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Saint-Georges-de-Rouelley, CPA collection LPM 1900 |
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NOTICE SUR SAINT-GEORGES-DE-ROUELLEY Par- M. H. MOULIN 1885
Saint-Georges-de-Rouelley, ou d'après les titres anciens de la Roelle, faisait partie, dans une certaine mesure, d'une contrée sui gênons, dont le sous-sol était formé d'une glaise compacte se levant par rouelles et servant, depuis une très haute antiquité, à la fabrication delà poterie.
Cette région qu'arrosent la Sonce et ses affluents était formée principalement du territoire des communes de Rouelley, de Saint-Gilles-des-Marais ainsi que de la Haute-Chapelle: c'est le Rouelley, contrée au sous-sol imperméable, qui devait former autrefois, surtout en hiver, un vaste marécage, avant les travaux d'assainissement opérés de nos jours, et dans laquelle est une vaste couche de glaise ou de terre à potier, connue sous le nom de goulande, et d'où les potiers de Ger sont dans l'usage d'extraire leur terre à pots depuis un temps immémorial.
La commune de Saint-Georges-de-Rouelley, placée sur les marches de la généralité d'Alençon, était sillonnée par un grand nombre d'anciens chemins qui la mettaient en communication soit avec le Passais et le Teilleulais, par le chemin de la Chiffetière, soit avec le Mortainais etl'Avranchin, par le grand chemin montois, soit avec Lonlay-l'Abbaye par le chemin du Gué-Saffray et des tertres, soit enfin avec Ger etTinchebray par le grand chemin de la forêt de Lande-Pourrie.
Saint-Georges-de-Rouelley, était donc comme frontière, une position importante, et à une époque où les marais du Rouelley, d'une part, et les grandes rivières du Passais, d'autre part, devaient souvent couvrir, sinon inonder le pays, tout porte à croire que Saint-Georges-de-Rouelley devint le terminus des anciens chemins du Mortainais, lesquels devaient, dans le principe, converger vers Lonlay-l'Abbaye.
Ce qu'il y a de plus ancien à Saint-Georges-de-Rouelley, c'est sans contredit son église dont le portail, construit en blocage, avec d'anciens contre-forts, une porte romane à claveaux, sans autre ornement que le damier et une rosace circulaire, doit dater du commenement du douzième siècle et présente tous les caractères de l'architecture romane, en Normandie, à cette époque. Au Midi, est une fenêtre à meneaux, en style ogival trilobé, sinon en fer de lance, qui peut dater du quatorzième siècle: ce sont les seules parties anciennes de l'édifice actuel.
Un manuscrit du quinzième siècle, qui paraît fort exact, désigne ainsi ce monument: « L'église sainct Georges de Rouelié faicle par les Anglois;» mais cette construction ne pourrait s'expliquer de la sorte qu'autant qu'elle serait l'oeuvre des Anglais établi? Dans le Mortainais en général et à Saint-Georges-de-Rouelley en particulier, après la bataille de Tinchebray, en 1106; et les parties les plus anciennes de l'église présentent bien les caractères de l'architecture romane sous le règne du roi d'Angleterre, Henri Ier.
Dans cette hypothèse, l'église actuelle de Saint-Georges-de-Rouelley aurait donc été fondée sous Etienne de Blois, premier comte de Mortain, depuis la bataille de Tinchebray, et la fenêtre du Midi pourrait être également d'origine anglaise et dater de la guerre de Cent ans.
L'église est placée sons les vocables de Saint-Georges et de Saint-Julien, premiers évêques du Mans, ce qui s'explique par le voisinage de ce grand diocèse qui comprenait, dans l'origine, tout le Passais.
