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La Chaise-Baudouin.collection CPA LPM 1900 | ||||||||||||
Avranchin monumental et historique Par Édouard Le Héricher 1865
Boscus Baklonii ou Buttloini. (Charte du Livre Vert). Casa Balduini. (M. Cousu», Nomenc. Ac-'ii).
Trés-irrégulièrement dessinée, cette commune affecte une forme très-difficile à caractériser : la géométrie et la botanique, ces grandes sources de la topographie, n'ont pas de figures qui lui soient applicables. Le centre, où est l'église et le bourg, est un plateau, dont les flancs sont sillonnés dlane multitude de vallons : deux vallées la limitent sur les flancs et la resserrent dans le milieu c'est à l'est, la rivière du Pas-David, et à l'ouest celle de la Chaise: le sud n'est naturellement limité qu'à moitié; le nord ne l'est pas du tout.
La Chaise-Baudouin , ou la Chèze-Baudoin-, est appelée par Robert Cenalis Cathedra Balduini. Cette élymologie ne repose que sur un vague rapport de son, et celte traduction littérale s'appuie même sur une idée fausse. Seulement il a bien reconnu un nom d'homme dans la seconde expression. Ce nom se trouve positivement dans le Bois-Baudouin, BoscusBaldoini ou Daldoniî, selon la charte du Livre-Vert. Un bois considérable a existé dans celte paroisse et se trouve marque sur la carte dont Stapleton a fait précéder ses savantes Observations sur les Rôles de l'Echiquier : il y est désigné sous le nom de Foresta de l'Avranchin. La paroisse, considérée comme habitation seigneuriale, s'est appelée Casa Balduini, Chaise-Baudouin, habitation de Baudouin. Ce mot Casa signifie une habitation seigneuriale secondaire, assez bien traduite par le mot ordinaire de Logis. On a même traduit cette expression par un mot très-voisin de ce dernier: on a dit les Loges; ainsi l'on a les Loges-sur-Brecey, les Loges-Marchis, Casas (imùanecc, Casce supra Breceium, ou selon Robert Cenalis Cases Bresscyanœ. Mais, quel que soit le sens du premier élément du nom de cette paroisse, il est évident que le second est un nom d'homme. | ||||||||||||
La Chaise-Baudouin. L'église Saint-Ouen. Ikmo-ned — Travail personnel | ||||||||||||
L'église, sur un plateau peu élevé, n'est pas entourée d'un paysage qui mérite une description spéciale. Elle appartient à la fin du XVeme siècle ou plutôt au commencement du XVIeme. Il n'y a pas de pierres tombales antérieures a cette époque. Il n'y a pas de vestiges de l'église qui l'a précédée , si ce n'est la bifurcation d'un meneau prismatique d'un bon style, qu'on trouve dans l'herbe du cimetière, et une arcature du même caractère. Elle possède des transepts, et la base de l'un d'eux et celle du chœur sont rayées de tores et de doucines. Le transept méridional est formé par une tour, large et courte, accolée d'un escalier bouffi, trouée de jours et de meurtrières, et terminée en bâtière. Il est percé d'une fenêtre gauchie et excentrique, surmontée d'une arcature prismatique plus ancienne que les autres parties de l'église, et qui suppose l'existence d'une croisée analogue dont la bifurcation précitée faisait sans doute partie. Une fenêtre trifoliée, à la face orientale de ce transept, a été bouchée. Le pignon oriental est trèsremarquable au point de vue historique : il offre un specimen de l'art de la Renaissance , qui a laissé peu de témoins dans notre pays. Il présente une grande baie ogivale obtuse avec les détails de la Renaissance. Son tiers-point s'appuie sur des pilastres à trois stries longitudinales dont la base est également striée. Les chapiteaux sont des barres plates horizontales. Les stries se continuent sur l'archivolte qu'entoure une arcature légèrement prismatique. Au pied de cette fenêtre est un trou triangulaire qui ressemble à la place d'un meneau. Aux angles de ce pignon sont des contreforts carrés couronnés d'un fronton triangulaire avec une espèce de pot a feu. Une sacristie latérale a mangé une fenêtre du transept septentrional, qui reproduit son opposé, moins l'arcature de la fenêtre centrale. La nef, qui aété récemment exhaussée, présente quatre fenêtres ogivales obtuses trifoliées à larges dalles.
