MORTAIN
  CC 28.04 du MORTANAIS
   
  L'ABBAYE BLANCHE
         
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    L'abbaye "des Blanches" a été fondée en 1112 par Adeline, sœur de saint Vital pour les moniales de l'ordre de Savigny. Vital, ancien chapelain du comte Robert de Mortain, demi-frère du Conquérant, renonça en 1095 à sa charge et se retira au "désert" dans les forêts du Passais et de Fougères. Il y vécut dix-huit ans, avant de fonder l'Ordre de Savigny. Il est, avec Robert d'Arbrissel et Bernard de Tiron, l'un de ces " magistri et principes eremitarum " qui autour de 1100 ont voulu réformer l'Eglise. Ils ont fini par établir des congrégations bénédictines nouvelles et originales, dans le sillage des Cisterciens auxquels Savigny se rattacha en 1147. (C'est donc sans doute à partir de cette date que le monastère féminin de Mortain peut prendre le nom d'Abbaye Blanche, en référence aux vêtements blancs des religieuses, faits de laine non teinte.)

 

L'église abbatiale et les bâtiments conventuels des moniales ont été édifiés entre 1150 et 1205.


L'architecture de l'église suit fidèlement les schémas cisterciens : plan en croix latine, à nef unique et large transept abritant deux chapelles carrées, chœur à chevet plat. Le style est celui du gothique primitif : baies en plein cintre, doubleaux en arc brisé à double archivolte, ogives épaisses retombant sur des colonnes tronquées et des culots, voûtes bombées à la mode angevine des Plantagenêt. Le décor a été sacrifié à l'austérité cistercienne : simplicité des ouvertures, chapiteaux à corbeille nue ou à feuilles plates.


Du couvent du XIIe siècle subsistent la salle capitulaire, le cellier, le cloître roman.


La salle capitulaire, rectangulaire, ouvrant sur le cloître par deux grandes baies en plein cintre, est partagée en deux nefs dont des voûtes d'arêtes retombent sur une file de piliers. Elle date des années 1170. Son plan original, que l'on observait aussi à La Lucerne, a fait école dans l'architecture gothique normande (Hambye, Notre-Dame-du-Vœu, Saint-Pierre-sur-Dives, Le Plessis-Grimoult...) et anglaise (Kirkstall).

 

Le cloître qui comprend encore deux galeries (mais seuls onze arceaux appartiennent bien à la fin du XIIe s.) est formé d'étroites arcades en plein cintre retombant sur des colonnettes qui lui confèrent beaucoup de légèreté.

 
         
 

 
 

 Galerie du cloître

     
         
 

Aujourd'hui

 

L'église, les celliers, la salle capitulaire et le cloître longeant la nef avec trois arcades en retour le long du transept ont été classés monuments historiques par arrêté du 3 avril 1920.

 

L'ordre des pères du Saint-Esprit, propriétaire des lieux quitte l'abbaye en 1984, et la communauté des Béatitudes s'y installe en location. Leurs journées sont rythmées par les prières, les rites liturgiques (laudes, vêpres, complies, etc.) et la volonté de respecter la façon de vivre des premiers chrétiens. Une place importante est réservée à l'art par le biais d'expositions et de mises en scène d'une part, et par l'accueil d'artistes au sein de l'abbaye d'autre part parmi lesquels Marcel Hasquin, Hary Rosenthal, Patrick Chupin, Isa Slivance, Michael Lonsdale, Solomon Rossine, Akéji, Rachid Koraichi, la compagnie Habaquq... Un musée missionnaire sur l'ethnographie africaine est également ouvert au public.

 

En 2008, elle est mise en vente à trois millions d’euros. Fin 2010, la vente n'est toujours pas conclue. La mise à prix est raisonnable pour un édifice de ce calibre et les 5 hectares du domaine qui s'y rattache mais les 14 millions d'euros nécessaires à la restauration de l'abbaye font réfléchir. Comme dans le monde du travail, les spiritains, propriétaires de l'abbaye, doivent se restructurer en vendant des propriétés et en regroupant leurs membres.

 

La dizaine de frères et de sœurs des Béatitudes quitte l'abbaye de Mortain en mai 2011. Une promesse de vente est signée par l'architecte François Pin, le promoteur Maxime Rinaldi et un architecte belge, qui souhaitent en faire un lieu culturel en conservant le caractère spirituel du lieu