SOURDEVAL-LA-BARRE
  CC 30.07 du MORTANAIS
   
  LES CHATEAUX
         
 

Le vieux château, collection CPA LPM 1900

 
     
 

LE CHATEAU

D’après Michel ROYNEL


Le château était situé à l'est du bourg, sur un monticule, où l'on voyait encore quelques traces de fortifications en 1930. En 1562 Montgommery, avec ses huguenots, s'en empara, le pilla et le dévasta, ainsi qu'un grand nombre de maisons tant dans le bourg que dans la campagne. Le 4 mai 1601, la Basse-Cour et le Grand-Logis furent brûlés par l'imprudence d'un domestique, qui, après avoir joué, laissa une chandelle allumée dans l'écurie. Ils furent restaurés et rebâtis à neuf par Gabriel Le Neuf en 1731. Trois châteaux se trouvaient avant 1944 dans le lieu occupé jadis par le parc du château de Sourdeval : le Château, le vieux-Château et un autre appelé le Potager. Aucun des trois n'était bien ancien. Le parc, les arbres, avenues et souterrains ont disparu. Seuls quelques noms rappellent leur souvenir.

 

En dehors des Avenel et des de Marcilly. Beaucoup d'autres familles nobles eurent des possessions dans la paroisse ou même l'habitèrent à différentes époques, et plusieurs fiefs dont le chef était en dehors, y avaient des extensions. Ainsi la charte de Navarre de 1401 mentionne parmi les fiefs tenus immédiatement du Roi: : Une franche vavassorerie à Sourdeval, dite le fief d'Eron, appartenant à Jean de Burcy, écuyer, et parmi les fiefs tenus en arrière-fiefs : un huitième de fief en Sourdeval (le fief d'Esson) appartenant à Jean d'Esson, tenu de Messire Robert de la Ferrière, seigneur de Saint-Hilaire, Une franche vavassorerie, le chef en Sourdeval et s'étendant en Saint-Martin-de-Chaulieu, appartenant à Alain de Fréval, tenu de Messire Robert Le Moyne, seigneur de Sourdeval, Une franche vavassorerie en Sourdeval, appartenant à Jehan Anmouy dit Jolinet, tenue de Robert de la Ferrière, seigneur de Saint-Hilaire. La baronnie de Montfautrel, qui appartenait à l'Abbaye-Blanche, avait une extension à Sourdeval. A la même Abbaye appartenait une partie du fief d'Egrenne. Le prieuré de Mautour y possédait le fief du Bois-Harac ou de la Boulangerie. Le fief du Brûlais, relevait jadis de la seigneurie de Saint-Hilaire et, vers l'an 1600, appartenait à Jacques Lebreton, seigneur de la Motte, au Mesnil Gilbert, il passa plus tard dans la famille des seigneurs de Sourdeval. Divers aveux au XVII" siècles, mentionnent les deux fiefs d'Eron, le fief d'Esson, le fief de la Douesnellière, la fieffe-ès-Joubins ou les Elancelets, les fiefs de la Noë-Ambrière, de la Noë-du-Trésor, du Gué-Augeray, du Gué-Richeux, du Maupertus, des Hautes-Brousses, du .Mont-au-Loup, de Maupas, de Gasouard, la Fieffe-aux-Merciers, la Fieffe-Coursière, mais la plupart n'étaient pas des fiefs nobles.

 
 

 

 
 

Le Château Vielle porte et escalier, collection CPA LPM 1900

 
     
 

Sourdeval la Barre. Château Meslay, collection CPA LPM 1900

 
         
 

En 1598, Jacques de la Houssaye, sieur d'Eron, fils Michel, demeurant à Sourdeval, fut reconnu noble par Roissy. Un de ses descendants, Jean de la Houssaye, justifia quatre degrés devant Chamillard, en 1666. A la fin du XVème et au commencement du XVlème siècles, Jean Carbonnel et, après lui, son fils Gilles Carbonnel, qui devint seigneur de Chassegué, portait le titre de seigneur de Sourdeval; il était, en effet, seigneur de Sourdeval au diocèse de Coutances, mais non de Sourdeval dans le comté de Mortain, et sa résidence était à Chassegué. Sa famille avait possédé la seigneurie de Brouains et il avait conservé quelques possessions dans la paroisse de Sourdeval. De plus, pendant l'occupation de la Normandie par les Anglais, le roi Charles VII lui avait donné la seigneurie de Sourdeval dans le comté de Mortain, parce que le seigneur de Sourdeval, Jean Lemoine, était resté soumis aux Anglais. Mais celui-ci ayant fait sa soumission à Charles VII aussitôt après l'expulsion des Anglais, le roi lui rendit ses biens, et la donation qu'il en avait faite à Jean Carbonnel resta sans effet. C'est sans doute cette donation, et le nom de Sourdeval qu'il portait qui a fait considérer Jean Carbonnel comme seigneur de Sourdeval dans le comté de Mortain.

