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Ger Recensement, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
Le dernier cloutier “La revue du Mortainais” par A. Leneveu instituteur à Ger 1921 | ||||||||||
Les petites industries locales, les petits métiers qui contribuaient à la prospérité de nos campagnes et retenaient les paysans dans leurs villages, disparaissent les uns après les autres. Il n’y a plus de papeteries ni de papetiers dans le Mortainais qui en comptait un grand nombre il y a seulement soixante ans ; Mortain n’a plus qu’une filature sur trois bien achalandées qu’il y eut vers 1880 ; les tisserands même deviennent rares, et Ger a vu disparaître en 1913 une industrie qui fut très florissante dans le pays au commencement du siècle dernier ; la clouterie a eu pour dernier cloutier à Ger Dubois Almire, qui habitait au bourg et est parti s’installer à Beauchéne, dans l’Orne, où il a de nombreux camarades. Il est donc temps de donner une description de ce dernier petit métier qui ne sera bientôt plus qu’un souvenir dans notre arrondissement.
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Il faut donc au total douze coups de marteau pour faire un clou. Ces 12 coups sont donnés par l’ouvrier habile avec une vitesse qui semble extraordinaire et qu’une longue habitude seule permet d’obtenir. Un bon cloutier, c’est-à-dire celui qui sait chauffer son fer toujours à point, sans le brûler, obtient 22 kg de clous avec 25 kg de baguettes de fer. Il est payé à raison de 0 f 60 le kg de clous fabriqués. Il arrive ainsi à gagner de 20 à 24 F par semaine. Il travaille de 6 heures du matin d 10 heures du soir ; il prend une heure de repos à 8 heures, 2 ou 3 heures à midi, et une heure dans la soirée. Son travail est très fatigant. Constamment, même l’hiver, le cloutier sue, parce qu’il est placé près de sa forge et parce qu’il travaille toujours activement : l’activité est nécessaire pour que le fer chauffé soit transformé en clou avant son refroidissement. Le poids du corps repose presque toujours sur la jambe droite, cette jambe fatigue beaucoup plus que l’autre, et très souvent le soir elle est engourdie et presque insensible à force de rester sans mouvement sous le poids du corps travaillant avec les mêmes gestes sans cesse répétés.
Les clous fabriqués à Ger étaient des clous à sabots, à souliers, et non des pointes ; ils étaient à tête ronde, ou carrée, ou polygonale ; la refouleuse-moule donnait toutes les formes que l’on voulait, et Ger fabriquait même le clou bêcheron, le clou gendarme pour les talons, les clous tête de vache, etc. Ne cherchez plus de cloutiers, à Ger ; vous y trouveriez seulement quelques billots-enclumes abandonnés ; deux gisent devant la maison du garde champêtre de la commune qui fut lui-même fabricant de sécateur. | ||||||||||
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