Quant à l'ancien château de Saint-Georges-de-Rouelley, il était situé dans le bourg même, à côté de l'église, sur un large plateau d'environ trois hectares d'étendue, entouré de douves au Midi, au Nord, à l'Ouest; et l'on peut encore affirmer, tant d'après les restes de ce château que d'après l'importance des douves, surtout à l'Ouest, que le château de Saint-Georges-de-Rouelley constituait une position forte au treizième siècle et qu'après le château de Saint-Cyrdu-Bailleul, c'était certainement la forteresse la plus importante du canton de Barenton.
Dans l'état actuel des choses, ce qui reste du château date de la seconde moitié du treizième siècle, et peut remonter au règne de Saint-Louis. Ainsi la porte d'entrée, au Midi, offre un type très pur d'ogive lancette avec chanfrein, et la cheminée, de forme très élégante, reproduit le type des belles cheminées du réfectoire du Mont Saint-Michel.
L'emplacement du château a fait place à une ferme que ne désignent ni la carte de Cassini, ni celle de l'état-major, mais qui figure, l'on ne sait trop pourquoi, sur l'Atlas cadastral de la commune et sur les cartes cantonales de M. Bitouzé, sous le nom de la Salle. |
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Saint-Georges-de-Rouelley, CPA collection LPM 1900 |
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Saint-Georges-de-Rouelley, CPA collection LPM 1900 |
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NOTICE SUR SAINT-GEORGES-DE-ROUELLEY ET SES CHAPELLES Par- M. H. MOULIN 1885
D'après les historiens et les géographes, il n'existait sur le territoire de la paroisse de Saint-Georges-de-Rouelley que deux chapelles : Saint-André-de-la-Pierre et Saint-Laurent-des-Aulnaux.
La chapelle Saint-André, qui existait au quinzième siècle, figure encore sur les cartes de Cassini ainsi que la chapelle Saint-Laurent. Elle avait été bâtie en pleine forêt, dans le bois de la Pierre, dépendant de la forêt de Lande-Pourrie, et pour se rendre compte de sa construction en ce lieu solitaire, il faut se reporter en imagination à plusieurs siècles en arrière.
Il existait, en effet, dans cette partie de la forêt et depuis un temps immémorial, un ancien chemin montois ou montais, allant directement de Lonlay-l'Abbaye vers Avranches, par Mortain. Ce chemin est déjà cité dans des titres du commencement du quinzième siècle, mais il est évidemment beaucoup plus ancien. Il partait de Lonlay-l'Abbaye par la rue Saint-Michel, au haut de laquelle existait une ancienne chapelle de ce nom; il traversait la forêt où était précisément la chapelle Saint-André, et franchissait sur un pont très ancien, le Pont-de-Biorbe, deux affluents de la Sonce qui se joignent en cet endroit. De là, il traversait les anciens villages du Breil, de la Croix-le-Comtp, passait près de la chapelle de Rancoudray, bat d'un très ancien pèlerinage, et de là gagnait la Montjoie et l'ermitage Saint-Gilles d'où les pèlerin savaient déjà une première vue du mont dédié à l'archange. Tout porte à croire que c'est la présence de cet antique chemin qui a motivé l'érection, dans cette contrée, de l'ancienne chapelle Saint-André dont les deux statues sont actuellement dans l'église de Saint-Georges-de-Rouelley.
La chapelle Saint-André avait été construite en pleine forêt, probablement dans l'intérêt des voyageurs, et des habitants de ces contrées solitaires, entre le village de la Pierre et le village de la Prise-Guimont, dans une situation élevée, comme en général lesanciennes chapelles, et d'où l'on a une très belle vue du côté de Domfront et du Passais.
Elle était placée à la jonction de deux anciens chemins, savoir: du chemin de la Pierre et d'un ancien chemin venant de Lonlayl'Abbaye, dans la direction du Guê-Tribaud, par la Croix-des-Champs, le village du Cerisier et la forêt.
