu de Pontkalecq, neenon curi s domini de Tavernier de Victorey, sui generalis agentis. Anno 1789. »
Quatre édifices religieux, une église, un prieuré, un hôpital , une chapelle, trois châteaux , un châtel, une forteresse, un logis, enfin la plus illustre famille de la Basse-Normandie , tels sont les titres historiques de la Haye-Pesnel. Cette localité a donné le jour à un théologien, nommé Hue, qui a fait plusieurs ouvrages contre les Protestans. | ||||||||||||
Château de La Haye Pesnel, collection CPA LPM 1900 | ||||||||||||