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L'église Saint-Martin Champcervon Xfigpower — Travail personnel |
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Champcervon Dans « L’Avranchin monumental et historique » par Edouard LE HERICHER 1845
Ego W. Duisseio dedi abbatie Savigne presentationem ecclesie de Campocervo (Charte de Savigny)
Cette commune a la forme d’un ovale, dessiné naturellement au nord et au sud, arbitrairement des autres cotés. L’église est sur un plateau des flancs duquel se détachent deux ruisseaux, dont l’un afflue au Thar, dont l’autre sortant de la Belinière, donne naissance à la rivière de Lerre.
Il y a dans Champcervon un village de Lerre, dont un seigneur, nommé Roger de Lerre, donna des fonds pour la reconstruction de la nef de l’église paroisssiale : un autre appelé le Domaine, et un manoir, ancienne habitation seigneuriale qui n’a guère conservé du passé qu’une chambre, dite chambre-des-réserves.
Le bon curé de Maneval brouilla singulièrement ses notes et ses idées quand, dans son discours de la Normandie, il décrivit le cours du Couesnon. Il en fit bien la limite de la Bretagne et de la Norman-die, et cite un vers très juste de G. Le Breton, mais il le fit passer par Champcervon, le grossit du Beuvron et lui donna le nom de la petite rivière de Champcervon Lera, Lerre : « Le Couesnon, appelé dee quelques latins Lera, a deux fontaines, l’une à la Luzerne et l’autre au bourg de Ler. Il commence à se montrer enflé et plein de menaces en la paroisse de Champcervon, puis accru des ruisseaux précédents de la Bellinière et de Beuvron, va se décharger auprès du Mont-Saint-Michel. » Toutefois il y a du vrai au fond de cette description, bien que le Couesnon, qui a fait la folie de mettre le Mont en Normandie, ne se soit jamais permis d’absorber le Beuvron et de mettre Avranches en Bretagne. La rivière qui baigne Champcervon, le Lerre, prend ses sources au hameau de la Belinière et en la Luzerne, traverse à sa naissance le village du Lerre, et limitant sept ou huit communes va se jeter à Genêts dans les grèves sous Tombelaine, devant le Mont-Saint-Michel.
L’église de Champcervon fut donnée à l’abbaye de Savigny au XII° siècle par W. de Ducey qui la tenait de ses ancêtres, et le riche monastère duquel on disait :
De quel coste que le vent vente
L’abbaïe Savigny a rente, compta une église de plus dans ses présentations : « Ego Willelmus de Duisseio dedi abbatie Savigne presentationem ecclesie de Campocervo concedente uxore mea Muria testibus Ricardo Abr. episcopo. ». Les héritiers de W. de Ducey, W. de Huechon et Mathilde, son épouse, confirmèrent cette donation, dans une charte où cette église est appelée : Ecclesia Campocervorum . Neel, fils de Robert, qui épousa Mathilde, devenue veuve, confirma à Savigny les églises : de Guasto et de Campocervorum.
Pendant l’occupation anglaise, Champcervon resta à son seigneur qui se soumit à Henri V. Ce prince manda au bailli du Costentin de laisser « jouir Guillaume de Campservon, écuyer. » Mais le roi anglais avait donné Ducey à Guillaume de Nessefeld, qui, comme seigneur de Ducey, prétendit à la seigneurie de Champcervon, au préjudice de Savigny. Cependant il y eut « une lettre es assizes dAvranches come G. de Nessefeld escuyer fut condamne pour ce quil navait cause de presenter au benefice de Champcervon et fut le presente par les religieulx de Savigny mys en possession de laquelle sentence ledit Nessefeld en appela l’an 1443. »
Dans l’impot de 1522, l’église fut taxée à 4 liv. comme les Chambres.
En 1598, Guillaume de Montgommery, seigneur de Ducey, était aussi seigneur de Champcervon qu’il reçut de ses ancêtres et transmis à ses descendants. Ce titre passa aux Tesson. A la révolution, le seigneur était M. de Champcervon.
En 1648, la cure de Champcervon valait 300 liv . En 1698 elle valait 300 liv. La taille était de 1127 liv. et le nombre de taillables de 166. Le gentilhomme était Jean Tesson . En 1765, Champcervon, de la sergenterie de Heraut, comptait 94 feux.
La véritable latinité de ce nom est Campus Servonis, que porte la nomenclature de 1754. Le second élément est un nom d’homme qui se trouve isolé dans Servon, nom d’une commune de l’Avranchin . Nous ne citerons que pour mémoire l’étymologie de Robert Cenalis, Campus cervonis , quoique les chartes semblent la favoriser.
On raconte une légende sur la statue de Saint-Martin, de Champcervon. On la portait de l’église vers un lieu que l’histoire ne nomme pas. Comme elle passait devant la fontaine Saint-Martin, une lavandière, interprète de l’affection de tous les paroissiens pour l’image du patron, s’écria : « Grand saint-Martin, est-ce que vous vous laisserez emporter ? » A ces mots, le porteur de l’image resta immobile et ne put franchir le passage. Il fallut rapporter la statue dans l’église où elle est encore aujourd’hui. |
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