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La Chaise-Baudouin. Église Saint-Ouen | ||||||||||||
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Il n’exista sans doute pas d’église paroissiale proprement dite avant le XIIe siècle. L’emplacement du cimetière actuel, de forme circulaire, était en effet celui d’une résidence seigneuriale dont la propriété est attribuée à Baudouin de Mosles, grand seigneur normand apparenté aux ducs de Normandie.
La première église, dont il ne reste aucune trace sinon l’emplacement fut donc, très probablement, la chapelle de cette Case Balduini, cette « Maison de Baudouin ».
Cependant, dès le début du XIIIe siècle, l’église appartenait pour moitié à un membre de la famille Meurdrac, puissante famille ayant donné son nom à la paroisse de la Meurdraquière et richement possessionnée entre Avranches et Coutances. Il donna son droit aux chanoines de la cathédrale Saint-André d’Avranches. L’autre moitié appartenait vraisemblement aux dames religieuses de la Trinité de Caen, qui possédaient aux moins la moitié des dîmes de la paroisse.
Cependant, au siècle suivant, à l’aube de la guerre de Cent Ans, l’église appartenait entièrement au seigneur du Val-de-Sée, dont le château se trouvait à Tirepied. Du point de vue féodal, la paroisse de la Chaise dépendait presque entièrement du Val-de-Sée. Ce fief donna en effet son nom au doyenné du Val-de-Sée, circonscription ecclésiastique à laquelle appartenaient les paroisses de la Chaise-Baudouin et de Chérencé-le-Héron.
Le fief ayant été confisqué par le roi Philippe VI à un membre de la famille Tesson, le droit de patronage de l’église de la Chaise arriva dans la main du roi de France, duc de Normandie. Louis XI le donna ensuite, au XVe siècle, aux chanoines de l’église Notre-Dame-de-Cléry, dans le Loiret ; église qu’il affectionnait et où l’on voit encore son tombeau. Le chapitre de Cléry conserva le patronage jusqu’à la Révolution.
Entre temps, l’église eut à subir les désagréments des guerres de Religions, qui la laissa paraît-il, en état de ruine.
Fermée quelques temps pendant la Révolution, elle fut vite réouverte sous le directoire, mais elle resta longtemps dans un état lamentable. Monseigneur Robiou, évêque de Coutances, harengua un jour le curé de la Chaise : « Mon pauvre curé, vous avez une église qui ressemble à une étable de Béthléem ! ».
Elle fut donc restaurée et se trouve aujourd’hui dans un bel état de conservation, dont voici la description.
DESCRIPTION ARCHITECTURALE
Archéologiquement parlant, les plus anciennes parties de l’église actuelle sont les fenêtres de la nef, que l’on peut attribuer au XIVe siècle, c’est-à-dire à l’époque de la guerre de Cent-Ans. Hélas, il s’agit manifestement de remplois dans un mur plus tardif. Nous allons nous attacher, ci-après, à décrire cet édifice, à l’extérieur, puis à l’intérieur, avec pour terminer quelques notes sur le mobilier. | ||||||||||||
L’extérieur
Le clocher - L’élément le plus imposant de l’église est ce gros clocher trappu pourtant si familier aux Chaiserons. C’est également la partie la plus ancienne de l’église, bâtie au cours du XVe siècle, vers la fin de la Guerre de Cent Ans. C’est peut-être l’œuvre des chanoines de Cléry, mais rien ne l’atteste.
La chapelle nord - Autre construction du XVe siècle, la chapelle nord de l’église fut peut-être autrefois une chapelle seigneuriale, peut-être cette des seigneurs du Montier, dont le manoir voisine avec l’église. Le parement du pignon nord de cette chapelle est fait de carreaux de granit, ce qui atteste une forte dépense, comme au clocher de Rouffigny, à la même époque.
La Nef - La construction de la nef est difficile à dater, notamment à cause des remplois d’éléments anciens, comme les fenêtres. | ||||||||||||
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Il est probable que cette partie de l’église fut bâtie dans le courant du XVIe siècle, bien avant 1600. La seule date certaine est celle de l’agrandissement en 1750 et la construction d’une nouvelle façade de granit.
Le chœur - Partie la plus sacrée de l’église, le chœur appartient au début XVIIe siècle. L’allure générale est toutefois d’aspect médiéval. Le plan du chœur paraît en effet plus ancien que le XVIIe siècle : deux larges travées voûtées ; un chevet plat ouvert d’une grande fenêtre axiale comme aux XIV-XVe siècles. Cette observation nous laisse penser que l’ensemble chœur-clocher-chapelle nord fut édifié à la même époque. Mais que, le chœur ayant été ruiné, il a été rebâti sur le même plan et dans les mêmes proportions, exception faite du chevet de l’église et de quelques élément décoratifs propre à l’époque de Henri IV.
L’intérieur
Le visiteur entre nécessairement dans l’église par la petite porte aux hommes : c’est de là que nous commencerons notre visite.
La nef - Bâtie (ou rebâtie), nous semble-t-il, dans le courant du XVIe siècle, peut-être après les ravages des Huguenots, la nef de l’église possède d’épais murs couverts d’un enduit de chaux. Elle n’est pas voûtée mais seulement recouvert d’une charpente lambrissée. La forme de cette voûte de bois la fait appartenir au XVIIIe siècle. C’est en 1750 que l’église fut agrandie vers l’est, avec la contruction d’un nouveau pignon. Cependant, le lambris actuel a été refait au XXe siècle.
Le chœur et le sanctuaire - Reconstruit en 1606, cet ensemble a gardé un certain nombre d’éléments du XVe siècle. La base des murs du chœur est vraisemblament de cette époque, notamment la première travée, qui donne sur les deux chapelles latérales. Il est probable qu’une partie des arcs de la voûte soit antérieure au XVIIe siècle. | ||||||||||||
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En revanche, à plusieurs endroits, la base de ses croisées d’ogives est un pilastre cannelé surmonté d’un chapiteau ionique semblable à ceux du chevet. Cela montre bien que la campagne des travaux de 1606 a été marquée par une restauration complète du chœur.
Chapelle sud (clocher) - On entre dans la chapelle sud par un grand arc de granit qui appartient sans conteste au XVe siècle. Les murs sont là très épais. Deux grandes fenêtres viennent éclairer ce lieu qui possédait lui aussi, autrefois, un autel sur le mur est, comme l’atteste la présence d’un autre lavado liturgique en granit sculpté. Les contours sont cette fois décorés de flamèches typiques de l’art flamboyant du XVe siècle.
Chapelle nord - En face de la première chapelle, existe une seconde chapelle ouverte elle aussi sur le chœur par un grand arc en granit. Les moulures de cet arc, quoique différentes, sont aussi du XVe siècle. La chapelle est entièrement voûtée, elle possède une petite clef de voûte en forme de roue. Une porte, ouverte au XIXe ou XXe siècle permet d’accéder dans a chapelle depuis le cimetière. |
CPA Collection LPM 1900 | |||||||||||
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