SAINT BRICE DE LANDELLES
  CC 26.08 SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUET
   
  HISTOIRE
         
   
     
 

Article issu du bloc du canton-saint-hilaire du Harcouet

SAINT BRICE DE LANDELLES

 

Si on passe parfois facilement, quasi sans s'en apercevoir, d'une province à l'autre, ce n'est pas le cas ici. Ce petit village, à flanc de coteau, exposé plein sud voit à ses pieds comme la Jérusalem antique une vallée de Josaphat, où coule le ruisseau des Roches-Blanches, lequel marque la frontière avec la Bretagne. En face, le relief remonte en douces collines que domine le dôme du Rocher de Monthault, où par beau temps luit au soleil, tout au dessus des feuillages, la statue de la Bonne Vierge.

 

Saint-Brice-de-Landelles tout comme ses voisines des Loges-Marchis et Saint-Martin-de-Landelles faisait partie autrefois du grand fief du Terregatte (démembré fin XIIe) au point qu'il devait fournir encore jusqu'en 1545, des gens pour le guet sur les remparts de la citadelle de Saint-James. Elle entre dans l'Histoire par une première mention de l'évêque Turgis en 1120 et deux principaux fiefs : le Plessis et le Bois-de-Sélune. Le premier sera aux de Saint-Brice-de-Landelles, de Pont-Bellanger, de Budes. Le second aux d'Ouessay et de Poilley. Plus tard, au XVIe siècle, s'érigèrent, sans doute sur des constructions plus anciennes, les manoirs de Beauchêne (aux de la Bisaye) et de Faubrais (aux de Poret). Tous ces manoirs possédaient des chapelles dont une seule (celle du Plessis) subsiste, la plus célèbre (en ruines en 1752) étant celle de Beauchêne ouverte dimanches et jours de fêtes, où on célébrait sainte Clair, réputée pour les maladies des yeux, celle de Vérolay étant fermée à la Révolution.

 

Comme partout sous l'Ancien Régime, la situation administrative de la paroisse était fort compliquée. Elle dépendait, on l'a vu, pour le militaire de la vicomté de Saint-James, pour le civil et le judiciaire, de l'Élection d'Avranches, et pour le religieux du doyenné de Saint-Hilaire-du-Harcouët, lui-même chapeauté par l'archidiaconé de Mortain. L'église releva très vite, peu après sa fondation, de l'abbaye du Rocher de Mortain dont le prieur fut présentateur de la cure jusqu'à la Révolution.

 

Il prenait le tiers des grosses dîmes, l'autre tiers allant au prieuré des Biards, le reste au curé. On doit aux registres de catholicité tenus par ces derniers, des informations intéressantes sur la vie de cette paroisse faite d'âpres terroirs, coupée de chemins creux qu'empruntaient les faux-saulniers, contrebandiers du sel, car la Bretagne n'est qu'à un jet de pierre.

 

En 1681, le curé Fortin signale la visite d'une grande comète (sans doute celle de Halley) à qui il implique une météo détraquée : sécheresse de Pâques à la Saint-Jean " tout estant roty du soleil ", gel en mai, abondance de blés noirs qu'on battait encore à Noël ! La paroisse fut à l'honneur en 1696 quand Mgr Huet fit venir à Avranches pour la consécration de cent autels portatifs, les reliques célèbres des saintes Prospère et Fortunée. De pieux restes que le curé Jacques Gobard (ici de 1686 à 1719) avait reçus de son collègue et prédécesseur François Fortin, de retour de Rome. Dans cette époque on note encore de grandes épidémies de dysenterie (1669-1676-1707) qui, en quelques jours déciment des hameaux entiers. En 1677, un loup enragé tue Julien Aubry, de même qu'un autre paroissien des Loges-Marchis après s'être attaqué à plusieurs bestiaux. Le curé Charles Fortin qui tint la cure une quarantaine d'années jusqu'en 1762 notait à sa prise de fonction 550 communiants, quatre prêtres pour le seconder dont un vicaire qui assurait déjà l'école. Ce qui correspond avec le nombre de feux recensés en 1745 : 187 répartis en 40 hameaux, et donc autour de 800 habitants, avec peu d'indigents.

 

A la Révolution, le curé Julien Gautier s'exila à Saint-Hélier, son vicaire (depuis 1786) Pierre Le Tellier faisant de même étant même appelé à un grand destin, puisque vicaire de la grande cathédrale de Dublin ! Les intrus Vadaine et Béguin eurent peu de succès, l'église fut dépouillée, une des cloches volée par Virey, la population cachant statues et croix.

 

L'ancien château des chouans 

 

Cet ancien château faisait partie de la ferme de Vérolay appartenant depuis des décennies à la famille Delaporte, héritière des Millet, nom de jeune fille de la grand-mère Delaporte, mère de Louis Delaporte le célèbre orientaliste, mort en déportation en Allemagne, et dont on a d'ailleurs donné le nom à la principale place de la ville de Saint-Hilaire-du-Harcouët. Cet érudit, spécialiste de la civilisation hittite a participé à la Résistance à Paris. Cette ferme avait appartenu au comte de Faubray vers 1870. La famille Beaumont y était entrée comme fermiers en 1923, et les enfants (famille Delin) leur succédèrent jusqu'en novembre 1984, et M. Delin, de qui nous tenons ces informations a donc vécu 61 ans dans ce village. Avant 1923, cette ferme était en faire-valoir, tenue par des "verdagers", les Mongodin. Sur cette photo, il y a quatre personnes dont les parents Delin-Beaumont, qui venaient y faire des travaux ponctuellement avant de s'y installer, et les deux autres sans doute des Mongodin.

 

En 1801, le curé réfractaire Mondhair ouvrit pour deux ans l'église, la transmit à Denis Bouillon natif de Barenton jusqu'à sa mort en 1806, puis reprit la cure jusqu'à son décès en 1834. Dans toute cette période troublée Saint-Brice-de-Landelles avait expatrié bien loin quelques-uns de ses enfants aux destins exceptionnels comme le curé Barbedette ou le tisserand Baron.