BRECEY
  CC 32.02 DU VAL DE SEE
   
  La grande Cidrerie-Distillerie de la Vallée de la Sée
   
 

Brecey en 1960, collection CPA LPM 1960

 
   
 

La Manche

Numéro spécial, Supplément au numéro du 28 août 1926

de l'Illustration économique et financière

Auteur -

Publication : Paris 1926

 

Quand on circule dans le département de la Manche, d'Avranches à Cherbourg, l'on voit partout, autour des fermes, de splendides plantations de pommiers, aussi n'est-il pas surprenant que ce pays soit un des plus gros producteurs de pommes.

 

Par l'importance de ses récoltes, le département de la Manche vient en tête de la Normandie, et immédiatement après le département de l'Ille-et-Vilaine. Pour la récolte de 1924, la production de la Manche a été de 6.649.740 quintaux, sur une récolte totale de 47 millions, soit plus du huitième. Jusqu'en 1914, il n'y avait dans le département de la Manche que des bouilleurs de cru et quelques petites distilleries fabriquant de l'eau-de-vie de cidre de consommation. Par suite de la guerre et de la modification de la législation supprimant l'alcool d'industrie pour la consommation de bouche, le principal débouché de la pomme et du cidre allait devenir la fabrication des alcools rectifiés extra neutre à 96°, destinés à remplacer l'alcool d'industrie.

 

M. Henry Leblanc, en industriel avisé, commença, fin 1917, à construire à Brécey une importante cidrerie-distillerie. Son fils, M. Jacques Leblanc, aussitôt rentré de la guerre, au début de 1919, prit entièrement la direction de cette affaire, et, rapidement, malgré les nombreuses difficultés d'approvisionnement, fit terminer la construction et le montage de l'usine, qui commença à fonctionner en septembre 1919.

 

La distillerie de Brécey est construite sur un vaste terrain, à proximité de la gare, à laquelle elle est reliée par une voie de raccordement. Cette usine peut travailler journellement 180 à 200 tonnes de pommes, et, grâce à un matériel très perfectionné et bien agencé, assure cette grosse production avec un personnel réduit.

 

Cette distillerie dispose surtout d'une cuverie qui peut être citée comme modèle. Construite entièrement en ciment armé, elle comprend 24 cuves de fermentation de 600 hectos et 16 cuves de réserve de 1.100 hectos, soit une contenance totale de plus de 30.000 hectos. Non seulement cette usine travaille beaucoup de pommes pour les transformer en alcool rectifié à 96°, mais elle distille des quantités très importantes de cidre qu'elle achète aux cultivateurs. Pour assurer son ravitaillement en pommes et en cidre, cette distillerie possède 15 wagons particuliers, 4 wagons réservoirs et 5 camions automobiles.

 

A titre documentaire, il n'est pas inutile d'ajouter que cette distillerie est actuellement exploitée par la Société Anonyme des Distilleries Réunies, dont le siège est 34, rue de Liége, à Paris, et dont fait partie également la Cidrerie de Cormeilles, plus importante encore que l'usine de Brécey, et la Distillerie de la Madone, à Puteaux, réservée à la rectification des flegmes.

 
   
 

L'exemple de la Distillerie de Brécey a été suivi, et de nombreuses usines se sont installées dans le département de la Manche pour exploiter ses admirables ressources en pommes et en cidre. Le cidre, avant la guerre, se vendait, dans la Manche, à des prix dérisoires lors des années d'abondance, 5 francs l'hecto, et même, à certains moments, 50 à 60 francs le tonneau de 15 hectos, cependant que les pommes valaient de 10 à 20 sous la barattée de 26 kilos. Par suite des difficultés de transport, les cultivateurs devaient quelquefois faire 30 et 40 kilomètres pour porter aux distilleries leurs pommes et leur cidre.

 

Les temps sont changés maintenant ; il y a partout des distilleries, et les producteurs vendent leurs récoltes de pommes et de cidre à des prix très rémunérateurs ; aussi plante-t-on beaucoup de pommiers qui feront plus que jamais la prospérité de cet admirable département.

 

 Camions automobiles

 

 
     
 

La distillerie de Brécey année 1960