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Le Prieuré de Saint-Cyr-du-Bailleul par M. Henri MOULIN. 1882
Des dix prieurés, tant d'hommes que de femmes, que possédait l'ancien comté de Mortain, savoir: les prieurés du Rocher, près Mortain, de Saint-Cyr-du-Bailleul, des Biards, de Saint-Hilairedu-Harcouët, de Virey, d'Ivrandes, de Moutons, de Buais, de la Mancellière et des Loges-Marchis, deux seulement dépendaient de la grande abbaye de Marmoutiers, près de Tours: c'étaient le prieuré du Rocher et le prieuré de Saint-Cyr-du-Bailleul. La fondation du prieuré du Rocher a une date authentique, 1082; mais il n'en est pas de même du prieuré de Saint-Cyr-du-Bailleul dont nous ne possédons pas la charte de fondation.
Cependant, d'après l'historien Pitard, ce prieuré aurait été fondé en 1221, par Henri du Bailleul. En effet, ce seigneur, lequel avait prêté serment en 1203, au roi de France Philippe-Auguste, donna en 1221, aux religieux du Rocher ainsi qu'à l'abbaye de Marmoutiers, un fief que Richard Pilé tenait de lui en la paroisse de Saint-Cyr-du-Bailleul, et que l'on nomma depuis cette époque la Prieuré: fief évalué à seize livres de revenu dans la charte dite de Pierre de Navarre. Or, cet acte est généralement considéré comme l'origine du prieuré de Saint-Cyrdu-Bailleul.
L'existence de ce prieuré est. du reste constatée en 1263, lors de la visite des établissements religieux du Mortainais par l'archevêque de Rouen, Odon Rigaud; mais il n'est pas parlé du prieuré de Saint-Cyr-du-Bailleul dans les précédentes visites de ce prélat. Le registre s'exprime ainsi: « Sur l'invitation donnée par nous au religieux qui » dirigeait le prieuré du Bailleul, de nous solder nos droits de procuration, ce dernier nous a fait remarquer que les bâtiments dudit » prieuré n'étaient pas en état de nous recevoir, et que les revenus ) en étaient très minimes. Sur quoi, faisant droit à la réclamation » du prieur, nous l'avons dispensé de notre visite. »
Or, il est encore facile de distinguer dans l'église de Saint-Cyr-du-Bailleul la partie du vaisseau spécialement affectée aux religieux, et celle qui était réservée à la paroisse proprement dite, comme dans l'ancienne église du prieuré du Rocher, près Mortain. En effet, il existe toujours au midi de ladite église une ancienne porte, condamnée il est vrai, mais qui a conservé le nom de porte aux moines, et l'inter-transept de l'église actuelle, avec ses piliers carrés à tailloirs sans retour, surmontés d'arcades ogivales, élevées évidemment après coup, peut bien dater du XIe siècle, mais avoir été remanié au xm«, c'est-à-dire à l'époque où Henri du Bailleul passe précisément pour avoir fondé le prieuré de Saint-Cyr.
Enfin il existe au midi de l'église de Saint-Cyr-du-Bailleul deux parcelles de terre désignées sur le plan cadastral de la commune sous les numéros 576, 577, section B, et encore connues sous le nom de l'Abbaye, parcelles qui constituaient vraisemblablement le fief du prieuré ou de Richard Pilé, avec un bâtiment ancien, situé au nord de ladite église, et qui devait compléter le fief donné en 1221, par Henri du Bailleul, à l'abbaye de Marmoutiers.
Ce qui confirme ces présomptions, c'est la découverte récente d'anciens tombeaux dans une des parcelles désignées ci-dessus. En effet, ces tombeaux, en calcaire coquillier de Saint-Eny, de forme ronde vers la tête et amincis vers les pieds, présentent bien tous les caractères des tombeaux anciens, tels qu'on les taillait au moyen-âge, notamment à dater du XIIe siècle; et ce. sont vraisemblablement des sépultures d'anciens religieux, sinon de prieurs de Saint-Cyr-du-Bailleul. |
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