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NOTICE SUR SAINT-GEORGES-DE-ROUELLEY ET SES CHAPELLES Par- M. H. MOULIN 1885
D'après les historiens et les géographes, il n'existait sur le territoire de la paroisse de Saint-Georges-de-Rouelley que deux chapelles : Saint-André-de-la-Pierre et Saint-Laurent-des-Aulnaux.
La chapelle Saint-André, qui existait au quinzième siècle, figure encore sur les cartes de Cassini ainsi que la chapelle Saint-Laurent. Elle avait été bâtie en pleine forêt, dans le bois de la Pierre, dépendant de la forêt de Lande-Pourrie, et pour se rendre compte de sa construction en ce lieu solitaire, il faut se reporter en imagination à plusieurs siècles en arrière.
Il existait, en effet, dans cette partie de la forêt et depuis un temps immémorial, un ancien chemin montois ou montais, allant directement de Lonlay-l'Abbaye vers Avranches, par Mortain. Ce chemin est déjà cité dans des titres du commencement du quinzième siècle, mais il est évidemment beaucoup plus ancien. Il partait de Lonlay-l'Abbaye par la rue Saint-Michel, au haut de laquelle existait une ancienne chapelle de ce nom; il traversait la forêt où était précisément la chapelle Saint-André, et franchissait sur un pont très ancien, le Pont-de-Biorbe, deux affluents de la Sonce qui se joignent en cet endroit. De là, il traversait les anciens villages du Breil, de la Croix-le-Comtp, passait près de la chapelle de Rancoudray, bat d'un très ancien pèlerinage, et de là gagnait la Montjoie et l'ermitage Saint-Gilles d'où les pèlerin savaient déjà une première vue du mont dédié à l'archange. Tout porte à croire que c'est la présence de cet antique chemin qui a motivé l'érection, dans cette contrée, de l'ancienne chapelle Saint-André dont les deux statues sont actuellement dans l'église de Saint-Georges-de-Rouelley.
La chapelle Saint-André avait été construite en pleine forêt, probablement dans l'intérêt des voyageurs, et des habitants de ces contrées solitaires, entre le village de la Pierre et le village de la Prise-Guimont, dans une situation élevée, comme en général lesanciennes chapelles, et d'où l'on a une très belle vue du côté de Domfront et du Passais.
Elle était placée à la jonction de deux anciens chemins, savoir: du chemin de la Pierre et d'un ancien chemin venant de Lonlayl'Abbaye, dans la direction du Guê-Tribaud, par la Croix-des-Champs, le village du Cerisier et la forêt.
Elle avait été bâtie dans un champ qui porte encore le nom de Champ-de-la-Chapelle, et, comme beaucoup d'autres chapelles anciennes, elle était entourée d'un cimetière, planté d'ifs. Elle fut desservie par les religieux de l'Abbaye de Lonlay jusqu'à l'époque de la Révolution; mais, abandonnée depuis 1793, elle est tombée en ruines, et aujourd'hui il n'en reste plus pierre sur pierre. Toutefois, le souvenir de cette chapelle subsiste toujours dans la contrée, et la tradition en est toujours vivante.
Cette chapelle a dû être fondée par l'abbé de Lonlay, déjà patron présentateur de l'église paroissiale de Saint-Georges-de-Rouelley, et cette fondation a dû être motivée tant par les besoins du service, que par l'intérêt des populations rurales de cette grande commune disséminée sur une vaste étendue de la forêt.
En fait, la chapelle de Saint-André, était donc comme beaucoup d'autres, une sorte de succursale de l'église paroissiale; et c'est ce qu'indique d'ailleurs la présence d'un cimetière et d'un presbytère la Prise-Guimont.
Au-dessus et vers la ligne de faîte de la forêt, est le village de la Pierre, avec l'emplacement de son ancienne verrerie, et l'industrie du verre était autrefois très active dans cette contrée de la forêt de Lande-Pourrie ou dans ce val de Sonce, si riche en grès supérieur.
La chapelle Saint-Laurent des Aulnaux ne figure pas dans le manuscrit du quinzième siècle; mais elle est citée par M. Foucault, intendant de la généralité de Caen, dans les mémoires qu'il publia sur le Mortainais, en 1697, comme appartenant au doyenné du Teilleul: elle aurait été fondée par les Poisnel et elle existait certainement en 1475, suivant le livre blanc de l'évêché d'Avranches; mais nous verrons bientôt que, d'après le style de sa construction, elle est beaucoup plus ancienne.
Cette chapelle figure encore comme entière sur les cartes de Cassini.
Elle avait été construite originairement à la limite des généralités de Caen et d'Alençon, sur un ancien chemin reliant le Passais avec Lonlay-l'Abbaye, tout près d'un gué qui permettait de passer aisément la Sonce en cet endroit et du manoir des anciens seigneurs de Rouelley, enfin, au milieu d'un petit bois et sans doute dans un bouquet d'aunes.
De forme rectangulaire, elle avait 10m 50 de longueur sur 5m 30de largeur, dans oeuvre: elle était orientée avec une porte d'entrée au Midi et éclairée par trois fenêtres au moins, au Nord, au Sud et à l'Ouest, sinon à l'Est.
Ce qui subsiste encore et ce qui permet de dater l'édifice, c'est une élégante fenêtre au Midi, de 2 mètres de hauteur et de 40 centimètres de largeur, en style ogival trilobé, avec chanfrein:fenêtre d'un style très pur et d'une belle exécution qui rappelle l'architecture gothique de la seconde moitié du treizième siècle et du règne de Saint-Louis. L'on peut donc sans crainte faire remonter à cette époque l'érection de la chapelle Saint-Laurent,bien qu'elle ait certainement subi depuis plus d'un remaniement.
Tout près de là était l'ancien manoir des seigneurs de Rouelley, dont la motte existait encore, il y a quelques années, mais a été depuis complètement rasée, de sorte qu'il n'en reste plus aucune trace. Mais, quoiqu'il fût entouré de douves, ce manoir n'a jamais dû avoir d'importance sérieuse d'après les renseignements que nous avons recueillis sur les lieux. Quant à la chapelle elle-même, elle avait dans les derniers temps pour titulaire M. François Couppel, prestre, officiai du Mans au siège de Domfront, auquel succéda M. Louis Couppel, seigneur de Saint-Laurent, patron présentateur de Rouellé.
L'on conçoit qu'ainsi cette chapelle soit devenue l'oratoire des seigneurs de Rouelley, bien qu'elle fût située sur le territoire de la commune de Saint-Georges. |
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