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Tirepied Église Sainte-Eugienne.Ikmo-ned — Travail personnel | ||||||||||||
En 1972, Tirepied (668 habitants en 1968) absorbe Sainte-Eugienne (62 habitants) Avranchin monumental et historique Par Édouard Le Héricher 1865
Stu/icr fortes processif in aclus. (Aviis, Poem. de Virgin.)
Un plateau et le flanc d'une vallée , une disposition en un croissant: telle est la topographie de celte petite commune , dont le terrain est très-accidenté, et dont le plus joli site est le vallon de Saut-Besnon au pied de la bruyère des Chàtcaux-Turbolins.
Le nom de sainte Eugienne est l'altération du nom de sainte Eugénie dont on célèbre la fête le 25 décembre.
La vie de sainte Eugénie, vierge martyrisée à Rome, qui vivait aux IIIeme et IVeme siècles, transmise en grande partie par Avius dans son poème, est généralement fabuleuse, selon Baillet :
« Suivant ces fictions, dit-il, Eugénie nous est représentée comme fille de Philippes envoyé de Rome par l'empereur Commode pour être préfet d'Egypte, élevée dans les sciences des Grecs et des Romains, surtout dans la philosophie, savante, vertueuse, bel esprit, bien faite de corps, recherchée dès-lors, mais en vain, par des consuls et d'autres grands partis de la ville et de l'Empire, convertie depuis par la lecture des Épîtres de saint Paul, retirée et travestie dans un monastère d'hommes, devenue abbé et père de religieux, comme parle saint Avit:
Mulier fortes processif in aelus, Cùm stipante ehoro sanciorum ficret abbas, Atqut patrem comptons celaret tegmine matrem.
persécutée en Égypte, retournée à Rome, et couronnée par le martyre sous les empereurs Valérien et Gallien. »
L'idéal du Moyen-Age fut la virginité : la beauté de l'âme ne s'associait qu'avec la pureté absolue du corps : aussi la Vierge eut-elle un culte général. Cette réflexion nous est suggérée par la vie de la patronne de cette paroisse et est confirmée par une poésie qui a quelques rapports avec notre sujet. Il s'agit d'une femme qui réalisa en partie cet idéal, et vécut vers le même temps que sainte Eugénie, et d'une poésie de notre pays, recueillie dans le Mont Saint-Michel par un prieur du xive siècle.
De sainte Gale qui ne se voult remarier Ou il est demonstre que l'on doit plus penser de la beaute de lame que du corps laquelle fait enorguillir soy priser et le corps folement desirer:
L'église de Sainte-Eugienne est une croix mutilée par le retranchement du bras méridional : elle porte l'empreinte de trois époques. Sur sa face méridionale est une porte romane, bouchée, dont le cintre ne présente plus que la nervure la plus saillante : il s'appuie sur deux chapiteaux ornés de formes végétales, les colonnes ne se voient plus, la porte s'enfonce au-dessous du sol et atteste l'exhaussement que l'on constate dans les anciens cimetières. L'époque gothique est représentée par le transept du nord, dont la belle fenêtre associe les formes arrondies du slyle décoré avec les angles du style prismatique, et indique la transition de l'un à l'autre, c'est-à-dire le xiv e siècle. La fenêtre du chevet, simple, mais remarquablement élancée, est du xve siècle d'après son meneau bifurquéprismatique. La grande fenêtre divisée en deux meneaux trilobés, à colonnettes rondes engagées, portant un quinte-feuille angulaire , présente une particularité : le cordon arrondi qui encadre le plus intérieurement ses lobes et sa rose, et qui correspond aux colonnettes, ne descend pas jusqu'au bas de la fenêtre et s'encorbelle en cul-de-lampe à la hauteur des chapiteaux de ces colonnettes. Les parties modernes sont : le chœur réparé en 1663, la nef et la façade occidentale. Une tourelle carrée imbriquée de bois tronque l'angle aigu de cette façade. La nef est insignifiante. L'intérieur de cette église est très-pauvre, et c'est probablement à sa pauvreté qu'est due la conservation d'un bel autel en pierre placé dans la chapelle du xive siècle, chapelle dont la nudité transporte sans contraste dans le passé. C'est une large table de granit appuyée sur deux colonncttes basées et chapitées, et au milieu sur un bloc de maçonnerie cunéiforme, dont la pointe est tournée vers le célébrant et d'un effet très-disgracieux. Dans cette chapelle était un basrelief réformé par l'évêque '. Il représente le martyre de sainte Apolline : deux bourreaux entourent la sainte ; l'un exprime la raillerie et l'outrage, l'autre lui enfonce des tenailles dans la bouche. Il est peint et pourrait bien se rapporter à l'époque de la construction du transept. Un bel et vieux tableau, représentant la Madelaine au tombeau, a été donné récemment à cette église.
En 1648, cette église rendait 300 liv. selon le Pouillédu Diocèse.
En 1698 la cure valait 400 liv. : la paroisse payait 177 liv. de taille et renfermait 44 taillables.
La cure de l'église de Sainte-Eugienne était à la présentation du chapitre de Cléri. Dans l'impôt de 1522, elle paya 48 liv. 9 d.
En face de l'église, à peu de distance, est une maison ancienne qui fut probablement le Prieuré de Saut-Besnon. Sa face méridionale offre deux objets intéressans : sa porte cintrée, et surtout une fenêtre ogivale, étroite, trilobée, traversée a son milieu par une barre qui en fait une croisée.
Au bas de la lande des Châteaux-Turbotins, au bord de verdoyantes prairies , appelées les Prés-du-Pricuré, en face d'un colombier en ruines , est une chapelle délabrée qu'on appelle la Chapelle-du-Prieuré. Elle n'est pas ancienne et elle est percée de deux baies ogivales. Le bloc de l'autel existe encore, avec quelques statues de bois pourries par l'humidité du lieu. Les ronces pendantes comme des Dis,-à travers les crevasses du toit, et un lierre vigoureux embrassant le chevet, en arrêtent la chute.
« Le Prieuré de Saut-Bcsnon, dit le docteur Cousin, dépend de l'abbaye de Saint-Lo. Elle possède à cause de ce Prieuré une terre de douze pistolesde revenu annuel laquelle terre est exempte de toute dîme. La chapelle du prieur de Saut-Besnon est sur la paroisse de Sainte-Eugienne. Ou dit qu'outre la terre dont on vient de parler, l'abbaye de SaintLo possède des biens considérables dépendant du Prieuré de Saut-Besnon ou de Saut-Bernon. »
Dans l'impôt de 1522, le Prieuré de Saut-Besnon paya 3 liv. sur la déclaration du trésorier de Saint-Lo.
Robert Cenalis en donne l'étymologie par sa propre latinité:
« Est et alius novissimus prioratus à Saltu Bernonis passim dictus Saultbernon, qui etiam paret cœnobio Augustinianœ familiœ apud Divum Laudum s. »
En 1648, d'après le Pouillé du Diocèse, le Prieuré de S. Servan (sic) de Besnon rendait 1,000 liv.
En 1698, époque à laquelle M. Foucault publia sa Statis tique, le Prieuré de Saut-Besnon valait 100 liv. de revenu |