Elle avait été bâtie dans un champ qui porte encore le nom de Champ-de-la-Chapelle, et, comme beaucoup d'autres chapelles anciennes, elle était entourée d'un cimetière, planté d'ifs. Elle fut desservie par les religieux de l'Abbaye de Lonlay jusqu'à l'époque de la Révolution; mais, abandonnée depuis 1793, elle est tombée en ruines, et aujourd'hui il n'en reste plus pierre sur pierre. Toutefois, le souvenir de cette chapelle subsiste toujours dans la contrée, et la tradition en est toujours vivante.
Cette chapelle a dû être fondée par l'abbé de Lonlay, déjà patron présentateur de l'église paroissiale de Saint-Georges-de-Rouelley, et cette fondation a dû être motivée tant par les besoins du service, que par l'intérêt des populations rurales de cette grande commune disséminée sur une vaste étendue de la forêt.
En fait, la chapelle de Saint-André, était donc comme beaucoup d'autres, une sorte de succursale de l'église paroissiale; et c'est ce qu'indique d'ailleurs la présence d'un cimetière et d'un presbytère la Prise-Guimont.
Au-dessus et vers la ligne de faîte de la forêt, est le village de la Pierre, avec l'emplacement de son ancienne verrerie, et l'industrie du verre était autrefois très active dans cette contrée de la forêt de Lande-Pourrie ou dans ce val de Sonce, si riche en grès supérieur.
La chapelle Saint-Laurent des Aulnaux ne figure pas dans le manuscrit du quinzième siècle; mais elle est citée par M. Foucault, intendant de la généralité de Caen, dans les mémoires qu'il publia sur le Mortainais, en 1697, comme appartenant au doyenné du Teilleul: elle aurait été fondée par les Poisnel et elle existait certainement en 1475, suivant le livre blanc de l'évêché d'Avranches; mais nous verrons bientôt que, d'après le style de sa construction, elle est beaucoup plus ancienne.
Cette chapelle figure encore comme entière sur les cartes de Cassini.
Elle avait été construite originairement à la limite des généralités de Caen et d'Alençon, sur un ancien chemin reliant le Passais avec Lonlay-l'Abbaye, tout près d'un gué qui permettait de passer aisément la Sonce en cet endroit et du manoir des anciens seigneurs de Rouelley, enfin, au milieu d'un petit bois et sans doute dans un bouquet d'aunes.
De forme rectangulaire, elle avait 10m 50 de longueur sur 5m 30de largeur, dans oeuvre: elle était orientée avec une porte d'entrée au Midi et éclairée par trois fenêtres au moins, au Nord, au Sud et à l'Ouest, sinon à l'Est.
Ce qui subsiste encore et ce qui permet de dater l'édifice, c'est une élégante fenêtre au Midi, de 2 mètres de hauteur et de 40 centimètres de largeur, en style ogival trilobé, avec chanfrein:fenêtre d'un style très pur et d'une belle exécution qui rappelle l'architecture gothique de la seconde moitié du treizième siècle et du règne de Saint-Louis. L'on peut donc sans crainte faire remonter à cette époque l'érection de la chapelle Saint-Laurent,bien qu'elle ait certainement subi depuis plus d'un remaniement.
Tout près de là était l'ancien manoir des seigneurs de Rouelley, dont la motte existait encore, il y a quelques années, mais a été depuis complètement rasée, de sorte qu'il n'en reste plus aucune trace. Mais, quoiqu'il fût entouré de douves, ce manoir n'a jamais dû avoir d'importance sérieuse d'après les renseignements que nous avons recueillis sur les lieux. Quant à la chapelle elle-même, elle avait dans les derniers temps pour titulaire M. François Couppel, prestre, officiai du Mans au siège de Domfront, auquel succéda M. Louis Couppel, seigneur de Saint-Laurent, patron présentateur de Rouellé.
L'on conçoit qu'ainsi cette chapelle soit devenue l'oratoire des seigneurs de Rouelley, bien qu'elle fût située sur le territoire de la commune de Saint-Georges. |
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