D'autres sont en anse de panier. Le portail et sa fenêtre sont de ce style, et datent de 1750. Une petite porte méridionale a un faux air roman: elle est sans doute de l'époque du pignon oriental, ornée d'une chambranle arrondie et fleurdelisée à la base. De ce côté, une fenêtre ogivale présente trois têtes à son tiers-point. La croix du cimetière est carrée et très-élevée, selon le type actuel : un chapiteau classique unit le croisillon et le fût. Le Christ semble debout sur le rebord, attitude contraire à la tradition et à l'art. Ou remarque dans l'intérieur une grande niche dont le pinacle, orné de feuilles contournées, s'étale au sommet en fleurs de lis, les arcs prismatiques du chœur qui se fondent dans le fût de quatre colonnes, dont deux, celles du fond, sont striées, la statue de saint Ouen, le patron , un saint peu connu, saint Lunaire, un reste de vitrail, espèce de quatrefeuilles, plusieurs tombes de l'illustre famille des d'Auray. Une de ces tombes est de 1614 ; une autre porte la date de 1696 ; celle de M. d'Auray, seigneur duMontier' et de SaintPois, lieutenant des maréchaux de France , est de 1704, et celle de sa veuve, MTM Louise Tardif, est de 1734. Un d'Auray était à la Conquête, et il est désigné alors sous le nom de Willelmus d'Alré dans les Add. Exon Domesday. Il n'est cité ni dans Wace, ni dans le Domesday, mais M. de La Rue l'a inscrit dans sa liste supplémentaire des compagnons de Guillaume , et les auteurs des Recherches sur le Domesday ont parfaitement établi sa présence à la Conquête2, et ont retrouvé sa famille à une époque ultérieure en Angleterre sous les noms de Aire, de A Ira ou d'Auré. Voici l'article du Domesday d'Exon: « Pro una virgata quant tenet Willelmus de Aire in Devon, in Sulferton hundred, rex non habet getdum. » Cette famille bretonne d'Auray s'établit en Normandie dans le comté de Mortain, vers 1385, par le mariage de Jean d'Auray avec Jeanne de Meulan, dame de la baronnie de Saint-Pairle-Servain. Les différentes branches s'établirent à Coulouvray, à Cuves, aux Cresnays , et a la Chaise-Baudouin. Leurs armes sont lozangéesd'or et d'argent.
En 1648, l'église de Saint-Ouen de la Chaise-Baudouin, qui était à la présentation du chapitre de Clérya, rendait 600 liv.s En 1698 , la cure valait 1,000 liv. : il y avait deux prêtres; la taille était de 1,588 liv. et le nombre des taillables était de 1804. Les nobles étaient alors A. et N. d'Auray, etFlorimondc Guizet, veuve de J. Dancel, sieur de Langerie*. Dans l'impôt royal de 1522, cette paroisse paya 56 liv.6 En 1764, elle faisait partie de la sergenterie du Val-de-Sée , et comptait 143 feux.
« Il y a dans la paroisse de la Chaise-Baudouin un village appelé les Abbayes. La terre des Abbayes et plusieurs autres, tant dans la paroisse de la Chaise qu'en celle de la Trinité, dépendent du fief des Abbayes , lequel appartient à l'abbaye de la Trinité de Caen ". »
Au village de l'Ourserie sont deux croix remarquables par leur position respective. Situées à l'angle d'un champ, entre deux voies, elles font face à ces deux voies, de sorte que leur croisillon se touche à angle droit. Leur fût élevé est polygonal ; elles datent de 1709. Leur patin présente une saillie destinée ou au prédicateur, ou au livre d'office, ou au SaintSacrement. Un bâton ou crosse est appliqué sur l'angle de l'une d'elles.