 

Une des principales familles de Sourdeval était la famille Laurens de la Barre, qui a donné son nom à la Barre Laurens. Cette famille n'était pas noble, mais elle était alliée à plusieurs familles nobles. A cette famille appartenait René Laurens, écuyer, sieur de la Barre, né à Mortain et président de l'élection de Mortain, de 1595 à 1604. Ce René Laurens est auteur de plusieurs ouvrages; en 1590, il publia une édition de l'Apologétique de Tertullien, avec des remarques; en 1612, il publia une traduction de la Vie de Saint-Guillaume-Firmat, en 1616, il publia un Formulaire des Elus, pour l'instruction de ses confrères.

 
         
 

La même famille appartenait Barnabé Laurens, seigneur de la Barre, qui fut aussi président de l'élection de Mortain, de 1625 à 1644. Barnabé et ses descendants sont restés assez longtemps en Normandie principalement à MORTAIN et SOURDEVAL, puis ont habité à partir du XVIIIè en Bretagne, notament à CONCARNEAU ou BREST. Barnabé du Laurent de la Barre fut anobli en 1654 par lettres patentes pour services rendus lors de la Révolte des "Nu-pieds". Il a donné souche à 3 branches principales : Les ainés ont pris le nom du Laurent de Montbrun, dont subsistent actuellement trois descendants sans héritiers mâles, le nom risque donc de s'éteindre D'autres fils ont pris le nom du Laurent de la Barre, certains qui vivaient principalement en Bretagne, n'ont plus de descendants masculins.

 

Il reste des descendants par les femmes, notamment une famille WOERLY qui réside à COMMANA au Manoir du Bois de la Roche. (29) Un des ancetres de cette branche, Ernest du Laurent de la Barre est assez connu au XIXè pour ses écrits sur la Bretagne. une rue à Guingamp porte son nom.

 
 
         
 

D'autres fils de Barnabé ont donné la branche du LAURENT de la BARRE dont je descends. Elle comprend notamment Antoine du Laurent de la Barre qui fut mousquetaire du Roi. A partir du XIXè, elle s'établit en Rhone-Alpes. Il reste actuellement une quarantaine de porteurs du nom. La partie bretonne ou normande n'éxiste plus. Par les archives que possede la famille, nous avons pu établir que les ancetres de Barnabé vivaient depuis au moins 1470 à Sourdeval. l'ancêtre le plus ancien serait un dénommé Pierre LAURENS Enfin un des freres cadets de Barnabé a donné souche à une branche du LAURENT ( tout court) dont il reste deux jeunes héritiers masculins (renseignements fournis par un descendant) et leur descendant. Dans les derniers temps, cette famille avait pris le nom de Du Laurens. Elle était alliée à plusieurs familles nobles. Depuis longtemps elle habitait Mortain, mais elle était originaire de Sourdeval.

Un manuscrit du Mont-Saint-Michel rapporte que, sous le gouvernement de l'abbé Jean de la Borte (1314-1334), trois tailleurs de granit de Sourdeval, vomirent un torrent d'injures contre des pèlerins qui se rendaient au Mont, et y mêlèrent des blasphèmes. Mais dès la nuit suivante, saisis subitement de violentes douleurs, ils se rappelèrent le mal qu'ils avaient tait et promirent de le réparer. Touchés, confus, n'osant lever les yeux, ils prirent le chemin du Mont, allèrent y faire l'aveu public de leurs fautes, et remercier Dieu de leur avoir sauvé la vie. Aux XV" et XVIème siècles et même après, la paroisse de Sourdeval comptait un très grand nombre de prêtres. René Laurens, sieur de la Barre, disait qu'il y avait dans le comté de Mortain plus de prêtres, et de gens d'église et de fondations qu'autre part..." et me souvient, dit il, estant escolier à Sourdeval, y avoir ouï conté quarante-cinq prêtres, en toutes les meilleures maisons de la paroisse, et ores en la paroisse de Barenton y en avait soixante, outre bon nombre de clercs." Un des prêtres les plus remarquables de Sourdeval, à la fin du XVII" siècle et au commencement du XVIIIème siècle, fut M. Julien Vaullegeard, curé de Champcey, doyen rural de Genets, chef de Missions, fort estimé dans tout le diocèse d'Avranches. Il fut le premier supérieur du séminaire de la Garlière, à Saint-Laurent-de-Cuves. C'est là qu'il mourut et fut inhumé au lieu où l'on devait bâtir la chapelle.

 
     
 

Sourdeval la Barre. Château du Haut Aunay collection CPA LPM 1900