Un prieur de la Bloutière était de cette paroisse. Il gouverna le prieuré à la An du xnr siècle : il fut le septième abbé, concurremment avec Nicole de Dourguenolle. « Le septiesme Nicole de Bourguenol, et l'autre Nicole Le Cornu de la Chese Baudoin, si comme ge l'ay escript par le martirologe. Le viij» fut Robert de Bricquevitle, » dit G. Le Gros, douzième prieur, qui vivait en 1371.
Une localité de cette commune porte le nom saxon des Hogues. Cette expression, si commune et si utile pour signifier une hauteur au bord de l'eaa, nous permettra de grouper en cet article tous nos noms topographiques locaux qui se rattachent à la configuration du sol et à la nature du terrain.
A l'idée de hauteur se rattachent les noms suivans : la Butte, le Butel,en Saint-Léger; le Tertre,partout; la Roche, les Rochettes, en Saintc-Piencc, la commune de la Rochelle2, la Rocheric, en la Haye; Aube-Roche en Saint-James, comme la chapelle de Pierres-Aubes en Chalendrey3; la Motte4, le Mottet; le Montceau, le Montcel dans les Loges-sur-Brecey et Saint-Aubin-des-Préaux, et peut-être Montceaux dans le Val-* Saint-Père; la Bosse, en Folligny; les Costils, en SaintPierre-du-Tronchet5: par figure, le mot Vent, signifiait aussi hauteur: les Hauts-Vents, en Beauchamps; les Hauts-Vents, en la Luzerne ; la Butte-des-Quatre-Vents , en Pontaubault, et de même les Friloux, noms communs dans l'arrondissement d'Avranches. Les noms de Mirande, de Beaurcgard, de Beauvoir, de Beau-Soleil, qui s'y trouvent souvent aussi, expriment la mémo idée sous un point de vue pittoresque et poétique. Les Cosnes ou Cosnlères rendent la même idée : les Hautes Cosnières en Saint-Jean-de-la-Haize. Dans l'Avranchin, comme dans le reste de la Normandie, un cap s'appelle Grouin. Les Hogues, les Hougues , les Iloguelles se retrouvent partout.
Nous avons cité ailleurs les Holmes, ou îles et presqu'îles d'eau douce , que nous retrouvons dans Saint-Quentin-sur-leHomme et à Poilley-sur-le-Homme ; les Houles, ou vallées en entonnoir, que nous retrouvons dans la Houle en SaintQuentin, et la Houle en Saint-Nicolas-de-Granville3.
Les pierres du sol, dues à la nature ou placées par la main de l'homme, sont signalées par une multitude de noms : le Gué-Perroux , en Aucey4; lePerroux, en la Luzerne; les Perrières ,Ja Croix-des-Pcrrières, en Avranches ; les Perrières dans le Grippon; le village Perrée, en Saint-Planchers; le Pavé à Marcey; le Pavement, en Poilley; la Chaussée, en Pontorson; le Ferré, Belle-Ferrière, en Subligny; la Pilière, dans le Petit-Celland et à la Trinité5; le Perron , en SaintBrice; la Perrelle, auprès du champ de la Pierre en Cuves; lesPcrrelles, en Saint-Nicolas-de-Granville; la Perruche6, à Scrvon et à la Rochelle.
La nature du sol donne aussi le nom saxon de Land, terre, les Landes, les Landelles, les Landières en Chérencé-le-Héron, le Celland, le Friland que retrouve aussi M. Pluquet, à Geffosses dans le Bessin.
La division du sol est rappelée par des noms antiques, généralement saxons. Les Crot, Croules, portion de terre, portiuncula terra, dit Robert Cenalis, sont excessivement communs dans la Normandie. Dans l'arrondissement d'Avranches, nous citerons les Croûtes dans les Pas, les CroûtesBaron en Huynes, la Croûte en Macey, la Croûte en Ardevon. Les Theil, ou Délies, si communs dans le Dessin où l'on a fait le mot de Dellage donnent le Theil et le Moutheil en SaintPierre-Langers; H y a encore les Wast, ou terres stériles , qui terminent tant de noms du diocèse de Coutances et que nous retrouvons dans les Terregalles de l'Avranchin. Les Devises sont d'origine latine, et nous trouvons ce mot dans la Devise et les Hautes-Devises en Jlarcey | ||||||||||||